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Discussion houleuse entre Rimbaud et un ouvrier

Commentaire de texte : Discussion houleuse entre Rimbaud et un ouvrier. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  6 Février 2019  •  Commentaire de texte  •  2 522 Mots (11 Pages)  •  519 Vues

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Question sur le corpus : Quelles figures du poète se dessinent à travers ces cinq textes ?

Le corpus se compose de cinq texte. Les deux premiers sont des poèmes. Tout d'abord, il y a un extrait de « Fonction et Poète », issu du recueil Les Rayons et les Ombres, de 1840. L'auteur, Victor Hugo, est un écrivain romantique de vers, de théâtre et de roman très renommé, qui est donc apte à définir la condition du poète. Ensuite, nous avons « L'Albatros » de Charles Baudelaire, écrivain dont le style à la croisée des genres se retrouve dans l’œuvre dont est tirée ce texte, des Fleurs du Mal. Notre troisième extrait est épistolaire : c'est la « Lettre à Paul Demeny » de 1871 d'Arthur Rimbaud. Après, nous pouvons lire un extrait de la conférence sur l’Évidence Poétique de Paul Eluard, qu'il a prononcé en 1937. Et enfin, notre dernier extrait est un poème de Louis d'Aragon, "Le discours à la première personne" Les Poètes. Chacun des ces textes définit à sa manière, le rôle des poètes.

Ainsi, nous pourrons nous intéresser aux différentes figures du poète qui se dessinent à travers ces cinq textes.

Nous verrons donc que le poète est un homme qui doit voir ce que personne d'autre ne voit pour faire changer le monde, ce qui l'entraîne parfois à être incompris et différent. Mais il trouve souvent une certaine fierté à être « celui qui voit plus loin ».

Le poète fait ici figure de précurseur, il soulève le voile de l'inconnu pour aider les hommes et les guider dans l'évolution constante et inéluctable du monde. Comme le dit Arthur Rimbaud, « Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant ». Ici, le terme voyant est une métaphore pour s'opposer à l'aveuglement de tout ceux qui ne sont pas poètes, et qui donc, restent dans le noir, n'ayant pas la capacité de s'éclairer de la connaissance. Victor Hugo lui aussi s'accorde à cette idée dans les vers suivants « Il voit, quand les peuples végètent ! », et « Ce que la foule n'entend pas. » La massification des autres conduit à faire ressortir l'éclat du poète et à l'opposer à leur ignorance. Il poursuit : « des ombres que lui jettent / Les choses qui seront un jour ». Ainsi, comme quand il écrit « Dieu le veut » il sous-entends l'idée que cette tâche lui est assigné, car ce n'est pas lui qui cherche « Les choses qui seront un jour » mais elles qui lui lancent des ombres, qui sont le sujet actif de la phrase comme si elles l'avaient choisie. Rimbaud nuance en prouvant qu'il est prêt à tout donner de lui même, à travers des phrases comme « long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. », ou « Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ». Il est donc prêt à expérimenter toutes les formes de dérivation mentales et sensorielles pour trouver l' « Inconnu » qu'il recherche. Plus encore, il estime que le poète doit être prêt à mourir dans sa quête de nouveauté : « Qu'il crève dans son bondissement par les choses inouïes et innommables ». La métaphore du bondissement montre une activité fatigante et difficile. Aragon aussi est prêt à se perdre pour épauler l'humanité : « Gagner pour vous pour moi perdant /Avoir été peut-être utile ». Le chiasme du premier vers indique clairement l'opposition voulue entre le but recherché (le bien du plus grand nombres) et le prix à payer (sa souffrance). Il se voit moins comme un guide que comme un homme parmi d'autres partageant leurs peines « Votre enfer est pourtant le mien », qui voudrait, non pas guider mais soutenir : « J'aurais tant voulu vous aider ».

Ainsi le poète doit donner de lui-même, entièrement, corps et âme, dans le but aider sa communauté.

Cependant la communauté ne le comprends pas toujours, il est donc souvent seul et humilié. Victor Hugo le dit en quelques mots sur deux vers : « qu'on l'insulte » puis, plus loin, « on le raille », appuyé par « Peu leur importent [aux poètes] les sarcasmes et les rires » dans le texte d'Eluard. Aragon le fait cette fois-ci comprendre à travers une gradation dans les deux derniers vers de la première, deuxième, et dernière strophe. « Mais les mots qu'au vent noir je sème / Qui sait si vous les entendez ». Là, les gens à qui il s'adressent ne l'entendent simplement pas, comme s'ils étaient trop loin, où que le vent dispersait sa voix. Mais ensuite « Et vous passez votre chemin / Sans savoir ce que dit ma bouche ». Les interlocuteurs qui étaient absents, sont maintenant présents, mais indifférents. Et enfin : « Vous me mettrez avec en terre / Comme une étoile au fond d'un trou » La comparaison de l'étoile désigne le poète, et les personnes à qui il parle ne sont plus passifs, ils l'enterrent, le tuent. De façon moins extrême mais plus présente, l'Albatros touche la même idée : c'est le thème qui est le plus évoqué par Baudelaire, car tout son poème est une comparaison du poète avec un albatros, qu'il décrit de manière assez péjorative, avec des adjectifs comme « maladroits et honteux, » ou, plus généralement, toute sa troisième strophe, où, sur les deux premiers vers, les termes dégradants, « veule » et « laid » sont mis en exergue par la rime. Il écrit ensuite « Exilé sur le sol au milieu des huées » qui ajoute la solitude à la honte. Il nuance cependant : contrairement aux autres textes, il se sent lui-aussi différent, ce n'est pas qu'un jugement extérieur, mais aussi le sien : « Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. ». L'image qu'il utilise est un fait, un acte, difficile à réfuter, ce qui indique qu'il est d'accord avec ce qui est dit, dans le cas contraire, il aurait certainement suggéré un argument contraire.

Ainsi, être poète est une glorification difficile, de mise à l'écart, et d'isolation, mais on y trouve aussi des côtés positifs.

En effet, le poète se glorifie souvent de sa propre condition. Baudelaire dit « Le Poète est semblable au prince des nuées / Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; ». Se considérant lui-même comme un Prince, il domine la nature (la tempête) et les hommes (l'archer). Paul Eluard, d'une façon moins flagrante, se place tout de même en prédicateur possédant la connaissance. Ainsi, quand il écrit « ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et sans se

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