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Correction du commentaire sur le poème de D’Aubigné"France, mère affligée..."

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Par   •  3 Avril 2022  •  Commentaire de texte  •  1 734 Mots (7 Pages)  •  427 Vues

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Correction du commentaire sur le poème de D’Aubigné

La France du XVIème siècle est fragmentée par les conflits et les huit combats constituants les guerres de religions, opposant catholiques et protestants. Instable, fragilisé, le sol français est dévasté par les coups et le sang laissés par les deux camps. La population connaît alors de nombreux massacres comme ceux de Wassy en 1562 ou encore la célèbre nuit de la Saint Barthélemy en août 1572, où la population fut décimée. Ces horreurs, aujourd’hui si complexes à comprendre, prirent fin en 1598 avec la signature de l’Edit de Nantes, diligenté par Henri IV. Mais ce siècle qui voulait montrer la grandeur de l’Homme, va sombrer dans la violence la plus barbare, dévoilant et exacerbant les âmes les plus noires. La littérature et en particulier la poésie, n’échappe pas à cette folie et les auteurs s’engagent, à l’instar d’Agrippa D’Aubigné, qui cristallise, dans ses Tragiques, les malheurs de ces guerres de religions et l’accablante situation de la France en dressant un parallèle avec une mère et ses deux fils jumeaux. Le poème « France, mère affligée... » souligne non seulement ces misères, qui est également le titre du premier Livre des Tragiques, mais devient aussi un texte très engagé dans la lutte qui oppose catholiques et protestants. Comment l’auteur caractérise-t-il la guerre ? Autrement dit, de quelle manière sa littérature retranscrit-elle les horreurs des guerres de religions ? Il sera judicieux d’étudier l’allégorie de la France, allégorie très biblique, pour ensuite examiner comment le poète fait de son texte une peinture tragique de son époque. Enfin, on soulignera la foi ardente de D’Aubigné.

*        *        *

I – Une allégorie de la France

        a) Des références religieuses

Esaü et Jacob donnent une image saisissante du conflit. Rivalité des frères ennemis. La vérité tragique vient précisément du fait que le poète se sert d’un geste naturel aux enfants pour le détourner de sa tendresse spontanée. La volonté de faire du mal domine : le crime est inexcusable. Non content de priver son frère, l’enfant blesse la mère. Mythe récurrent, le crime est inexcusable

        b) Le corps déchiré

        Le corps maternel est peu à peu déchiqueté. « Seins », « bras », « poitrine »... Ce sont les jumeaux qui symbolisent de part et d’autre le camp catholique et celui des protestants qui infligent cette souffrance à leur mère. L’antithèse « mi-vivante, mi-morte » suggère l’horreur au-delà de toute sensation. Vers 23-24, la vision devient plus précise et plus cruelle : la passion violent se traduit par une lutte au corps à corps.  Tout chez la mère est tendresse : « asile de ses bras », « le lait », alors que tout s’acharne sur elle. Mère nourricière et féconde devient un champs de bataille. + Répétition vigoureuse du mot « douleur » : la mère est au comble de la souffrance immédiatement. Apogée vers 23.  Dans les atrocités qu’elle subit elle retrouve ici paradoxalement toute sa grandeur épique dans son humanité, vraie mère nourricière déchirée.  

        c) Les jumeaux, incarnation des guerres de religion

Présenter la patrie en mère nourricière « lait » n’est pas une nouveauté, mais le peindre en proie à des luttes intestines semble tragiquement neuf. Si les deux frères sont jumeaux, ils se détestent et se livre à une guerre fratricide dans une violence inouïe : violence des coups « se crèvent les yeux », la profusions de sang « ensanglanté », « sang »... et le champ de bataille est la mère ! Les vers 3-6 témoignent d’une extrême violence.

TRANSITION : D’Aubigné peint les méfaits des jumeaux dans leur « décor ». Le tableau est net, vigoureux et vif souligné par la rapidité du rythme. En un mot : une peinture tragique.

II – Une peinture tragique

  1. Une esthétique picturale

Le poète le déclare d’emblée, comme une sorte de proclamation officielle : « Je veux peindre » 🡪 présentation brusque, voire brutale. La présence du poète montre sa volonté de participer à cette lutte qui va suivre. Il insiste sur la dominance de la couleur rouge avec le sang (qui est celle du crime et qui s’oppose au blanc du « lait » symbolisant la paix) mais aussi sur la vigueur des traits « le combat ». Enfin, on remarquera la qualité maniériste de la scène (vers 25-26)+ évocation sobre des luttes intestines de la France.

  1. Une description baroque

La couleur est ici appuyée par l’accumulation des assonances et des allitérations, comme au vers 8. L’allitération en [d] vers 8 souligne la brutalité d’Esaü et la souffrance des catholiques par sa faute. + Vers 32-34. On remarque aussi les figures de style qui frappent le lecteur (hyperboles, métaphores qui sont les outils favoris du baroque) + la couleur du sang  devient une obsession et domine à la fin du passage : par un symbolisme fréquent le rouge est dans Les Tragiques le couleur du mal et du carnage (Saint Barthélemy) et s’oppose au blanc couleur du bien et de l’innocence. Le lait s’est transformé en sang comme la tendresse en violence.

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