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Barbara - Paroles, Jacques Prévert, 1946

Commentaire de texte : Barbara - Paroles, Jacques Prévert, 1946. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Juin 2017  •  Commentaire de texte  •  1 149 Mots (5 Pages)  •  1 858 Vues

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 S6 - LA 3 : Jacques Prevert, “Barbara”, Paroles, 1946

Jacques Prevert est un poete et scenariste du XX influence par le surrealisme, mouvement poetique dans lequel les auteurs cherchent a se liberer de toutes formes d’ectritures afin d’entretenir un certain mystere quant a la comprehension du texte. Rompant rapidement avec Andre Breton qu’il juge trop dogmatique, il devient poete populaire grace a son langage familier et ses jeux de mots qui se retrouvent notamment dans son premier succes, Paroles, publie en 1946. Ce recueil compose de 95 textes non ponctues souligne l’engagement du poete contre toutes formes d’oppressions et de violences, tout en exploitant les themes lyriques traditionnels de l’amour. Dans le poeme intitule, “Rappelle toi Barbara”, Jacques Prevert se refere a la destruction de la ville de Brest entre juin 40 et septembre 44, inspirant au poete une reflexion pessimiste sur l’amour et la vie. Lecture / problématique / plan

Un poeme ecrit comme une chanson

- un choix de liberte de la forme : pas de strophes, des vers libres dans la mesure (n’ont pas de regularite, pas de rimes systematiques) => le poete ne cherche pas une forme fixe mais attache une grande importance au rythme sonore

- les sonorites :

   * beaucoup d’assonances, en particulier le son “a” de Barbara et du refrain.    

   * sont en fin de vers: v.11 a 16, 22a 24, 28 a 30 et en rimes interieures: “Rappelle-toi cela Barbara/ et je ne m’en veux pas si je te tutoie

- Rythme : rythmique forte dans l’hexasyllabe, puis dans les vers de 3 syllabes “Barbara, rappelles toi, n’oublies pas” et dans les alexandrins (vers 44, 48, 49)

- presence d’1 refrain , comme une chanson : 4x “Rappelle toi B” ou sous une forme variee tres proche : “rappelle toi quand meme ce jour la” et “rappelle toi cela B”

La forte presence de Barbara

- l’enonciation la rend tres presente :

   * repetition insistante de son prenom ds 1ere partie : elle domine le poeme

   * JP s’adresse directement a elle en la tutoyant: “tu” “toi”=-> cree complicite et proximite avec elle

- effets de dialogue dans les imperatifs et questions : “rappelle toi, ne m’en veux pas, qu’es tu devenue? + dans les parallelismes (tu souriais/et moi je souriais de meme, “toi que je ne connaissais pas/ toi qui ne me connaissais pas”

- B tjs evoquee en mouvement : verbes “tu marchais” “tu as couru” “tu t’es jetee” => ce qui la rend vivante et tres presente

- Repetition de “et” a plusieurs reprises en tete de vers : souligne la succession des actions ce qui rend leur rencontre vivante

-Discours direct “Barbara” : meme le jeune inconnu qui l’attendait est dote d’une certaine presence par ce cri

L’incarnation du bonheur et de l’amour

- B incarne jeunesse et beaute: adjectifs reviennent en chiasme aux vers 4 et 21: “epanouie, ravie, ruisselante // ruisselante, ravie, epanouie” =>  marque la plenitude

- importance de l’amour: geste des “bras serres”v.22 et 42 + adverbe “amoureusement” qui occupe tout un vers => comme une sorte d’antidote contre la guerre qui a peut etre separe les 2 amants

- CL du bonheur : exprime ce que ressent le poete: “je souriais de  meme” + le tutoimenent comme signe d’amour: “je te tutoie” v24

+ les deux vers construits en parallelisme “je dis tu a tous ceux que j’aime”,”je dis tu a tous ceux qui s’aiment” v.25 et 27 => poete s’implique en prenant parti des amoureux, il celebre et rappelle cette rencontre amoureuse

- Le bonheur observe sur le visage de B “ton visage heureux” s’etend au poete, a la ville, et a la nature toute entiere “la ville heureuse”

Le plan du texte au service de la signification

- effet de surprise et de rupture: poeme clairement separe en 2 parties

   * rupture soulignee par la double exclamation : “ Oh Barbara” v.37 et 45/ “quelle connerie cette guerre” v.38

   *refrain change brutalement : “Oh Barbara”: cri de desespoir

   * irruption d’un mot tres familier “connerie”: choquant et en rupture complete avec ce qui precede puisqu’on avait la repetition de “heureux” x3 v.31-33

- disparition de la 1ere et 2eme perso dans la 2eme partie du poeme: description de Brest, Barbara a completement disparu a partir du v.46

- opposition entre les epoques: opp entre “ce jour la”v.2 et “maintenant” v.3 + connotation positive “ce jour la”, associe a un souvenir passe heureux avant le bombardement

- fin du texte (v.45 a fin) : renvoie au present du poete: verbes au present d’enonciation + CL de la devastation qui suit la guerre, “deuil terrible” “pourrir” “crevent” “disparaissaient”=> impression de desolation eternelle que rien ne viendra consoler

L’emotion du poete

- l’enonciation: poete tres implique : evoque des souvenirs tres precis : dans l’espace: “Brest, rue de Siam” + dans le temps: “ce jour la”.

+ Il se met en scene directement: “je t’ai croise” : “je” intervient a plusieurs reprises => rend le poeme tres lyrique, “je souriais”, “ceux que j’aime”

+ apostrophes et exclamations traduisent son emotion: “oh”: cri d’angoisse et de desespoir v37 et 40

- le recit d’un souvenir : Effet de martellement avec les 2 imperatifs “Rappelle toi” x7 et “n’oublie pas” x2 => repetitions forment une sorte d’appel lyrique, comme si le souvenir heureux pouvait etre le moyen de se premunir contre l’horreur du present de la devastation, comme si l’amour pouvait lutter contre la guerre et la separation des amants

L’inversion des motifs

- poete renverse le cliche en associant la pluie au bonheur :

   * “Pluie sage et heureuse”

   * “Ruisselante” rime avec “souriante” + associe 2x avec “epanouie, ravie”.

- Apres rupture brutale v.37 : motif se retourne pour devenir “ cette pluie de fer/ de feu d’acier de sang”, repris au vers 51, avec valeur d’insistance.

- la douceur precedente de la pluie est transforme en violence:

   * sonorites miment les bruits du bombardement: f d s

   * monosyllabes durs et agressifs (fer feu sang)

   * motif se transforme encore dans la derniere partie pour devenir “pluie de deuil terrible et desolee”

- Brest x5 en echo avec le prenom de Barbara => c’est la 2eme victime de la guerre.

+ Passe de “ville heureuse” a “ mais ce n’est plus pareil et tout est abime” v.38 + rime signifiante “abime”/ “desolee” v.48-49

+ dernier vers sonne de facon terrible sur le mot “rien”: Brest/ dont il ne reste plus rien =>  semble annuler tout l’effort du poeme, tentant de rappeler le passe pour lutter contre le present. Meme le souvenir de Brest a ete efface.

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