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Au bonheur des dames, Emile Zola

Commentaire de texte : Au bonheur des dames, Emile Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2019  •  Commentaire de texte  •  1 546 Mots (7 Pages)  •  1 108 Vues

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emile zola, au bonheur des dames

introduction

[Amorce] Zola, dans Les Rougon-Macquart, suit et illustre les transformations économiques, sociologiques et industrielles de la France à cette période, et prétend faire à la fois œuvre littéraire et scientifique. [Présentation du texte] Dans Au Bonheur des dames, il décrit le passage du commerce traditionnel de détail au commerce de masse qui deviendra la grande distribution. Cette révolution est incarnée par Octave Mouret, l’inventeur du premier grand magasin, qui tente d’obtenir du baron Hartmann une aide financière pour développer son grand magasin, pendant que des dames, dans le salon à côté, se félicitent de leurs achats. [Annonce des axes] Son discours plein de fougue se révèle aussi efficace et habile que ses techniques de vente [I], à en juger par les réactions des personnages à qui il a affaire [II]. Cette scène trahit aussi le regard de Zola sur ses personnages et sur la société [III].

I. Mouret, un commerçant-né qui sait faire sa publicité

Dans un long discours retransmis au style indirect libre, Mouret se lance dans une argumentation brillante qui atteint son but. « On vend ce qu’on veut, lorsqu’on sait vendre ! » (l. 3). Cette phrase résume énergiquement les qualités oratoires et argumentatives de Mouret.

1. Des qualités oratoires pour mieux persuader

C’est sur un ton enflammé que Mouret commence son discours. L’auteur utilise, pour illustrer cette « verve », la métaphore : « phrases chaudes » (l. 5). Toute l’intervention du commerçant est soutenue par un débit et une élocution étourdissants.

Le discours est emporté par un rythme enlevé et varié, créé par des phrases courtes et ramassées, quelquefois nominales, qui alternent avec des phrases amples souvent en asyndètes. Les accumulations, les antithèses (« jamais » et « toujours ») rendent compte de l’abondance de produits. Les cascades de verbes, les gradations en amplification (« ici… plus loin… ailleurs », l. 10 à 11) traduisent la frénésie des clientes.

Mouret sait faire surgir dans l’esprit de son interlocuteur des images : personnifications (les « marchandises […] se pouss[ent] », l. 7 à 8 ; l’ancien commerce « agonisait », l. 15) et métaphores (« faite de la chair et du sang de la femme », l. 25 ; « saccage d’étoffes, la mise au pillage des magasins », l. 45). Il fait voir les conséquences de ce nouveau commerce pour mieux montrer son efficacité. La phrase lyrique, avec l’amplification (« Elle bouleversait le marché, elle transformait Paris », l. 24), souligne la contagion spatiale de ce nouveau commerce.

2. Une stratégie argumentative efficace pour convaincre

Mouret sait persuader mais aussi convaincre.

C’est le discours technique d’un économiste qui connaît parfaitement les réalités économiques et recourt à un vocabulaire précis (« commerce », « marchandises », « chômage », « article », « comptoir », « bas prix », « concurrence »). Mouret raisonne en économiste : il met en relief les causes et les conséquences (« car », l. 25), il procède méthodiquement (il « partait de cette trouvaille », l. 25), il analyse les raisons de l’échec (« agonisait ») du concurrent (« si l’ancien commerce…, c’était qu’il… », l. 14 à 16).

Mouret sait mettre en valeur les atouts du nouveau commerce : il insiste sur les avantages du grand commerce par des hyperboles élogieuses (« trouvaille », « création étonnante »). Il souligne la régularité, donc la sécurité de ce commerce (argument efficace face au baron à qui Mouret demande de l’argent) : « opérations courantes », « régulier », « bon fonctionnement », « grand jour ». Il affirme sa transparence (« sous les yeux même du public », l. 17 ; « au grand jour », l. 23), son honnêteté, donc sa moralité (« aucune tricherie », « pas de coup de fortune »). Il s’appuie aussi sur l’argument financier (« bas prix »). Enfin, il montre les effets positifs sur le monde du travail (« pas de chômage »).

Pour mettre en valeur le nouveau commerce, il utilise la technique du repoussoir : en peignant négativement la concurrence – « l’ancien commerce » –, il insiste sur la modernité de sa « trouvaille ». Le contraste est souligné par l’image de la « révolution » et de la « lutte » (« engagée ») et par l’opposition temporelle appuyée entre « ancien » (l. 13) et « maintenant » (l. 16).

3. Un homme d’affaires passionné et cynique

Le discours en dit long sur le personnage de Mouret.

Il révèle la « passion » du personnage ainsi que les mots « cri » et « aveu brutal » ; l’image religieuse de la « foi » traduit son enthousiasme. Cette passion se mesure aussi aux réactions et à l’effet produit sur le baron « gagné peu à peu par sa foi » (l. 29 à 30).

Cependant Mouret semble n’avoir aucun scrupule moral et fait preuve d’un cynisme inquiétant : il ne tient pas compte de ses clientes, qu’il considère presque comme un produit (« j’ai ») qu’il faut faire « céder » (plus qu’une lutte avec l’ancien commerce, c’est une lutte pour vaincre la femme). Égoïstement, il en tire parti et ne les traite pas comme des êtres humains. Enfin, par moments, affleure son naturel, qui s’exprime dans une langue presque vulgaire : « je me fiche du reste » (l. 26).

[Transition] L’évolution et l’attitude des personnages secondaires de la scène viennent

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