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Au Bonheur des Dames (extrait du chapitre 1) - corrigé

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Par   •  11 Janvier 2020  •  Commentaire de texte  •  1 251 Mots (6 Pages)  •  4 890 Vues

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        En 1883, lorsque paraît le roman d’Émile Zola Au Bonheur des Dames, qui s’insère dans la grande saga en vingt volumes des Rougon-Macquart, l’écrivain est au sommet son art. Il tient enfin l’œuvre de sa vie ; celle qui va lui permettre de dépeindre toute une famille sous le Second Empire. La petite histoire de ces membres s’imbrique dans la grande Histoire de France, qui vit alors à plein régime la Révolution industrielle du XIXe siècle. Zola, chef de file des Naturalistes, peut alors pousser son art de la description détaillée à l’extrême.

L’extrait proposé est issu du chapitre premier de Au Bonheur des Dames et constitue donc l’ouverture du roman. Dès le début, le lecteur est ainsi plongé dans l’atmosphère résolument novatrice de ce qu’il convient désormais d’appeler un « grand magasin ». Nous verrons tout d’abord comment deux univers, l’un agonisant et l’autre miroitant, s’opposent. Enfin, nous analyserons le pouvoir d’attraction, voire de tentation qu’exerce le grand magasin sur Denise Baudu, le personnage principal.

I. Deux univers opposés

1. un monde vieillissant et racorni

        Le narrateur omniscient conduit le lecteur à découvrir dans ce passage deux univers que tout oppose : d’une part la petite boutique vieillissante de l’oncle de Denise Baudu, et d’autre part, le  nouveau grand magasin pour dames qui a récemment ouvert. Zola fait prendre à la petite boutique des caractères anamorphiques. Elle s’incarne en un vieillard mourant : « son odeur de vieux », « son demi-jour […] semblait pleurer l’abandon » lignes 3 et 4 témoignent du fait qu’elle appartient à un ancien monde agonisant. La boutique est personnifiée non seulement d’un point de vue physique, mais aussi mental puisque Denise prend en dégoût ce vieillard racorni aux lignes 35 à 36 : « c’était un dédain irraisonné, une répugnance instinctive pour ce trou glacial de l’ancien commerce. ». « L’accueil aigri » de la ligne 37 en achève le portait anamorphique. Cette boutique devient le symbole du vieux monde qui s’écroule, de la chute d’un Empire autrefois florissant. Pour Denise, elle est l’image même de la mort : « la solitude ensommeillée de cette vieille maison agonisante » , ligne 39.         

        Denise n’a de cesse de vouloir quitter mentalement cet endroit. Sa jeunesse l’appelle ailleurs, « de l’autre côté de la rue ».

2. L’usine à vendre, un miroir de l’ère industrielle

        Cette rue, de part et d’autre de laquelle se trouvent les deux commerces, marque une frontière symbolique et infranchissable, comme en témoignent les adverbes de liaison « mais » ligne 4 et «  alors » ligne 10. Quelque chose se passe : en face, Au Bonheur des Dames, c’est là que se concentre désormais la vie. Zola ancre son lecteur dans son temps puisqu’il choisit de filer la métaphore de l’usine et de l’activité industrielle. Il compare le grand magasin à une « machine, fonctionnant à haute pression » ligne 10-11. Tout est chauff[ant], vibrant[…], trépida[nt] dans ces hordes de femmes qui se pressent au comptoir. Cette métaphore fait évidemment écho à la Révolution industrielle qui transfigure la France et toute l’Europe depuis le milieu du XIXe siècle. Les machines qui libèrent les hommes des travaux pénibles et leur permettent de travailler plus efficacement sont une bénédiction. La métaphore ne s’arrête pas à l’ambiance quasi industrielle du grand magasin ni à la « rigueur mécanique » de ces « engrenages » lignes 28 et 30. Elle touche aussi les clientes, ces femmes qui se retrouvent « enfourn[ées]… puis jetées à la caisse ». Elles sont la matière première de cette usine à vendre qu’est le grand magasin.

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