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Analyse du discours sur la misère, Victor Hugo

Commentaire de texte : Analyse du discours sur la misère, Victor Hugo. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Novembre 2015  •  Commentaire de texte  •  4 757 Mots (20 Pages)  •  11 839 Vues

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UNIVERSITÉ LIBANAISE

FACULTÉ DES LETTRES ET DES SCIENCES

HUMAINES- LE DOYENNÉ

                Analyse du Discours sur la misère de Victor HUGO

Préparée par Hala FAWAZ ,

Etudiante en Master 2 de Lettres Modernes

Parcours linguistique

Présentée à Mme le professeur Liliane KEYROUZ

Année Universitaire 2012-2013

Plan 

  1. Un orateur indigné
  1. Une rhétorique de l’émotion
  1. Les figures de construction
  2. Le vocabulaire de l’affect
  3. L’instance énonciative et la subjectivité
  1. Une syntaxe émotive
  1. Phrases segmentées et modalités phrastiques.
  2. Le rythme et le jeu des parallélismes
  3. L’importance de la négation

  1. Des modalités argumentatives à la persuasion
  1. Une stratégie de matraquage
  1. Phrases complexes
  2. Morphologie actancielle
  3. Une netteté organisationnelle

Né avec le XIXème siècle, Victor Hugo se voit impliqué dans les conflits politiques et sociaux de son époque. De la révolution à la République en passant par le Second Empire, du choléra à l’indigence grandissante de la population française, autant de causes qui engagent le grand homme.Poète, romancier, dramaturge, orateur, homme politique, il prend conscience du rôle crucial qui lui est assigné par ses contemporains et par son statut de « mage » et de « visionnaire » qui emmènerait le peuple vers la lumière. Lumière qui devient plus claire aux environs de 1849, date à laquelle il « épouse » la république. Et à l’instar de son Albatros, il se retrouve « exilé »… Mais « ses ailes de géant » ne l’empêchant pas de marcher, le voilà en marche vers une société idéale. Un idéal qui se manifeste clairement dans son appel à l’abolition de la misère, thème principal de son fameux Discours sur la misèreprononcé à l’Assemblée Nationale le 9 juillet 1849. Ce jour-là, il est applaudi à gauche et hué à droite.

Hugo s’y indigne contre l’apathie des responsables vis-à-vis du prolétariat, entend abolir la misère dont ce dernier est victime et veut « pénétrer » ses auditeurs de « l’importance » de son idée pour les amener à épouser sa cause, donc à vouloir changer une situation devenue intenable.

Ainsi avons-nous réparti notre analyse en deux grandes parties mettant en valeur l’indignation de l’orateur et sa stratégie argumentative dont le matraquage est l’outil principal.

  1. Un orateur indigné

L’indignation est la passion première qui anime ce discours. Victor Hugo, le grand humaniste, qui voyait son peuple dépérir sous les yeux des responsables dont de son époque, décide de prendre les choses en main. Cette passion figurant puissamment dans ce discours, on tâchera d’en analyser les modalités ainsi que l’impact qu’elle a eu sur les destinataires.

  1. Une rhétorique de l’émotion
  1. Les figures de construction

En fin orateur, Victor Hugo accumule les lexies verbales relatives au même sème, celui de la destruction, aux lignes 3 et 4 « diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire », et ce en une métabole servant à montrer à son auditoire le but ultime qu’il recherche et le bon mot qui le désigne «  détruire » la misère. Quête dont il montre la légitimité dès l’exorde de son discours : il n’entend pas « supprimer  la souffrance » mais « la misère », la souffrance répondant à une « loi divine », donc inéluctable. Cet appel à l’ethos ancre le thème principal du discours dans le domaine du légitime et assure à l’orateur un discours réussi.

En effet, le verbe  détruire  est répété trois fois (l.3-4 et 6) et le mot  misère  huit fois dont six aux deux premiers paragraphes. Cette occurrence découle de l’indignation et met en évidence une tonalité affective dont l’anaphore est l’outil premier.

L’anaphore  apparaît à plusieurs reprises : au deuxième paragraphe  sur « voulez-vous savoir…voulez-vous savoir…voulez-vous », « jusqu’où elle …jusqu’où elle », « je ne dis pas… je ne dis pas…je dis… je dis… ». Il s’agit d’un cri, Hugo répète pour insister sur son idée  mais c’est surtout un homme passionné de justice et de valeurs humaines qui parle.Se manifeste donc dans ces exemples l’indignation de l’orateur quiy déploie toute sa verve poétique.

Anaphore aussi dans les lignes 47 à 52 : vous venez …Vous venez…Vous n’avez…Vous n’avez….Vous avez …Vous avez

Puis apparaît une autre figure microstructurale de répétition,  l’anadiplose :

Vous n’avez rien fait (l.51 -52)

Vous n’avez rien fait (l.53)

La première pour clore le bilan des « exploits » des législateurs présents, qui fait état des choses mais se clôt par un choc, la deuxième pour ouvrir le dernier paragraphe. Et Hugo qui veut réveiller la conscience des responsables pour les appeler à l’action apparaît comme un démiurge, un Deus Ex Machina qui intervient dans le déroulement des faits pour en changer le sens. Cette anadiplose se transforme en hypozeuxe au dernier paragraphe : vous n’avez rien fait tant que…,figure qui souligne l’indignation montante du politicien moralisateur qui entend appeler ses auditeurs à embrasser sa cause. Ce paragraphe traduit toute la fougue que ce discours a voulu mettre en œuvre pour impressionner l’auditoire et l’amener à l’acte, au « fait » (l.7), pour reprendre le même mot de l’orateur.

L’hypozeuxe est d’ailleurs suivie d’un par’hyponoian. L’auditeur, choqué par la négation totale « vous n’avez rien fait » est d’autant plus surpris par les conditions que l’orateur accumule après la locution « tant que… »,conditionssine qua nonà toute réussite politique, et dont la première s’avère être la quête suprême du tribun, à savoir l’abolition de la misère.

L’indignation amène le locuteur à parler avec zèle et ardeur qui se traduisent également par la répétition dont le support principal est la lexie nominale « but » (l.42-43) : « ce grand but… ce but magnifique… ce but sublime… ». À noter le choix des évaluatifs axiologiques « grand, magnifique, sublime » montés en crescendo pour épouser le mouvement ascendant du pathos : Le retardement du thème qui accompagne tout cela met en valeur le « but » tant voulu et le montre  comme une illumination qui transperce « la bure » du poète, assombrie par l’indignation.

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