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Albert CAMUS

Commentaire de texte : Albert CAMUS. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Mai 2022  •  Commentaire de texte  •  1 246 Mots (5 Pages)  •  294 Vues

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Albert CAMUS est un célèbre auteur pied noir du XX -ème siècle. Il reçut un prix Nobel en 1957 pour son premier roman l’Etranger. Ce roman, publié en 1942 relate l’histoire de Meursault dont on va suivre le parcours : d’un meurtre à la condamnation à mort. Dans l’incipit du récit on apprend la mort de la mère de Meursault. On se demandera comment Camus met en avant l’aspect absurde de la société au travers de son roman. On commencera par analyser la façon abrupte dont ce roman commence. Puis nous verrons en quoi Meursault est un personnage détaché ; enfin nous observerons comment la dimension d’incohérence de l’univers est traitée.

D’emblée, on remarque que Camus rédige son incipit de façon inhabituelle. Dans un roman, il est d’usage de présenter la situation initiale en premier lieu, c’est-à-dire de faire une présentation des personnages et du cadre. Or, dans l’Etranger, on assiste à un début déconcertant par sa brutalité. L’annonce de la mort de la mère est le premier élément du récit alors qu’on pourrait penser en constituer le nœud. Il s‘agit d’un évènement dramatique, ce qui souligne un début in medias res . Il n’y a ni phrase d’introduction ni contexte lorsque le récit débute avec la fameuse phrase « Aujourd’hui, maman est morte ».            

                  Nous n’avons aucune information sur le personnage, ni de nom ou de date, une absence totale d’indications concernant son milieu social. Cependant on a des informations, à propos de la localisation, étrangement précises, ; le deuxième paragraphe nous informe ainsi que le narrateur se trouve à Alger, qui est « à quatre-vingt kilomètres » de Marengo. S’y ajoutent des repères temporels ; ainsi nous pouvons repérer des mots relatifs à la date tels que « aujourd’hui », « hier » ou encore « après-demain ». Tous ces éléments contribuent à accentuer l’idée que le récit sera porté sur la description factuelle et sans transition. L’auteur entend ainsi se démarquer de la forme habituelle du roman.

En second lieu, ce qui nous interpelle le plus dans cet extrait, mais qui est vrai dans toute l’œuvre, est l’indifférence du personnage surtout vis-à-vis du décès de sa mère. L’absence d’emploi d’euphémismes pour annoncer la mort de sa mère illustre cette caractéristique. La phrase employée « Aujourd’hui, maman est morte » est une phrase simple. Ce style se répète dans tout le texte et appuie l’aspect descriptif du texte. La façon dont Meursault écrit ressemble à celle du télégramme, celui qui lui annonce le décès. Cette écriture administrative nous laisse penser que Meursault se focalise sur l’aspect officiel et bureaucratique de l’évènement sans exprimer aucun sentiment. Il se soucie plu de la date exacte que du décès lui-même.  On peut percevoir une dimension de déni dans le texte. Le personnage déclare que « pour le moment, c'est un peu comme si maman n'était pas morte ». Cette phrase s’accompagne d’une autre formulation quelques lignes plus tard : « ce sera une affaire classée ». Ces deux phrases contribuent à mettre en relief le fait que Meursault reste encore une fois indifférent à la mort de sa mère puisqu’il refuse d’intégrer le fait et souhaite passer à autre chose rapidement pour que sa vie continue comme si rien n’était arrivé. Ce décès n’a encore qu’une valeur administrative car pour l’instant cela ne représente qu’« une excuse » pour lui afin de justifier son absence au bureau.

D’autre part, nous pouvons constater que cet extrait révèle un véritable paradoxe qui annonce tout le roman. Ce texte est écrit du point de vue interne et grâce aux expressions « aujourd’hui » ou « hier » on peut affirmer qu’il s’agit d’un journal intime puisque quotidien. Néanmoins, nous ne partageons aucune intimité avec Meursault ; aucun sentiment n’est exprimé. Cette contradiction peut presque nous faire penser qu’il s’agirait d’un point de vue externe s’il n’y avait pas l‘usage de la première personne du singulier. On peut rattacher cette mise à distance et ce manque d’intimité avec le personnage au titre du roman : L’étranger.  Au surplus, nous pouvons insister sur le fait que Meursault n’est focalisé que sur les contraintes professionnelles et concrètes. Il semble plus inquiet de manquer un jour de travail que de perdre sa mère. Le passage lié à son travail occupe plus de 11 lignes soit plus de la moitié de l’extrait. Le reste n’est constitué que d’indications très factuelles. Aucun sentiment à l’égard de son deuil n’est développé.

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