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Phèdre- plus proche de l'amitié ou de la haine?

Dissertation : Phèdre- plus proche de l'amitié ou de la haine?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Janvier 2020  •  Dissertation  •  2 383 Mots (10 Pages)  •  1 128 Vues

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Marie Ricou 1e G7

Dissertation sur Phèdre de Jean Racine

L’amour passionnel est un thème récurent dans la littérature et au théâtre. Interdit par les règles et les conventions sociales ou compromis par l’absence de réciprocité, il est voué à sa propre destruction et condamne souvent celui qui aime à la douleur, à la destruction et à la mort. La passion amoureuse et l'amitié forte sont donc liées à l’univers tragique dans lequel le héros est confronté à des forces supérieures, dans un combat inégal entre les mortels et les dieux. L’issue de ce combat ne peut être que fatale. C’est particulièrement le cas dans le théâtre racinien qui accorde une place centrale à la passion amoureuse ; Phèdre étant une de ses héroïnes tragiques les plus célèbres. Nous nous demanderons donc si cette optique de la tragédie s’applique à l’image d’une maxime de La Rochefoucauld « Si l’on juge de l’amour par la plupart de ses effets, il ressemble plus à la haine qu’à l’amitié » écrite en son temps. Nous nous attacherons pour cela, premièrement, à analyser les effets de l’amour passionnel marquant dans cette œuvre. Puis, à découvrir le lien entre haine et amitié, tout d’abord dans les relations familiales puis amoureuses entre ces personnages issus de l’antiquité grecque.

        Il apparaît, dans un premier temps, qu’effectivement, dans Phèdre, l’amour passionnel s’apparente à une obsession dévastatrice qui marque physiologiquement et physiquement les personnages, engendrant des manifestations au théâtre.

        Tout d’abord, la fureur de l’amour et de ce mystérieux mal de Phèdre pour Hippolyte la ronge intérieurement. En effet, l’héroïne éponyme étant tombée amoureuse d’Hippolyte, le fils de son époux Thésée. Elle tente d’étouffer cet amour contre nature par tous les moyens. Cependant, ce projet est vain puisque Vénus en a décidé autrement. Ce personnage épris de violents sentiments n’a de cesse le ressenti d’être affligée. "Un trouble s'éleva dans mon âme éperdue". Elle se nourrit inlassablement d'un conflit intérieur qui porte atteinte à sa santé "D'un incurable amour remèdes impuissants". Partagée, des contradictions apparaissent dans les pensées de Phèdre. Tenue par une aspiration double entre se libérer de cet amour incestueux ou revoir celui qui le lui inspire, elle perd la raison. Cette double aspiration est clairement visible lors de l'aveu de son amour à sa nourrice OEnone : "J'excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l'ennemi dont j'étais idolâtre". De plus, Phèdre atteint le paroxysme de sa passion criminelle de par sa jalousie paranoïaque où la mort ne peut être que l'aboutissement de cet amour.  En effet, cette passion lui est fatalement destructrice car elle la conduira jusqu'au suicide.

        Ainsi, esprit et corps sont concernés. C’est pour cela que ce sont aussi à des démonstrations physiques auxquelles Racine nous fait assister. Phèdre témoigne de sa douleur devenue physique dans la scène 3 de l’acte premier « N’allons point plus avant. Demeurons, chère OEnone. Je ne me soutiens plus, ma force m’abandonne. Mes yeux sont éblouis du jour que je revois, et mes genoux tremblants se dérobent sous moi. Hélas ! ».  Dès sa première apparition Phèdre apparaît dévastée et parvient à peine à tenir debout.

        En effet, cette passion nuisible ainsi que les effets de l'amour se manifestent à multiple reprise dans cette tragédie de Racine. La confusion à laquelle Phèdre fait face est un des signes intérieurs de la passion et monter leurs conséquences sur un personnage est un des moyens dont dispose le théâtre pour donner à voir à la passion tragique. Racine a pris la décision dans son œuvre Phèdre de donner un faible nombre de didascalie laissant au metteur en scène le libre choix de son interprétation. Ce qui a permis au metteur en scène Patrice Chéreau de réaliser en 2003 une pièce modernisée s'apparentant à la violence du théâtre antique et romain. S'éloignant des règles du théâtre classique de la bienséance, les corps des comédiens ont pu être utilisés comme vecteur d'expression puissant au même titre que la parole, l'œuvre en est davantage plus vivante. Ainsi, on assiste à la mort des deux protagonistes. A l'expiration de Phèdre sur scène et à la l'apparition du corps d'Hippolyte sanglant et mourant. Dans cette scène de dénouement le tragique est à son point culminant, grâce à l'effet crescendo donné par le récit durant la scène précédente de cette mort par Théramène. On atteint le pathétique absolu et le spectacle visuel donné ainsi met un point d'honneur par la violence dévoilée sur l'aspect tragique, multipliant les effets chez le public.

        Il s'avère donc que l'amour dans cette pièce se manifeste à tous les plans, psychique et physique. Laissant les metteurs en scène faire voir au public la descente aux enfers des personnages. Emportés par la passion fatalement tragique de leurs relations.

        Ainsi, le mot passion du verbe latin patior qui désigne la souffrance et la soumission est le ressort essentiel de la tragédie. Cette passion faisant référence à une tendance affective se caractérisant par une forte intensité et par un intérêt exclusif porté à un seul objet. Cet intérêt impérieux entraine à sa suite la perte du sens moral et de l'esprit critique et peut ainsi provoquer une rupture de l'équilibre psychique. Par conséquent, passion et tragédie sont liés, amitié et haine le sont tout autant dans cette œuvre. Tout d'abord, lorsque l'on évoque les relations familiales qu'entretiennent les personnages entre eux.

        En effet, l'amitié qui existe entre OEnone et Phèdre, cette relation maternelle qu'OEnone offre à la reine malgré son titre de gouvernante la détruit. Il s'avère que cette passion lui inflige le désespoir et la souffrance intérieure qui la ronge incessamment. La nourrice est devenue la complice de Phèdre et joue un rôle fondamental dans les scènes d'expositions où elle va, par un jeu verbal subtile, pousser Phèdre à révéler la cause de son tourment "OEnone : Hippolyte ! Grands Dieux. Phèdre : C'est toi qui l'as nommé !" et ainsi le faire découvrir au public. Malgré son dévouement extrême à la reine, qui cependant est fortement commandable, la nourrice se voit être maudite par celle à qui elle a dédié sa vie "Va-t'en, monstre exécrable". Suite à cela, OEnone se suicide, ne pouvant supporter l'idée de ne pas avoir réussi à sauver Phèdre du déshonneur.

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