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Jaccottet explication

Synthèse : Jaccottet explication. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  16 Novembre 2019  •  Synthèse  •  4 194 Mots (17 Pages)  •  848 Vues

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L’extrait étudié est un passage de l’œuvre A travers un verger publié en 1975 de Philippe Jaccottet. Si l’on connait Jaccottet pour sa poésie où il s’attache à restituer une parole la plus juste, il a aussi écrit des textes en prose et A travers un verger en fait partie.

Par la rencontre décisive avec le poète Gustave Roud, il découvre Rimbaud, Mallarmé, dont les œuvres l’invitent à considérer les limites de la parole poétiques fac à la mort. Il se consacre à l’écriture, que cela soit la poésie, la traduction ou encore des écrits critiques. Dans son texte L’Obscurité, il questionne l’utilité de la poésie, et suite à de nombreux deuils, le poète se trouve confronté à une crise du langage, mais qu’il surmonte au fil des années en recherchant une voie de l’apaisement qui l’amène à La  Lumière d’hiver, recueil de 14 poèmes en vers libres : patiente quête de réconciliation. Pour mieux se retrouver après ces deuils, il doit opérer un double mvt : s’ouvrir au monde et se recentrer sur lui-même à travers la parole poétique. Pour lui la poésie nait de la présence et vise la présence : elle a pour origine une attention au monde. Michael Edwards dit de lui « Jaccottet fait de sa page une terre en remuant jour après jouer le sol du monde, du moi et des mots ». Aussi :on peut évoquer son union à la peintre Anne-Marie Haelser : on observe dans l’œuvre de Jaccottet et plus particulièrement dans A travers un verger qu’il y a presqu’une dimension picturale dans son écriture et que l’on verra plus précisément dans l’analyse. Donc le fait d’avoir vécu avec une peintre peut avoir jouer un rôle dans l’écriture de Jaccottet. Il s’établit à Grignan où il évoque dans ses écrits les paysages qui s’offrent à lui, souvent baignés dans une lumière qui inspire. C’est notamment dans ce contexte qu’il mêle dans ses écrits en prose, les descriptions et une forme de méditation poétique que l’on retrouve dans A travers un verger. Dans « Chants d’en bas » en 1974, il dit « j’aurais voulu parler sans images » : nous verrons qu’à travers un verger ne suit pas ce souhait.

A travers un verger est donc un long texte en prose, empreint de poésie, formé en deux parties : la première partie : davantage centrée sur le verger, et la deuxième : le prolongement de la métaphore du verger à la réflexion sur le langage et les mots. Dans ce passage, la prose cède à la poésie, une langue plus rythmée, et mieux averti au chant qu’elle porte. L’extrait en est l’ouverture : le poète raconte sa traversée d’un verger, et nous donne à voir les détails que la nature nous offre et que nous ne prenons pas le temps d’admirer. Parfois, il arrête sa promenade et interroge la capacité du langage à dire le monde et faire part de nos émotions.

Les paysages provençaux sont un point commun que l’on peut noter avec le peintre Van Gogh, qui allait trouver son inspiration en Provence et dans sa lumière. Le document complémentaire est un tableau de ce peintre, Amandier en fleur peint en 1890.

LECTURE TEXTE

🡪Comment Jaccottet nous fait-il entrer, durant une promenade dans un verger, dans une méditation poétique à travers l’ekphrasis des amandiers ?

Le mouvement du texte : trois moments : 

  • Préambule : contextualisation : invitation à profiter des amandiers, du moment présent. L1 à 5
  • Réflexion et ekphrasis de la nature, du verger et des amandiers l6 à 30 ou 26
  • L26/31 à 35 : Retour sur la fugacité, réflexion, dépassement, dimension philosophique

I/ Ce premier moment peut être considéré comme un préambule du texte qui va suivre : invitation à profiter du moment

Cet extrait constitue donc l’ouverture de cet écrit en prose. Le premier paragraphe n’est presque constitué que d’une seule phrase, ponctuée en grande partie de virgules. C’est par la première personne que le poète décide de s’exprimer 🡪pronom personnel « je ». Il commence par une contextualisation, spatio-temporelle plus ou moins précise qui permet d’emmener dès les premiers mots le lecteur à ses côtés. En ouvrant sur la conjonction de sub  « chaque fois que », il marque là une récurrence : ce n’est pas la première fois qu’il passe par là. L’emploi du « passé composé » inscrit l’action dans un passé fini, accompli : le poète regarde en arrière, vers un souvenir.  La contextualisation commence par une précision temporelle : « en cette fin d’hiver », mis entre virgule pour insister et mettre en valeur cette fin de saison. Elle se poursuit ensuite sur une précision spatiale : « devant le verger d’amandiers de la colline » : précision avec l’expansion du nom. On rentre dans la réflexion du poète : « je me suis dit qu’il fallait en retenir la leçon » : avec le pronom réfléchi, ici, c’est comme si le poète nous invitait dans ses pensées. Dans la formule « il fallait » : la valeur d’obligation qu’il impose pour lui-même peut aussi être à destination du lecteur : il ne fait pas seulement que se parler à lui-même, il invite indirectement le lecteur à adopter la même attitude. La proposition subordonnée complétive « qu’ils auraient tôt fait de se taire comme chaque année »permet de reporter l’attention sur les amandiers évoqués par l’anaphore pronominale « ils », et l’emploi du conditionnel passé pour exprimer le futur du passé : témoigne une supposition d’une réalisation future, il envisage la réitération de ce phénomène. Le complé circ « chaque année » vient se poser en // de la conj de sub« chaque fois que » qui commence le début de l’extrait. Cela indique que ce processus se répète. La première partie de la phrase est marquée par une brève pause grâce au point-virgule. C’est alors que le lecteur se trouve à un tournant, à un changement qui vient de s’opérer : le regard du poète s’est porté ailleurs. La distraction a fait instantanément sortir le poète de sa « tâche », qui était de profiter des amandiers, mais encore plus précisément, de profiter de la beauté de qui l’entoure et donc de s’imprégner de tout avant que cela ne disparaisse. Alors ce n’est plus qu’ « un souvenir déjà trop vague, presque effacé, incontrôlable » : l’énumération sous la forme ternaire appuie l’idée de la fugacité des choses, et démontre que les choses qui nous sont données à voir, ainsi que le souvenir sont éphémères. Avec la locution restrictive « que »  « je ne peux plus me fier qu’au souvenir » : le poète montre que le souvenir est la seule chose qui reste, et que c’est une pâle image de la réalité. Le premier paragraphe se finit donc sur la seule autre phrase : « Néanmoins, je ne me déroberai pas » : l’utilisation de l’adverbe « néanmoins » marque la tournure rhétorique de la phrase, ainsi que la détermination du poète à remplir sa tâche avec l’emploi du verbe « dérober » par la négation et l’emploi du futur qui vient renforcer sa volonté. C’est une affirmation.  

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