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Analyse de cas : « Marcel et le choix de Sophie »

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Par   •  10 Décembre 2022  •  Résumé  •  3 426 Mots (14 Pages)  •  247 Vues

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Analyse de cas : « Marcel et le choix de Sophie »

 

Marcel, fonctionnaire de carrière, tient, une fois de plus, tête à Sophie, la directrice du service. Excédée, par  l’attitude  et  les  agissements  du  plus  vieux  fonctionnaire  du  ministère,  Sophie ne  sait  plus  trop  ce  qu’elle doit faire. Pendant des années, elle a toléré l’attitude de Marcel, mais là elle se dit qu’il est grandement temps qu’elle agisse :  

« Bon bien là, c’est aujourd’hui que ça passe où que ça casse. Ça n’a tout simplement plus aucun sens. Je perds littéralement mon temps avec lui. Ne le sait-il pas que, même dans un ministère, le temps c’est de l’argent? Nous avons l’obligation d’être efficaces. Les citoyens sont nos clients et ils ont le droit et même le devoir d’être exigeants. Si les techniques de gestion telles la qualité totale et la valeur ajoutée aux yeux du client sont pertinentes pour l’entreprise, elles doivent l’être également  pour  la  gestion  d’un  ministère.  Où est-il  écrit  que  la  saine  gestion  est  une  affaire  d’entreprise?  Nous ne vivons pas en vase clos et nous devons apprendre à composer avec les réalités d’aujourd’hui. Si le monde contemporain est plus exigeant et plus compétitif, alors c’est à nous de nous adapter, pas l’inverse. Ceux et celles qui ne sont pas d’accord avec cela n’ont qu’à plier bagage. Le monde d’aujourd’hui ne peut plus être celui d’hier et les nostalgiques du bon vieux temps n’ont qu’à prendre leur retraite. C’est aussi simple que cela. Ce n’est tout de même pas bien sorcier ce que je lui demande et il devrait même être heureux que je lui aie fait confiance en lui déléguant la formation des deux petits nouveaux sur lesquels nous fondons tous tant d’espoir. Mais voilà, Monsieur est trop débordé avec ses chiffriers pour s’en occuper convenablement. Il a toujours trop de travail important à faire pour les former adéquatement. C’est qu’il a ses petites urgences et, surtout, ses gros états d’âme, le Monsieur. Pourtant, lorsqu’il s’agit de placoter à  qui  mieux  mieux,  de  comploter  en  catimini  et  de  semer  à  tout  vent  ses  sarcasmes,  là  Monsieur a du temps et il en a à revendre en plus. Il faudra bien qu’un jour ou l’autre quelqu’un le rappelle à l’ordre et là, le jour est enfin arrivé. Dans quel monde vit-il, celui-là? S’il ne peut pas livrer les simples mandats que je lui confie, il n’a qu’à faire ce que j’ai fait, déléguer ses autres tâches. C’est même pour ça que je lui ai confié l’avenir de notre service. C’est qu’il n’est plus tout jeune notre Marcel et il faudra bien qu’il nous quitte un de ces jours. Mais en comptant les jours qui nous séparent de cette délivrance, il est là et il commence  à  sérieusement  me  pomper  l’air  avec  ses  angoisses,  ses  petites  manies,  son  attitude  générale et ses reproches. S’il attend que je m’en mêle, avant de comprendre ce que j’attends de lui, de changer en conséquence son attitude et d’enfin opérer au quart de tour, je vais le faire et il ne va pas me trouver drôle,  loin  de là.  Je vais lui  en  donner,  moi,  de  vraies  raisons  de  sérieusement  regretter  le  bon  vieux  temps  de  sa  jeunesse  toute  boutonneuse.  Est-ce que j’ai le  temps,  moi,  d’être  nostalgique?  Non sûrement pas et s’il ne se met pas à être productif, il va finir par me trouver sur son chemin. Elle a beau être bien gentille la madame, là il dépasse mes limites. »  

 

Du projet de société à l’éthique au quotidien  

 

Responsable de la gestion budgétaire du ministère, Marcel, sans se douter de ce qui l’attend, contemple dans un calme presque hypnotique ses chiffriers électroniques et, tout en produisant machinalement ses tableaux, ne sait plus si tout cela vaut encore le coup.  

« Tu donnes ta vie et ton âme au service de l’État et ça ne compte pas, vraiment pas. Bien sûr, les moqueries à l’égard des fonctionnaires sont légion. Je les accepte, car ça fait partie du métier et, d’une certaine façon, ça témoigne de l’importance de notre travail. C’est injuste, mais c’est comme ça et on n’y peut rien. Mais je n’arrive tout simplement plus à me résoudre à  accepter  l’indifférence  des  collègues  et  surtout  l’ingratitude  des  nouveaux  gestionnaires.  Nous  ne  sommes tout de même pas une entreprise à ce que je sache, nous sommes au service de l’État. D’où peut bien leur venir, à ces jeunots qui ne savent que jargonner leur litanie de modes administratives à quatre sous, l’idée de nous transformer en entreprise et d’ainsi propulser le citoyen d’hier au rang de consommateur  de  service d’aujourd’hui?  Si  nous  les  écoutons,  ça  n’aura  plus  de  fin.  Hier,  c’était  la  qualité  de  service, aujourd’hui, c’est la réingénierie de nos processus et demain, nous aurons droit à l’implantation de ces formidables systèmes intégrés de gestion qui, entre autres avantages, feront l’économie de notre travail ou alors nous dicteront ce qu’il y a à faire. » 

 

Marcel est fonctionnaire de carrière. Toute sa vie, il l’a consacrée au service public. Au-delà des moqueries populaires, il avait ce sentiment vivace de contribuer à quelque chose de grand, de noble et d’important.  « Lorsque j’ai pris du service, tout était à faire, tout était à construire. Au début, ce n’était certes pas bien payant, mais c’était captivant. La fonction publique permettait alors d’entrer dans la modernité et j’étais partie prenante de ce mouvement historique. Ce n’est pas rien. À cette époque, nous savions faire la différence entre l’État et l’entreprise. La rigueur administrative, l’obligation permanente de rendre compte, le souci du détail, la justesse de l’analyse, la recherche de la perfection, le regard à long terme, tout  cela  et  tant  d’autres  choses  encore,  nous  démarquait  pleinement  de  l’activisme  à  courte  vue  des  milieux d’affaires. Peu à peu, tel un cheval de Troie, ces derniers s’immiscent dans les affaires de l’État. Aujourd’hui, tout est confus. Les entreprises veulent gouverner et les gouvernements veulent gérer. Ça n’a plus aucun sens. Et que l’on ne me dise surtout pas que je suis vieux et nostalgique, car ça n’a rien à voir  avec  l’âge.  Il  suffit  d’utiliser  son  jugement  pour  s’en  convaincre  et,  ça,  ce  n’est  pas  l’apanage  des  vieux, quoique parfois je finis par en douter. » 

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