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Le feu de Saint Antoine de Nicolas Pegon

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Par   •  20 Avril 2024  •  Analyse sectorielle  •  2 310 Mots (10 Pages)  •  19 Vues

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Le feu de Saint Antoine de Nicolas Pegon

La bande dessiné Le feu de Saint Antoine est une bande dessinée de la collection n°2 de chez Réalistes publié en 2022. Cette bande dessinée se déroule à l’aube du XVIe siècle avec un moine prit de doutes, qui attend désespérément un signe divin. Elle débute par une page de prévention voir Erreur ! Source du renvoi introuvable. qui explique ce qu’est l’ergot (connu sous le nom : le feu de Saint Antoine au Moyen-âge), c’est un champignon de céréales de seigle qui fut notamment responsable de la maladie de l’ergotisme au Moyen-Âge. Cette maladie provoque des nausées, des convulsions, des maux de tête et des hallucinations similaires à celle du LSD. La maladie de l’ergotisme était pour l’époque vue comme une punition divine que seule, la foi, la vrai aurait pu lever. Cette dernière prit le nom de « feu de Saint Antoine » car beaucoup de ses victimes auraient vu leur état s’améliorer lors du pèlerinage pour prier les reliques de Saint Antoine, lui-même connu pour sa force spirituelle face aux tourments du diable.

Nicolas Pegon né en 1984 est originaire d’Alsace, il s’est intéressé plus jeune au phénomène de l’ergotisme, souhaitant casser les codes habituels de ces planches, il parvient à créer une bande dessinée petit format mêlant Moyen-Âge et monde contemporain, délire psychédélique et religion. Ici, l’univers du trip permet de jouer avec les différents imaginaires et déconstruire tous les codes. L’auteur nous emmène dans son délire psychédélique, au point de nous faire douter sur notre propre sobriété. On peut alors étudier dans cette œuvre comment les techniques de la bande dessinée sont mis en abîme dans le récit pour inclure le lecteur dans le trip.

Bande dessinée au petit format, elle comporte au maximum 3 strips par planche. Les premières pages de l’œuvre montrent un moine dans un espace moyenâgeux. Les planches sont relativement simples, elles expriment d’un regard extérieur, les moments marqueurs d’une journée type d’un moine, dont le principe est qu’elles soient répétées de manière identique tous les jours. Elles sont continuelles par la présence du personnage principale et montre des ellipses temporelles. On imagine que ces moments se suivent mais le lecteur ne voit pas le temps entre ces moments voir Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Elles prennent la forme de synthèse des journées type du moine. Elles ne comportent aucun texte, le dessin seul fait récit. L’utilisation de ces premières planches est conventionnelle par sa disposition régulière et ces dernières se suivent successivement. En effet, le changement de disposition des cases dans une même planche ne changera en aucun cas l’histoire, les strips sont purement esthétiques et font entrer le lecteur dans un horizon d’attente d’une bande dessinée régulière. Cependant, ces planches marquent l’importance prépondérante de l’image sur le texte. Elles semblent marquées d’une narration par l’image séquentielle.

La toute première planche de la BD semble la plus importante voir Erreur ! Source du renvoi introuvable. puisqu’elle est du côté fort et comporte une case prenant l’entièreté de la page. Cette planche est celle qui va marquer l’intrigue de la bande dessinée puisqu’on y voit le pain de seigle en gros plan découpé et prêt à être ingéré. Cette dernière apporte l’intrigue de la BD. A sa suite, on retrouve une première dizaine de planches sur fond blanc qui appuie les moments de vie du moine avant ses hallucinations. Le fond est marqueur d’une séparation narrative, entre d’un coté un fond blanc jusque-là classique et normatif de la vie d’un personnage, et un fond noir qui prendra place pour l’abstraction.

Ce sont les hallucinations qui vont bouleversées le personnage et la lecture de la bande dessinée. Toutes les planches représentants le trip des personnages sont donc sur fond noir. Le fond noir montre ainsi que les personnages sont dans un vide, dans un autre monde, lévitant presque dans l’inconnu. Ce choix d’arrière-plan donne une impression au lecteur de changement de monde, imposant un état de « défonce » permanant auquel le lecteur lui-même est soumis. Le changement d’état se fait sur 4 planches codifiées de 3 strips chacune de dimensions égales qui enfoncent le moine dans son voyage mental. Ainsi ces 12 cases font entrées progressivement le fond noir et le passage aux couleurs fluos ; dans un premier temps concernant une flamme rose fluo en son centre voir Erreur ! Source du renvoi introuvable., grandissant puis se propageant sur le fond enfin voir Erreur ! Source du renvoi introuvable., cette couleur se confond à l’intérieur du personnage voir Erreur ! Source du renvoi introuvable., le rendant lui-même de cette couleur, couleur psychédélique, représentatif de son état.  Cette série de cases fait ralentir la lecture quant au passage du personnage dans un autre état. En effet, le lecteur imagine que ce changement est rapide dans le récit mais la disposition séparée par le blanc et détaillée de chaque étape quand bien même celle-ci est rapide, ajoute une dimension grave et anxiogène à l’action. Il inclut le lecteur lors de ce passage d’un monde à l’autre. La dernière planche structurée marque la fin de la structure dit « classique » présentée jusqu’à lors et donc de l’état de sobriété du personnage. Le voyage mental est représenté par la disposition artistique et inattendu de la bande dessinée qui pousse le lecteur hors de son horizon d’attente. Ainsi, les planches de la suite du trip vont appuyer l’état anormal du moine par sa disposition, elles vont devenir de plus en plus éclatées voir presque vont disparaitre pour prendre la fonction productive et donc appuyées le thème de l’œuvre.  

Premièrement, dans cette planche le lecteur voit une bulle qui est seule dans une case entière, l’écriture est gothique expliquant la provenance temporelle du personnage, elle est devenue rose, elle aussi, son placement dans une case entière dans le premier strip résume l’entièreté de l’incompréhension du moine sur l’ensemble de la planche. Cette incompréhension se poursuit par la mise en lumière du lecteur observant à travers le regard du personnage. Il voit ses mains devenues roses, les cases ne séparent plus les moments, cette fois, elles représentent un dessin entier fragmenté en cases qui n’est lisible que par l’ensemble de la lecture de la planche. La planche devient productive du récit, elle est fragmentée pour ralentir la lecture et ainsi montrer l’incompréhension du personnage face à ce nouvel état en rendant confus le lecteur lui-même, soumit au ralentissement de la BD, voir Erreur ! Source du renvoi introuvable..

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