Analyse d'oeuvre Irren Anstalt Band Hain - Adolf Wölfli

Texte pour doc sur Adolf Wölfli

Analyse : Grille de Laurent Gervereau

Irren Anstalt Band Hain

Description technique

- nom de l'émetteur/émettrice ou des émetteurs/émettrices

Le dessin présenté a été réalisé par Adolf Wölfli

- mode d'identification de l'émetteur/émettrice

L’œuvre globale de l’auteur est caractérisée par le chaos qu’elle représente, l’horreur du vide.

- date de production

1910

- type de support et technique : le rapport à la technique, aux matériaux, aux supports permet de questionner : la nature du geste artistique / le degré de maîtrise associée à un geste, une technique, un matériau, un support / le degré de liberté ou de contrainte autorisé ou revendiqué

Crayon de couleur sur papier, matériel que l’artiste ne choisi pas, mais auquel il a accès. Support et matériel utilisé est représentatif de la contrainte dans laquelle vit l’artiste. Pas de technique à proprement dit, l’artiste dessine ce qui lui vient à l’esprit au moment présent, construisant l’œuvre sans en connaitre la finalité.

- format

99,7 x 72 cm, plié en 4 pour rentrer et être rangé dans un livre.

- localisation (pour une œuvre visible dans une collection d'art, publique ou privée)

Collection de l’Art Brut, Lausanne, mis à disposition dans le musée.

Description stylistique

- nombre de couleurs et estimation des surfaces et de la prédominance les effets que la couleur apporte dans un travail graphique/visuel : effets de texture, effets de volume et de formes, le cercle devient sphère par le dégradé de couleur, effets de perspective, le lointain est signifié dans une perspective aérienne par les tons bleutés (effets de lumière, contre-jour, clair-obscur). Le choix de la couleur exprime donc aussi une perception du monde. Dans l’histoire de l’art, couleur et trait ne cesse de diviser les peintres (les peintres de la ligne vs les peintres de la couleur). Le dilemme est récurrent pour savoir qui doit l’emporter : la couleur prime tout, elle peut déborder du trait si elle doit le faire ou le trait doit contenir la couleur car il ordonne le tableau.

- volume(s) et intentionnalité du/des volume(s) : le trait et la ligne permettent de définir :la composition d’un tableau, d’une image / le fond et la forme / le contour d’une forme représentée / le mouvement général de l’image / la circulation du regard du spectateur / la priorité accordée aux courbes ou aux droites / la texture / la lumière (ombres, dégradés…). Le trait est une traduction du style et de la personnalité de l’artiste : précis vs vague / assuré vs hésitant / présent vs discret

- organisation iconique (quelles sont les lignes directrices ?). Tout dessin figuratif ou abstrait à partir d’un trait (ouvert ou fermé) renvoie in fine à une forme possible dotée d’un pouvoir d’expression selon un triple rapport : avec le fond, avec les autres formes, avec sa figure géométrique de référence. Le choix des formes et de leurs figures géométriques de référence relève donc de la volonté et du style expressif de l’artiste

- cercle = douceur, tendresse, souplesse, mobilité...

- carré = stabilité, immobilité, solidité, hiératisme...

- triangle = agressivité, dynamisme, mouvement...

- polygone = rebondissement, saccades, hésitation...

Ce dessin est construit à partir d’une forme centrale de losange, représentant un bâtiment : un asile. Chaque trait présent dans ce losange est fermé, créant une forme carrée ou rectangulaire. Le choix de ces formes traduit de l’autorité et de l’organisation méticuleuse propres à un asile psychiatrique. Cependant à l’intérieur de cet espace se trouvent différents symboles caractéristiques de l’artiste : les portes grillagées, les visages et les oiseaux appelés Voegeli. Ils forment les seules courbes présente à l’intérieur du losange, représentant la tendresse et la souplesse au sein d’un lieu d’enfermement.

Les couleurs dans ce losange sont cantonnées aux formes géométriques, dans des tons rouges et jaunes, avec des traits noirs ou gris. Les couleurs ont une fonction de remplissage, cherchant à combler le vide.

L’œuvre de Wolfli se caractérise par un enchevêtrement de formes et de symboles. Les lignes présentes sur le tableau viennent de l’extérieur, et parcourent le dessin en se perdant à l’intérieur. Elles servent à délimiter les zones de couleurs. Le trait est précis et très régulier, ce qui traduit d’une certaine obsession de l’artiste pour la précision.

On retrouve des lignes courbes à l’extérieur du losange, qui viennent mourir contre le losange central. Les espaces laissés entre les lignes sont coloriés en bleu, représentant des rivières à l’arrière-plan, et laissant deviner la profondeur du dessin. On comprend que l’asile est représenté depuis le ciel, malgré la perspective difforme du bâtiment central.

L’œil parcours les lignes courbes partant du cadre de l’œuvre en se dirigeant vers le losange. Le regard peut circuler jusqu’à ce qu’il vienne buter contre les formes géométriques, symbolisant l’étanchéité du bâtiment, et l’isolement de ses occupants.

De très nombreux symboles comblent les espaces laissés par les formes géométriques juxtaposées. Cette profusion de détails organisés méticuleusement forment un immense chaos, et donne à l’ensemble une impression d’urgence, une nécessité à remplir l’espace sans planifier une vue d’ensemble.

Description thématique

- quel titre et quel rapport entre le texte et l'image

Irren Anstalt Band Hain se traduit par « groupe d'asile d'aliénés » en Français. Wölfli représente ici sa perception de son environnement quotidien, agrémentée de fantaisies qu’il imagine chaque jour. Un texte et des partitions de musique sont incorporés à l’œuvre. Le tout compose l’autofiction de l’artiste, dans laquelle il met en scène sa propre mythologie. Ce dessin s’inscrit dans une partie de son récit intitulé « Du berceau au tombeau ».

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