Stibium
Dissertation : Stibium. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Visiteur2 • 22 Août 2025 • Dissertation • 2 023 Mots (9 Pages) • 37 Vues
Très Cher Frère Adam, Très Chers Frères Chevaliers du Soleil,
La découverte du 28e degré procure des sensations apaisantes, réjouissantes. On y parle du Soleil, du Centre du Vrai Bonheur, de la Vérité, de la Nature, d’innocence… Et l’on y trouve Adam, à l’Eden…
Il y a aussi le repos, la santé, et la colombe… Il n’y a pas de légende du grade, mais selon le manuel d’instruction, « la richesse symbolique de son rituel et celle du tableau de Loge y suppléent aisément.[1] ». Un rituel singulier par rapport à ce que les précédents proposent. À titre d’exemple, jusqu’à présent, nous venions de la Loge de Saint Jean notamment pour vaincre nos passions. Ici, en raccourci, les passions de la vie sont utiles à l’homme. Même l’ascèse initiatique semble laisser place aux délices de la vie.
Et il y a « Stibium », le mot de passe, autre nom de l’antimoine, qui selon le Frère Vérité, « désigne la materia prima des Anciens d’où l’on tire l’Alkaës, ou l’Œuvre des Philosophes[2] ». Renseignements pris, l’antimoine est effectivement considéré depuis le Moyen Âge, comme la « matière idéale pour accéder à l’or », développant ainsi sa notoriété chez les alchimistes[3].
J’observe aussi que ce 28e degré est annoncé comme éminemment alchimique, avec un contenu initiatique qui interroge, difficile à saisir, relevant d’une démarche analogique non encore rencontrée dans les degrés précédents.
À partir de ces considérations, mon propos va défendre l’hypothèse que ce 28e degré pourrait se situer à un moment clé du processus alchimique ; que Stibium, le mot de passe, est justement là pour indiquer au Chevalier du Soleil que son parcours - passé, présent et à venir - est inscrit dans une œuvre alchimique ; et qu’inspiré par le corpus initiatique de ce grade, mon regard se porte sur le « Paradis intérieur », désignant la voie pour approcher la Vraie Lumière.
Ce balustre développe ceci en trois parties :
1ère partie : materia prima. Quels repères pour ma recherche dans ce corpus initiatique ?
2ème partie : accéder à l’Or. Venant du Centre des Ténèbres, quel chemin pour la réalisation du Grand Œuvre ?
3ème partie : le Paradis intérieur. Impensable ? Inconnaissable ? Impénétrable ?
1ère partie. Materia prima.
Me concernant, trois perceptions émergent de ce que présentent le rituel et le tableau de Loge :
- Un contenu diffus qui – sûrement intentionnellement – disperse les messages essentiels du degré ;
- Des mises en situation difficiles à analyser ;
- Et principalement, l’idée d’une transformation, celle de l’initié, la materia prima, vers son unité.
La perception d’un contenu diffus repose sur un rituel – ouverture, initiation et fermeture, relativement bref mais présentant des points qui attirent l’attention. Il y a par exemple toutes ces mentions aux nombres 3, 4 et 7. Et tous ces renvois à l’Eden, à Adam, à l’originel, à l’innocence. Quant au Tableau de Loge, il se montre particulièrement dense, où tout est à plat, à première vue sans hiérarchie exposée. À première vue.
Émergent aussi des mises en situation à partir desquelles aucune analogie avec quelque chose de connu n’est possible. Lors de certains degrés précédents, le Rite Écossais Ancien et Accepté nous porte à la rencontre d’un certain nombre de personnages auxquels nous pouvons – et devons - nous identifier pour partager la situation dans laquelle ils se trouvent. Cela nous amène à nous interroger sur le devoir, la justice, la vengeance, la curiosité, la contemplation ; à préciser notre posture, Foi, Charité, Espérance… Nous n’avons que faire des contextes géographiques et historiques de ces rencontres, nous nous les approprions comme appartenant au domaine du réel, du vivable. Rien de cela pour le Chevalier du Soleil : l’Eden, le Paradis terrestre, Adam, le Roi du monde, le contexte est strictement imaginaire. La pensée analogique n’y trouve aucun repère. Ce qui veut juste dire qu’il faut compter sur la seule puissance de l’imagination humaine.
Enfin, l’idée de la transformation s’avère être celle de l’initié, la materia prima, vers son Unité. Une transformation dont l’état d’origine est à plusieurs reprises mentionné : le Centre des Ténèbres. Le Président l’indique au début de l’initiation, d’où il a fallu « sortir en se dépouillant des préjugés, de l’erreur et du mensonge dans lesquels les hommes sont tombés par ignorance, par cupidité et par orgueil[4]. » La transformation en elle-même, en tant que processus, est en cours d’accomplissement depuis la toute première initiation dans la Loge symbolique, « image de l’Univers, centre du Monde et figure du Temple de Salomon ». Et toujours en cours d’accomplissement avec le franchissement des dix-huit premiers degrés du Rite, comme le Frère Vérité en a rappelé tous les enseignements[5].
2ème partie. Accéder à l’or.
Stibium, l’antimoine, la « matière idéale pour accéder à l’or ». Oui, mais comment ? Dans nos rituels, l’alchimie, cet art universel parle à l’esprit de l’initié par le biais d’analogies, à partir d’allégories et de symboles (plomb, or, sel, mercure, soufre, terre, air, eau, feu…). Cet art touche l’homme pour le mener d’un état de conscience en un autre, capable de transformer des vices en vertus.
Les écrits contemporains cités en référence[6] [7] rappellent que le but du processus alchimique est de créer un équilibre parfait entre toutes les composantes de l’être, après qu’elles ont été purifiées. Cette transmutation, destinée à atteindre le « centre de soi », se déroule en trois principales phases. Pour servir l’hypothèse annoncée, le bref résumé qui suit les met en parallèle avec le cheminement initiatique du Rite Ecossais Ancien et Accepté :
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