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Les dérives Du Communautarisme

Lettre type : Les dérives Du Communautarisme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Juin 2014  •  Lettre type  •  3 104 Mots (13 Pages)  •  702 Vues

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Le terme de communautarisme pose problème en France depuis le début de son usage. Venu des Etats-Unis, il est apparu dans les années 80-90. Le mot français est à l’origine une transcription erronée du terme américain : « communautarianism » désignant le courant de pensée des « communautariens ». Leur réflexion est centrée sur la place des communautés dans la démocratie libérale contemporaine, certains voudraient une représentation politique des groupes constitués en sujets de droits. En France le problème lexical a existé dès le départ : le terme n’apparaît dans les dictionnaires que depuis peu.

Mais ce concept polysémique désigne, en France, un fait social, un phénomène sociopolitique, voire une dérive, plutôt qu’une idéologie.

Et la connotation négative liée au mot est forte. Elle a été renforcée par l’usage polémique et spécifiquement français, du terme, dans les discours politiques, les médias, chez certains intellectuels. En effet le mot de communautarisme fonctionnait et fonctionne toujours comme « un opérateur d’illégitimation » (citation de Pierre André Taguieff, sociologue francais) opposé à l’idéal républicain. Il désigne, alors, une forme de sociocentrisme, d’ethnocentrisme qui donne la priorité à la communauté sur l’individu et qui a pour conséquence l’enfermement de la personne, l’entrave à la liberté individuelle par assignation de l’individu à sa communauté. D’autre part, il peut signifier primauté des règles du groupe sur la loi républicaine.

Il est moins difficile d’évoquer la République, « la res publica », notre bien commun. Certains Ateliers préfèrent parler de principes républicains, plutôt que de valeurs. En effet la République est un régime politique et ne peut proposer des valeurs, celles ci relevant de la morale ou de l’éthique, mais elle affirme des principes, dans sa devise ou dans ses textes fondamentaux : Liberté, Egalité, Fraternité, c’est à dire liberté individuelle, égalité des droits, solidarité entre les citoyens. Le quatrième pilier de notre république française est la laïcité. Devenu principe constitutionnel, la laïcité signifie séparation du religieux et du politique ou de la sphère publique et de la sphère privée; mais aussi affirmation de la liberté de conscience et de pratique, dans le cadre des lois de la République : un principe compris comme un principe fédérateur et un principe d’émancipation de l’individu. Ces quatre principes sont les bases de notre pacte républicain.

La France est aussi « une République indivisible » d’après l’article 1 de la Constitution de 1958. Ne reconnaissant que la communauté des citoyens, la République se refuse, en effet, à considérer les hommes selon leur appartenance. Elle veut fédérer et intégrer. Ce modèle républicain universaliste est très différent de celui de nos voisins : Britanniques ou Allemands, qui ont accepté longtemps l’affirmation des minorités dans la coexistence. Malgré des demandes récentes, les textes fondamentaux de la République n’ont pas été modifiés. Le Conseil Constitutionnel a refusé en 1991 l’entrée des termes : « peuple corse » dans la Constitution, le Conseil d’Etat a suspendu en 1992 les écoles Diwan (école dans laquelle l’enseignement se fait dans la langue bretonne) dans l’enseignement français. Plus récemment, en 2008, un Comité des sages, présidé par Mme S.VEIL a jugé l’introduction, dans la Constitution du mot diversité à côté du mot égalité « inutile et dangereuse ».

Donc si l’on oppose la catégorie confuse de communautarisme à l’idéal républicain, la réponse est simple, le communautarisme est incompatible avec les principes de la république. En effet, la logique communautariste de différenciation est opposée à la logique républicaine française universaliste et intégratrice. Le communautarisme peut même être considéré comme une menace pour la cohésion sociale en France.

Mais si nous sortons de la réflexion théorique et que nous étudions la réalité française, qu’en est il ? Y a-t-il des risques de dérives communautaristes et cela constitue t il réellement une menace pour le vivre ensemble ?

Malgré le constat du glissement sémantique (technique consistant à remplacer une expression par une autre pour la faire mieux accepter) fréquent, nous refusons d’amalgamer communauté et communautarisme. Le terme de communauté a un sens clair pour tous : un groupe de personnes ayant un lien commun. Les communautés en France sont anciennes et expriment le lien social. Ainsi l’appartenance à une communauté, voire à plusieurs communautés, est vue comme un fait positif, voire essentiel pour la construction de l’identité de la personne et le développement des valeurs de l’individu.

Le renouveau du fait communautaire est récent en France. De nombreuses communautés ont ainsi affirmé leur existence dans un contexte propre à la France, avec l’importance du fait colonial, ou, à cause de phénomènes récents : crise économique, difficultés d’intégration, immigration de plus en plus diverse. Aujourd’hui la société française peut paraître de plus en plus atomisée et la conscience collective peut sembler très affaiblie à cause des origines multiculturelles et surtout de la croissance des inégalités.

Face à ces inégalités, un tiers des Français considèrent que la République est une promesse non tenue. Les « ratés de l’intégration » expliquent, pour certains le développement des communautés refuge, protectrices. Les difficultés économiques, les pertes de repères entraînent la tentation du repli sur soi : la recherche identitaire se fait à travers l’appartenance communautaire, même si les mariages mixtes sont nombreux en France et acceptés par une majorité.

Depuis quelques années, les communautés s’affirment en France et expriment des revendications nouvelles vis-à-vis de l’Etat républicain. Les communautés ethniques, religieuses, auxquelles on peut ajouter la communauté des homosexuels demandent leur reconnaissance par la République, l’accroissement de droits associés ou une place plus grande dans la vie politique ou économique. La demande d’intégration des pratiques culturelles et religieuses dans le cahier des charges des services publics a secoué la France laïque : l’école a été le lieu d’explosion des revendications communautaires. D’autre part manifestant les nouvelles fractures spatiales de la France, un communautarisme territorial existe.

Même si certaines revendications inquiètent, on ne peut nier le rôle

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