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Hartmut Rosa contre l'aliénation moderne

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Par   •  13 Mai 2015  •  Analyse sectorielle  •  2 741 Mots (11 Pages)  •  695 Vues

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Hartmut Rosa contre l'aliénation moderne

Publié le 29 Juin 2014

Hartmut Rosa contre l'aliénation moderne

Hartmut Rosa analyse le phénomène d'accélération sociale pour critiquer les nouvelles formes d'aliénation dans la société moderne.

Hartmut Rosa s’attache à relier la théorie critique avec la vie quotidienne. Il ne réduit pas la philosophie à un simple exercice de spéculation théorique. Dans le livre Aliénation et accélération, il synthétiser ses recherches. Pour cela, il tente de raviver l’héritage de la Théorie critique.

Pour Hartmut Rosa, la temporalité détermine la qualité de nos vies. Les sociétés capitalistes imposent des normes, des contraintes et des régulations temporelles. Une logique d’accélération sociale prédomine. Ce phénomène nourrit de nouvelles formes d’aliénation sociale qui entravent la réalisation d’une « vie bonne ».

Aliénation et accélération

Analyse du phénomène d'accélération

L’accélération sociale s’observe dans l’histoire, la culture, la vie politique, la société et dans d’autres domaines de la vie quotidienne. Les fast-food, les speed-dating, les siestes éclairs témoignent de ce phénomène. Les ordinateurs, les transports et la communication deviennent plus rapides.

L’accélération technique, des transports ou des administrations, semble intentionnelle et orientée vers un but. Mais l’accélération concerne également le changement social. « Ainsi, on dit que les attitudes et les valeurs autant que les modes et styles de vie, les relations et obligations sociales, autant que les groupes, les classes ou les milieux, les langages sociaux autant que les formes de pratiques et les habitudes changent à des rythmes en constante augmentation », décrit Hartmut Rosa. Le présent semble éphémère et l’avenir demeure incertain.

L’accélération du rythme de la vie consiste à faire plus de choses en moins de temps. Les individus se sentent brusqués, soumis à la pression du temps et au stress. Ils se plaignent que tout va trop vite, et le temps devient une denrée rare. Les individus mangent et dorment plus vite. Ils discutent moins avec leurs proches. Pourtant le temps libre n’augmente pas avec les nouvelles technologies. Le temps consacré aux messageries électroniques devient plus important que celui qui était dévolu au courrier traditionnel. Les messages sont envoyés plus rapidement mais deviennent aussi plus nombreux. De même, les transports sont plus rapides. Mais nous devons parcourir des distances toujours plus longues.

Ce phénomènes de l’accélération s’explique par plusieurs raisons. La loi du profit et l’économie capitaliste jouent un rôle majeur. La nécessité du rendement et de la rentabilité immédiate exigent une accélération de la production, mais aussi de la circulation et de la consommation. La compétition et la concurrence incitent à accélérer le rythme des innovations techniques.

Mais la compétition concerne également les relations humaines. Hartmut Rosa observe que « si nous ne nous montrons pas assez gentils et intéressants, distrayants et beaux, nos amis et même les membres de notre famille en arriveront à ne plus nous appeler ». L’existence humaine semble déterminée par la réussite et le nombre d’activités exercées dans un minimum de temps.

D’autres facteurs, moins centraux, expliquent le phénomène d’accélération. Une raison culturelle semble liée à l’idéal de la vie éternelle. Si les individus ne vivent toujours qu’une vie, ils tentent de la remplir en réalisant deux fois plus expériences. Mais la frustration demeure toujours aussi présente dans une vie vide de sens.

La processus d’accélération apparaît comme un phénomène naturel et dépolitisé qui uniformise les modes de vie. Surtout, l’accélération modifie les relations humaines. Notre rapport avec le monde, l’espace et le temps, les objets et les autres individus semblent profondément modifiés par ce phénomène.

L’accélération abolit les frontières de l’espace, avec la facilité pour se déplacer avec des transports toujours plus rapides. « La proximité et la distance émotionnelle ne sont plus liées à la distance spatiale, ce qui veut dire que notre voisin peut être pour nous un parfait étranger, alors qu’une personne située à l’autre bout du monde peut être notre partenaire le plus intime », décrit Hartmut Rosa. Le mode de vie urbain et les nouvelles technologies permettent de rencontrer tellement de monde qu’il devient difficile de construire de véritables relations.

Ensuite, les individus ne se fixent plus des objectifs dans leur existence mais se contentent de naviguer au grès des opportunités qui s’offrent à eux. Les objets de consommation se renouvellent constamment en raison de leur obsolescence. Ces évolutions expliquent les nouvelles formes de pathologies et de souffrance sociale.

Gestion stress travail

Accélération comme norme sociale

Un renouvellement de la Théorie critique doit permettre d’analyser les évolutions sociales. La pensée de Karl Marx, d’Adorno et Horkheimer, de Marcuse, mais aussi de Walter Benjamin, jusqu’à Habermas et Honneth nourrissent ce courant de l’École de Francfort.

La souffrance humaine réelle devient le point de départ normatif des théoriciens critiques. La théorie doit s’appuyer sur l’existence réellement vécue. Ensuite, les individus doivent réaliser leurs capacités, leurs aspirations leurs désirs. Il devient alors indispensables d’examiner les conditions sociales qui empêchent aux individus d’atteindre leur conception d’une vie bonne. Les contraintes et les phénomènes sociaux demeurent imposés par des structures et des institutions qui doivent être identifiées. Une théorie de l’accélération sociale

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