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Cadrer L'exclusion

Note de Recherches : Cadrer L'exclusion. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Décembre 2013  •  2 358 Mots (10 Pages)  •  1 648 Vues

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Cadrer l’exclusion

Robert Castel est un sociologue français, né le 1er août 19331 à Saint-Pierre-Quilbignon. Il passe l'agrégation de philosophie en 1959. Il est ensuite maître-assistant de philosophie à la Faculté des lettres de Lille jusqu'en 1967, année où Raymond Aron lui propose de le rejoindre à la Sorbonne. C'est dans ces années là qu'il rencontre Pierre Bourdieu, avec qui il commence à travailler, abandonnant la philosophie pour la sociologie.

Dans les années 1970 et au début des années 1980, il s'intéresse à la psychanalyse et à la psychiatrie, ainsi qu'au traitement et à la prise en charge des malades mentaux, en établissant une sociologie critique de ces questions et en se rapprochant de Michel Foucault.

Dans les années 1980 et 1990, il s'intéresse au travail, en relation avec les transformations de l'emploi, l'intervention sociale et les politique sociales. Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales depuis 1990, ses œuvres, depuis Les Métamorphoses de la question sociale, analysent la constitution de la société salariale, puis son effritement à partir du milieu des années 1970 et ses conséquences : l'exclusion (ou plutôt ce qu'il appelle la désaffiliation), la vulnérabilité et la fragilisation qui frappent les individus « par défaut ». Il veut ainsi comprendre comment le salariat, qui fut d'abord une position méprisée, s'est petit à petit imposé comme modèle de référence et s'est progressivement associé à des protections sociales, et à la notion de propriété sociale, créant un statut constitutif d'une identité sociale qui sera ensuite mise en question par les transformations sociales qui auront lieu après la crise de années 1970.

Le texte que nous allons traiter est extrait d’un ouvrage collectif dirigé par Saül Karsz et intitulé « L’exclusion, définir pour en finir ». Ce livre propose une remise à plat de la notion d’exclusion afin de déterminer des outils efficaces de lutte contre celle-ci. quatre auteurs apportent leur contribution à cet ouvrage : Michel Autès, Robert Castel et Monique Sassier et Richard Roche.

La misère du monde constitue désormais un des principaux centres d’intérêts de la sociologie, de la science politique et de l’économie. La France compte aujourd’hui plus de sept millions de personnes pauvres, selon les critères européens de pauvreté. Soit 13 % de la population.

Comme le démontrent les approches statistiques de la pauvreté page 14 de notre poly, la misère s’inscrit durablement dans nos sociétés. Si la constatation de ces phénomènes est évidente, Robert Castel se demande si ceux-ci sont à relier directement avec le principe d’exclusion.

Nous pouvons ainsi demander Pourquoi la spécificité de l’exclusion contemporaine nécessite une redéfinition de cette dernière afin d’y faire face?

Dans un premier temps nous préciserons pourquoi il faut se méfier de l’utilisation du terme exclusion. Puis nous verrons en quoi ceci peut conduire à une définition plus rigoureuse de la notion permettant de mieux cerner les risques d’exclusion véritable, qu’il faut différencier d’autres phénomènes plus récents que Castel regroupe dans le concept de désaffiliation.

I-Pourquoi faut-il se méfier de l’utilisation du terme exclusion ?

A) Les raisons de se méfier de la notion :

Pour Robert Castel, la première raison de se méfier de l’exclusion, c’est l’ hétérogénéité de ses usages. Elle nomme une foule de situations différentes en gommant la spécificité de chacune.( il met ainsi en évidence les grandes différences entre la situation d’un chômeur de longue durée décrite par olivier Schwartz dans son ouvrage sur les ouvriers du nord de la France et celle d’un jeune de banlieue décrite par francois dubet dans La galère.)

Deuxièmement, parler d’exclusion conduirait à autonomiser des situations limites qui ne prennent sens que si on les replace dans un processus.Il écrit en effet dans l’article « Les pièges de l’ exclusion » publié en 1995 dans la revue Lien social et Politiques : « les traits constitutifs essentiels des situations d ‘« exclusion » ne se trouvent pas dans ces situations elles-mêmes. »

En effet, ne décrire que la situation présente de ces gens qu’on dit « exclus » ne permet pas de prendre la mesure des problèmes spécifiques a notre époque avec ce qu’on a appelé à partir de 1984 « La nouvelle pauvreté ».(pas une pauvreté résiduelle mais une dégradation de la situation d’une partie de la population).Ainsi Robert Castel préfère parler de désaffiliation que d’exclusion pour ces populations car ce concept est en effet plus dynamique et invite à tenter de comprendre comment se fait le processus de décrochage.

B) Un piège pour la réflexion et pour l’action :

Ainsi, focaliser l’attention sur l’exclusion risque de fonctionner comme un piège,à la fois pour la réflexion et pour l’action. Pour la réflexion car on économise la nécessité de s’interroger sur les dynamiques sociales globales qui sont responsables des déséquilibres actuels ;on décrit au mieux des états de dépossession, en faisant l’impasse sur les processus qui les génèrent ;on procède à des analyses sectorielles, en renonçant à l’ambition de les recadrer à partir des enjeux actuels de société.

Mais pour l’action, pour la maîtrise pratique des facteurs de dissociation sociale, la fixation sur l’exclusion fonctionne également comme un piège qui consiste à cantonner l’essentiel des nouvelles interventions sociales mises en places depuis les années 1970 aux situations déjà dégradées et non à intervenir sur un mode préventif pour juguler la vulnérabilité de masse et maintenir l’intégration sociale.

Cependant, cette analyse n’est pas une critique des politiques d’insertion en tant que telles qui sont importantes et sont censées permettre à des populations en difficulté de passer le mauvais moment de la crise mais s’en tenir à elles implique un renoncement à intervenir sur les processus qui produisent ces situations.

C) Cela conduit à ne pas prendre la pleine mesure des problèmes :

La pensée de l’exclusion et la « lutte contre l’exclusion » correspondent ainsi,finalement à un type classique de ciblage de l’action sociale :délimiter

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