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Qu'est-ce qu'une nation ? (Ernest Renan)

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Par   •  11 Novembre 2016  •  Fiche de lecture  •  1 643 Mots (7 Pages)  •  1 472 Vues

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   Ernest Renan, né à Tréguier en 1823 et mort en 1892, est un historien, philosophe, philologue et écrivain français. En 1848, il obtient l’agrégation de philosophie et devient professeur d'hébreu au Collège de France en 1862. Le texte qui nous intéresse présentement, intitulé « Qu’est-ce qu’une nation ? » est une conférence prononcée par Ernest Renan le 11 mars 1882 à la Sorbonne. La question nationale devient centrale et déchaîne les passions suite à l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine par la Prusse en 1871. Il s’agit dès lors de déterminer ce qui constitue une nation et, en ce sens, si les territoires annexés sont davantage français ou allemands. Comme le rappelle Ernest Renan, la nation est une « idée claire en apparence » mais qui peut prêter aux plus « dangereux malentendus » (p.7). Elle ne se construit pas de la même manière en France ou en Allemagne. Ainsi, la conception allemande de la nation, portée par Herder ou Fichte met l’accent sur l’importance d’une langue et d’une culture commune. Ils feront tous deux partie des sources intellectuelles du pangermanisme, mouvement politique nationaliste qui apparaît au XIXe siècle et qui a pour but la mise en place de la Grande Allemagne regroupant toutes les populations germanophones. La première partie de l'exposé est ainsi consacrée à l’origine historique de la nation, la seconde à la critique de la conception allemande de celle-ci et enfin la troisième à la définition de ce qu’est une nation selon la conception française de cette notion, portée par Ernest Renan.

I/ Origine historique de la nation

   Les hommes se sont toujours regroupés selon plusieurs modalités (cités, tribus, etc.). La nation, quant à elle, est récente dans l’Histoire de l’Humanité. Pour Ernest Renan, toute nation se constitue autour d’un « noyau centralisateur » (p.17).

   Ainsi, l’origine de la nation prend racine dans la chute de l’Empire romain d’Occident en 476 après J.-C. Pour l’auteur, « c’est l’invasion germanique qui introduisit dans le monde le principe qui, plus tard, a servi de base à l’existence des nationalités » (p.11), invasions qui eurent lieu du Ve au Xe siècle et qui imposèrent des dynasties ainsi qu’une aristocratie militaire sur une partie de l’ancien territoire de l’Empire romain. Les nouveaux Etats sont caractérisés par « la fusion des populations qui les composent » (p.11) et qui passe par deux éléments, à savoir le christianisme et le fait que les envahisseurs oublient leur propre langue. La France devient de ce fait dominée par une minorité, les Francs, qui se trouvent être complètement acculturés. L' « idée d’une différence de races » est remplacée par celle faite entre le noble et le vilain. Or, ce système de distinction établit comme dogme dès le XIIIe siècle, repose sur une erreur historique, sur un oubli. Le noble tient son rang d'une conquête violente. Alors, « l’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d’une nation » (p.13). L’unité ne peut se faire sans violence et l’investigation historique permet justement de démystifier les récits des origines. L’Empire Carolingien, dont le fondateur est Charlemagne, assure donc l’unité du territoire jusqu’en août 843, date à laquelle l’Empire, via le Traité de Verdun, est partagé entre les trois petit-fils de Charlemagne. C’est depuis ce moment que « l’Europe occidentale nous apparaît divisée en nations » (p.9) selon Ernest Renan. Par la suite, le roi de France parvient à mettre en place une parfaite unité nationale et participe de manière décisive à l’émergence de la nation. Alors, pour Ernest Renan, « l’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses » (p.15), elle nécessite l’oubli et le sentiment de faire communauté. Avec la Révolution française, la nation s’affranchit du pouvoir royal et vit par et pour elle-même. Toutefois, il apparaît nécessaire à Renan de rappeler que toutes les nations ne trouvent pas leur unité via les dynasties comme ce fut le cas en France (Italie, Allemagne, etc.).

II/ La conception « fondamentaliste » de la nation

  Certains théoriciens politiques considèrent qu’une nation est avant toute chose une dynastie. Or la Révolution française atteste du fait que la nation peut perdurer sans elle. Se pose donc la question du droit national et de son fondement. S’opposant alors à la conception allemande de la nation, Renan écarte cinq fondements à celle-ci : la « race », la langue, la religion, la communauté des intérêts et la géographie.

  Tout d’abord, considérer la « race » des populations comme principe fondateur de la nation est une erreur selon Ernest Renan qui menace la civilisation européenne elle-même. Les barbares, lors des invasions, étaient totalement indifférents à la « race » des populations envahies. De la même manière, Charlemagne établit un empire composé de populations différentes. L’histoire de l’humanité est ainsi faite de métissages et de mélanges. Ainsi, la « race pure » (p.21) n’existe pas et « faire reposer la politique sur l’analyse ethnographique, c’est la faire porter sur une chimère » (p.21), l’édification des États et des frontières s’est faite sans considérations raciales. La « race » ne peut donc pas avoir d’application en politique selon Renan, elle « se fait et se défait » (p.23) et la discipline ethnographique doit pouvoir rester libre de toute considération politique. De même, la langue « invite à se réunir ; elle n’y force pas » (p.24). L’Espagne et le Mexique utilisent une même langue, l’espagnol, mais ne constituent pas une même nation. Le politique, du fait qu’il considère la langue comme une manifestation de la race, y accorde trop d’importance. Or les divisions linguistiques observables ne correspondent pas aux divisions anthropologiques. Les langues sont donc des formations historiques qui n’enchaînent en rien la liberté de l’individu. Ensuite, la religion ne peut pas non plus être au fondement du droit national. Comme le rappelle Ernest Renan, « à l’origine, la religion tenait à l’existence même du groupe social » (p.27). Ainsi, la cité d’Athènes était caractérisée par une religion d’État. Toute personne qui se refusait à la pratiquer ne pouvait pas être considérée comme athénienne. A partir de l’Empire romain et encore plus par la suite, « il n’y a plus de religion d’État » (p.28). La religion devient chose privée, individuelle, « elle est sortie presque entièrement des raisons qui tracent les limites des peuples » (p.28). Puis, la communauté des intérêts, qui se manifeste par les traités et les accords commerciaux n’est pas non plus suffisante pour permettre la mise en place d’une nation, elle n'est utile qu'aux échanges. Enfin, la géographie, c’est-à-dire les frontières naturelles, tiennent sûrement une part importante en ce qui concerne la division des nations. Mais celle-ci ne peut être réduite à une zone géographique. Cette vision « justifie toutes les violences » (p.29), je cite « il est clair que bien des concessions doivent être faites à la nécessité. Mais il ne faut pas que ces concessions aillent trop loin. Autrement, tout le monde réclamera ses convenances militaires, et ce sera la guerre sans fin » (p.29).

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