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L'histoire Est Elle Une Science

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Par   •  18 Janvier 2015  •  7 556 Mots (31 Pages)  •  4 094 Vues

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L’histoire est-elle une science ?

Introduction

Selon le dictionnaire, le terme d’ « histoire » possède un double sens :

- Premièrement, l’histoire est de l’ordre du « fait physique », c’est-à-dire qu’elle est une succession de faits manifestes dans le temps. Ainsi, l’histoire s’identifie à l’écoulement même du temps.

- Deuxièmement, l’histoire est de l’ordre du « fait psychique », c’est-à-dire qu’elle est un récit de cette suite de faits dans le temps. Dans ce cas, l’histoire s’identifie à la conscience ou à la représentation de l’écoulement du temps.

Ainsi, s’interroger sur l’histoire pose immédiatement un problème, celui du lien existant entre ces deux sens. Comment faire coïncider ces deux sphères hétérogènes ? Comment lier le physique et le psychique ?

Si nous considérons, tout d’abord, l’histoire dans son sens physique, comment pouvons-nous la qualifier ? Nous devons constater que, puisque l’histoire est liée à la temporalité et aux faits de la nature, elle doit en partager les qualités essentielles. Ainsi, l’histoire doit être considérée comme contingente. En cela, les faits historiques, comme les faits de la nature, sont irréguliers et hasardeux. L’histoire, comme la nature, se définit alors par une constante et imprévisible nouveauté.

Or, cette nouveauté est ce contre quoi semble lutter l’historien. Si nous nous tournons, un instant, vers le fondateur de l’histoire, Hérodote d’Halicarnasse, connu pour avoir fait le récit des guerres médiques, nous devons remarquer qu’il justifie son œuvre ainsi : « Sauver de l’oubli les travaux et les exploits des hommes. » Ainsi, les termes ‘historia’ (‘enquête’) et ‘léthé’ (‘oubli’) s’opposent. Pourquoi une telle opposition ?

- Premièrement, les faits vécus ne se reproduiront pas. Le temps, et donc l’histoire, se définit par une irréversibilité qui empêche de vivre, ou de témoigner, à nouveau des mêmes faits.

- Deuxièmement, les faits passés sont effacés à jamais, remplacés par d’autres faits, ils ne laissent aucune trace.

Que faut-il en conclure ? L’histoire comme récit, comme fait psychique, est possible du fait de plusieurs causes importantes :

- Premièrement, il y a récit historique parce qu’une partie de notre monde n’est soumis à aucune loi, à aucune nécessité régulière. Il n’y a aucun intérêt a conserver la trace de ce qui est éternellement identique (il n’y a pas, en cela, d’histoire des mouvements réguliers des étoiles), nous n’avons d’histoire que des faits irréguliers (par exemple, l’histoire des supernova, des comètes… et autres mouvements extraordinaires ou rares).

- Deuxièmement, il y a récit historique parce que, contrairement aux animaux, nous avons conscience d’être pris dans le temps et dans le devenir. La conscience d’une historicité de notre être, et de ce qui nous entoure, c’est-à-dire la conscience que le temps est l’occasion de changement en nous et dans les choses, rend possible et même nécessaire un récit sur ces changements.

- Troisièmement, il y a histoire parce que cette conscience du temps est liée à une mémoire, c’est-à-dire à une faculté de conserver un témoignage, une trace mentale, des faits passés.

Mais, attention toutefois, cette conservation opérée par la mémoire, est aussi l’occasion d’une transformation. En effet, ce n’est pas le fait physique qui est conservé, mais la trace psychique vécue par le témoin du fait. Seul le vécu subjectif est conservé. Ainsi, nous comprenons, comment nous pouvons passer du premier sens du mot ‘histoire’ (comme écoulement physique) au deuxième sens (comme récit de cet écoulement).

Toutefois, un autre problème se pose désormais à nous. Comment pouvons-nous distinguer ce récit d’un autre ? Quels sont les critères qui définissent spécifiquement ce récit ? A ce propos, nous devons distinguer deux nouveaux sens du mot ‘histoire’ :

- Une (ou des) histoire(s) – le terme d’histoire accompagné d’un article indéfini, signifie que nous sommes dans l’ordre de la fiction, et même parfois du mensonge (par exemple : l’élève en retard qui raconte des histoires). En conséquence, nous parlons ici d’un récit qui prend des libertés avec l’écoulement du temps.

- L’Histoire – le terme d’histoire accompagné d’un article défini (et d’une majuscule), signifie que nous sommes dans l’ordre de la science et du vrai. Nous avons là, un récit particulier qui vise l’adéquation parfaite du récit et de l’écoulement du temps. Ce qui est recherché, c’est l’identité parfaite entre ce qui est survenu et ce qui est exposé. L’histoire possède, dans ce cas précis, la nature d’un projet scientifique.

L’histoire comme science se distingue des autres matières scientifiques par : son objet propre, sa méthode particulière, et sa matière (les témoignages, c’est-à-dire les intermédiaires écrits, factuels ou oraux, sur lesquels l’historien doit se fonder puisqu’il n’a aucun rapport immédiat avec les faits). Or, l’histoire peut-elle postuler au rang de science ? Nous devons constater, qu’il existe une incertitude fondamentale dans ce travail. L’histoire échappe, en grande partie, à toute vérification et à toute certitude, et semble, ainsi, condamnée au statut de simple croyance. Pour mieux comprendre de quoi il retourne, constatons qu’il existe plusieurs formes de ‘vérité’. Voyons à ce propos deux formes particulières : les vérités archaïques et les vérités rationnelle.

- Concernant la vérité archaïque, son but défini n’est rien d’autre que la lutte contre l’oubli. En usant d’autorité (artistique, religieuse ou politique) on détermine ce qui doit être conservé et transmis par la tradition. En cela, le titre de ‘vérité’ n’est que le moyen de cette conservation.

- Concernant la vérité rationnelle, son but est au contraire la lutte contre la tromperie. C’est en usant du dialogue et de la critique que l’on découvre le vrai. Le vrai est fondé sur un accord trouvé entre les esprits, un accord fondé en commun, selon les règles de la raison.

Or, qu’en est-il du travail de l’historien ? Etymologiquement, nous devons constater que la racine de ‘historia’ est ‘histor’, ‘celui qui sait’. Mais, pourtant, ‘historia signifie seulement ‘enquête’, ‘recherche’, et non ‘savoir’

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