Qu'est-ce que la monnaie ?

Chapitre 1 : Qu’est ce que la monnaie ?

Deux approches possibles :

• analytique : on va se poser cette question et essayer d’analyser la monnaie à partir de ses fonctions économiques. Pour savoir ce qu’est la monnaie il faut comprendre ses fonctions, à quoi elle sert. Quelles fonctions dans une économie fondée sur l’échange ?
• Empirique, historique : regarder au cours du temps comment la monnaie est apparue, ses formes et comment elle a rempli ses fonctions grâce à différents instruments de monnaie/paiement.

1. L’approche analytique : les trois fonctions de la monnaie

1.1. Pourquoi passer du troc à l’échange monétaire ?

        Dans toutes les sociétés on peut identifier des activités économiques : on produit des biens et on échange. Mais toutes les économies ne sont pas forcément des économies monétaires.  Aujourd'hui il est difficile de trouver des sociétés qui n’utilisent pas la monnaie. Ces économies non monétaires ont plus existé dans le passé : les économies de troc (il y a des échanges mais sous forme de troc). Le troc est un échange direct d’un bien contre un bien, d’un service contre un service ou d’un bien contre un service.  D’un point de vue analytique la question qui se pose est de savoir pourquoi passer d’une économie de troc à une économie monétaire. Qu’est-ce qu’apporte la monnaie de plus à l’économie par rapport au troc ?  La limite principale de l’économie du troc est la condition de double coïncidence des besoins et des désirs : des individus veulent échanger et pour que cet échange se noue il faut que les besoins ou désirs des deux échangeurs coïncident, il faut une symétrie.  Ceci implique des coûts de transactions assez importants.  Le coût de transaction ce sont tous les coûts indirects qui rendent possible la transaction. Par exemple quand on achète un pain au chocolat il faut se déplacer, savoir ou trouver le pain et avoir une idée du rapport qualité prix. Pour un ordinateur on passe du temps sur internet à comparer etc. Avant la transaction il y a donc un tas de coûts (temps par exemple). Plus la transaction est complexe plus elle est couteuse, notamment en information.

Dans l’économie du troc il y a ainsi un coût de recherche important pour trouver la symétrie nécessaire.

Etablir l'échange a un cout avant même de parler du prix de l’objet qui sera échangé.

La monnaie va permettre de dépasser ces problèmes.

Il y a aussi le prix de l’échange. On n’a pas besoin d’être dans une économie monétaire pour qu’il existe des prix. Dans toutes les économies, troc ou monétaire, on a des prix relatifs. Le prix relatif correspond au prix de la biche en lapin, une biche pour trois lapins par exemple. Ici pas de prix en monnaie. Ce qui compte dans l’économie c’est le prix relatif.

La monnaie va intervenir car elle est un équivalent général. C’est une chose contre laquelle vont s’échanger des lapins ou des biches et avec laquelle on va acheter du lapin ou de la biche. Ainsi, en introduisant la monnaie les marchandises vont s’échanger contre de l’argent et l’argent contre des marchandises. La monnaie sert d’intermédiaire aux échanges, ils ne sont plus directs :

circuit de la marchandise : Mar - Mon - Mar’  

(Mar = marchandise ; Mon = monnaie) 

La monnaie a donc pour fonction ici d’être un intermédiaire aux échanges et permet d’effacer la contrainte de double coïncidence de la monnaie et donc facilite les échanges.

1.2. Le rôle d’équivalent général : les trois fonctions de la monnaie

1. L’unité de compte

La valeur de tous les biens et services échangés va pouvoir s’exprimer en monnaie. Cela permet de mettre en place un prix monétaire pour chaque marchandise. La monnaie est donc une unité de compte.

Autrement dit, la monnaie donne un prix aux marchandises.

Pour bien jouer le rôle d’unité de compte il faut que la monnaie soit relativement divisible.

1. L’intermédiaire des échanges

La monnaie permet de procéder à des échanges.  Dans l’histoire on a certaines monnaie qui ne sont que des unités de compte. Par exemple la livre tournoi était une unité de compte mais cette monnaie non concrète n’était pas utilisée dans les échanges.  Avant l’introduction de l’euro on avait une monnaie européenne (l’écu). Toutes les monnaies avaient un taux de change par rapport à l’écu mais pas d’échange en écu. C’était une simple unité de compte.

Etre un intermédiaire des échanges introduit une autre notion : une monnaie intermédiaire des échanges a un pouvoir libératoire car on peut acheter des biens et services et on peut rembourser une dette. Payer le vendeur éteint une dette. Dès qu’il y a une transaction il y a l’établissement d’une dette. Quand le paiement est immédiat la dette s’efface directement. De façon générale la monnaie sert à éteindre des dettes car elle sert a payer ce qu’on doit à quelqu’un. C’est le pouvoir libératoire de la monnaie.

1. La réserve de valeur

La monnaie est une réserve de valeur. Revenons au circuit de la marchandise. On échange marchandise contre de la monnaie mais on n’est pas obligé de dépenser cette monnaie tout de suite. Il n’y a pas d’immédiateté. Pour ne pas utiliser tout de suite sa monnaie il faut que dans le futur on puisse acheter avec notre monnaie.

Comment mesurer la valeur de la monnaie ?  Intuitivement : on a une économie avec deux biens A et B et A vaut 1/3B. Si les prix monétaires de A et B augmentent pareille, les prix relatifs de A et B n’ont pas bougés. La valeur de la monnaie, en revanche, a baissé.  La valeur de la monnaie va être mesurée avec la quantité de biens et services qu’on peut acheter avec notre unité monétaire. Plus on peut acheter de biens et service plus la monnaie a de valeur et inversement. La valeur de la monnaie se mesure par la quantité de biens et services que permet d’acquérir une unité monétaire.

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