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Pour être libre, puis-je choisir ?

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Par   •  17 Avril 2015  •  Analyse sectorielle  •  4 740 Mots (19 Pages)  •  617 Vues

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Philosophia

13 mars 2011

Etre libre, est-ce pouvoir choisir ?

Tous les hommes souhaitent être libres. Du moins peut-on constater, au cours de l’histoire, la permanence d’une telle aspiration. Mais qu’est-ce exactement que cette liberté ? Nous avons l’impression d’être libres lorsque nous n’éprouvons aucune contrainte, lorsque nous parvenons à accomplir ce que nous voulons, ce que nous désirons. Mais déjà un doute survient : nous pouvons éprouver un désir et agir selon ce désir sans rencontrer d’obstacle extérieur, puis réaliser après coup que ce désir s’est imposé à nous, qu’il a nous conduit à un comportement que nous n’avons pas vraiment voulu. Ce genre d’expériences nous conduit à mieux définir la liberté : elle résiderait plutôt dans le pouvoir de choisir, dans notre capacité d’être l’auteur conscient et volontaire de nos actes, sans nous laisser pousser par des états émotionnels. Mais cela suffit-il à définir la liberté ? Sommes-nous d’ailleurs capables d’un tel pouvoir, que l’on appelle traditionnellement le libre arbitre ? Si nous considérons notre capacité de réflexion, nous sommes enclins à répondre positivement à cette dernière question. Mais la réflexion ne peut-elle être déterminée par des facteurs qui la poussent vers telle décision ? Ne faut-il pas, d’autre part, tenir compte des réalités extérieures afin de donner à la notion de liberté un réel contenu ?

Il semble tout d’abord évident que nous possédions ce pouvoir de choisir qui paraît être une définition suffisante de la liberté.

En effet, à la différence des autres animaux (en mettant à part le cas des singes les plus proches de l’être humain), l’homme possède non seulement une conscience immédiate mais aussi une conscience réfléchie. Comment différencier ces deux formes de conscience ? La conscience immédiate regroupe l’ensemble des états psychiques qui s’imposent spontanément à nous : les sensations et les émotions. Lorsque nous avons les yeux ouverts, nous avons des sensations visuelles, que nous le voulions ou non. De même, nous sommes toujours dans un certain état affectif : nous sommes plus ou moins en forme, nous ressentons des émotions (joie, colère, tristesse…), nous éprouvons des désirs (faim, soif, repos…). Il semble difficile de dénier aux animaux, du moins à bon nombre d’entre eux, des états affectifs comparables. Mais alors que les animaux sont entraînés par leurs états affectifs, notamment les émotions et les désirs, l’homme est capable de prendre du recul par rapport à ceux-ci. Il ne se contente pas de vivre immédiatement ses affects, il en prend conscience, il les juge, il peut s’opposer éventuellement à eux. C’est ce l’on peut appeler la conscience réfléchie ou réflexive. La réflexion permet aussi de prendre conscience de soi-même au lieu d’être simplement un flux de sensations et d’émotions. C’est ainsi que le bébé humain devient capable, vers18 mois de reconnaître son image dans le miroir.

stade-du-miroir.jpg Plus tard, vers l’âge de trois ans, l’enfant utilisera pour la première fois le pronom personnel « je ».

C’est cette réflexion qui rend possible, avec la conscience de soi, la liberté. Car comment parler de liberté là où n’existe qu’un enchaînement nécessaire ? L’animal reçoit des sensations, ces sensations déclenchent des désirs qui sont biologiquement inscrits dans sa nature, et enfin ces désirs débouchent sur des comportements précis. C’est ce que l’on appelle, en utilisant ce terme dans le sens strict que lui donnent les biologistes, des instincts. L’animal n’est pas libre d’adopter tel ou tel comportement, il est contraint de suivre son instinct. L’homme, au contraire, peut interposer entre le désir et le comportement un acte de réflexion. Il se rend compte de la situation, du désir qui le pousse, et il peut arrêter ou laisser passer le comportement qui tendait à suivre. Parfois il est même devant des situations qui ne s’accompagnent d’aucune tendance à un comportement bien précis : comment choisir sa profession, ou le meilleur chemin pour se rendre à tel endroit, ou la meilleure méthode pour résoudre un problème scientifique. Dans tous ces cas, la réflexion intervient, ou peut intervenir.

Nous disons « peut intervenir » car nous voulons répondre par avance à une objection possible. On nous dira en effet que très souvent, la réflexion n’intervient pas et que, de fait, nous ne réfléchissons pas. En admettant donc que la liberté consiste dans la capacité de réfléchir et donc d’avoir une possibilité de choix, il faudrait admettre que nous ne soyons libres que par intermittence, lorsque nous réfléchissons. De là à estimer que ce pouvoir de réflexion n’intervient que de façon aléatoire et finalement involontaire, il n’y a pas loin. Mais il est facile de voir que cette objection ne tient pas vraiment. Car même si nous n’avons pas réfléchi, nous étions libres de réfléchir ou pas. Nous aurions pu réfléchir. Sinon, il faudrait dire que nous ne sommes responsables que des comportements pour lesquels nous avons pris un temps de réflexion. Or il y aurait là un alibi un peu facile pour tenter d’excuser nombre de nos actes. Il suffirait de dire que « nous n’avons pas réfléchi ». Mais comme le montre très bien Saint Thomas d’Aquin dans sa « Somme théologique », nous sommes libres dans la mesure ou notre comportement n’était pas absolument nécessaire, dans la mesure donc où nous avions le choix de faire ou de ne pas faire. La preuve en est que nous considérons communément le comportement humain comme susceptible de varier selon les conseils, les menaces, les encouragements et les récompenses que les sujets reçoivent. S’il peut varier, c’est qu’il n’est pas strictement nécessaire. S’il n’est pas nécessaire c’est qu’il peut s’orienter de façon différente. Ces différentes façons de s’orienter, c’est ce que l’on appelle des choix. Si donc nous n’exerçons pas notre pouvoir de choisir, si nous nous laissons emporter par l’état affectif du moment, nous sommes tout de même responsables de nos agissements car nous avions le choix entre réfléchir et ne pas réfléchir.

Certes ce pouvoir de réflexion a besoin d’être cultivé pour pouvoir s’exercer pleinement. D’abord dans la petite enfance, par l’habitude que prend l’enfant d’opposer à ses impulsions, qui ne sont pas toutes positives, la crainte qu’il éprouve de la désapprobation

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