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Comment Expliquer L'exclusion Sociale Aujourd'hui?

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Par   •  13 Juin 2015  •  1 720 Mots (7 Pages)  •  2 803 Vues

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- Accroche. Selon l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), le taux de pauvreté monétaire est autour de 13 % en France. Il observe une augmentation croissante de l’exclusion sociale.

- Définition des termes et analyse du sujet.

• Si le terme d’exclusion est difficile à définir (Michel Messu parle d’un « concept horizon »), il apparaît dans les années 1960 et connaît une première vogue dans les années 1970, suite au travail du haut fonctionnaire, René Lenoir, intitulé Les exclus (1974).

• Au cours des années 1980, la notion d’exclusion prend place dans l’espace public, sous l’effet de l’arrivée de la Gauche au pouvoir et de la montée du chômage. Le père Joseph Wresinski (fondateur d’ATD Quart Monde) contribue à la formulation et au succès médiatique du thème de l’exclusion. Enfin, la création des « Restos du cœur » ou encore du Revenu minimum d’insertion (RMI) en 1988 renforcent la place de la notion d’exclusion dans l’espace public.

• Mais le véritable essor de la notion d’exclusion est lié à la dégradation du marché du travail. Le terme fait clairement fortune dans la vie publique dans les années 1990. Le passage du seuil des 3 millions de chômeurs en 1992 a joué un grand rôle. On se rappelle aussi la campagne présidentielle de 1995 menée par Jacques Chirac sur le thème de la « fracture sociale » qui eut pour traduction politique directe la loi d’orientation de 1998 relative à la lutte contre les exclusions. Cette évolution est désormais considérée comme un processus dynamique de cumul des handicaps, pouvant conduire à la rupture des liens sociaux.

- Problématique. Si l’exclusion a un caractère cumulatif, quels sont les facteurs explicatifs de l’exclusion sociale ?

- Annonce du plan.

I – Le rôle du chômage et de la précarité dans l’explication de l’exclusion sociale

A- Avec l’accroissement du chômage, le travail n’est plus une instance d’intégration

- Selon Emile Durkheim (De la division du travail social, 1893), ce qui fait le lien social dans les sociétés modernes – la solidarité organique –, c’est avant tout la complémentarité des fonctions, laquelle confère à tous les individus une position sociale susceptible d’apporter à chacun la protection élémentaire et le sentiment d’être utile. Ce lien se constitue dans le cadre de l’école et se prolonge dans le monde du travail.

B- Les apports du salariat

1) Au niveau collectif, le statut protecteur du salariat : le système de l’assurance sociale

- Dans nos sociétés, l’intégration professionnelle assure aux individus la reconnaissance des droits sociaux qui en dérivent. Autrement dit, l’intégration professionnelle ne signifie pas uniquement l’épanouissement au travail, mais aussi le rattachement, au-delà du monde du travail, au socle de protection élémentaire constitué à partir des luttes sociales dans le cadre du Welfare State.

- Donner des exemples concrets d’assurance sociale : assurance famille, assurance vieillesse, assurance chômage…

2) Au niveau individuel, les conséquences du chômage sont nombreuses

- Le salariat apporte la garantie de pouvoir assurer sa subsistance grâce à son travail et constitue une sécurisation des parcours de vie. Les conséquences à l’échelle personnelle sont fondamentales : sentiment d’utilité vis-à-vis de ses proches, sentiment d’utilité au monde (l’individu productif participe au fonctionnement d’une organisation collective), intériorisation d’une identité valorisée, capacité à se projeter dans l’avenir.

- Considéré comme une des causes majeures de la dégradation du lien social, le chômage a souvent été étudié comme un processus de cumul progressif de handicaps et de ruptures. Le chômage provoque en effet une dégradation du niveau de vie, mais aussi l’affaiblissement de la vie sociale et la marginalisation vis-à-vis des autres travailleurs. L’enquête de Paul Lazarsfeld et al., Les chômeurs de Marienthal (1933) avait notamment montré que le chômage contribue à affaiblir l’intensité des échanges sociaux (clubs, associations...).

- Dans L’épreuve du chômage (1981), Dominique Schnapper insiste également sur l’affaiblissement de la vie sociale des chômeurs. En réalité, si le chômage se caractérise par l’ennui, la désocialisation, l’humiliation et, par conséquent, le risque élevé de ruptures d’autres liens, c’est plus particulièrement dans le cadre de l’expérience vécue du chômage total que se vérifie ce processus. Le chômage total constitue l’expérience de la grande majorité des travailleurs manuels, de certains employés et, dans une moindre mesure, de cadres d’origine modeste, c’est-à-dire de tous ceux pour lesquels le travail représente le mode privilégié de l’expression de soi au sens où il apporte non seulement une activité et une rémunération, mais encore une raison d’être, un sentiment d’utilité et une reconnaissance sociale.

C- La précarité au travail : un facteur d’exclusion sociale

1) L’analyse de Robert Castel : la « déstabilisation des stables »

- Robert Castel dans Les métamorphoses de la question sociale (1995) montre que si la flambée du chômage est significative depuis les années 1970, le chômage n’est que le signe le plus visible de la déstructuration du marché de l’emploi. L’autre phénomène qui ébranle la société est celui de la précarisation du monde du travail. Le CDI perd son hégémonie : en 1975, il concerne 80 % des embauches contre moins de 65 % en 1995. Le CDI reste majoritaire mais les embauches concernent en majorité les formes d’emploi atypiques : Robert Castel parle de « déstabilisation des stables », qui conduit à une remise en cause profonde de la norme d’emploi.

- Cette précarisation du travail permet de comprendre les processus qui alimentent la vulnérabilité sociale, qui produisent souvent, en fin de parcours, le chômage et ce que Castel appelle la désaffiliation, c’est-à-dire la rupture du lien qui unit l’individu à un ensemble plus

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