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Les Etats-Unis dans un monde multipolaire

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Par   •  3 Février 2019  •  Cours  •  3 873 Mots (16 Pages)  •  968 Vues

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Les Etats-Unis dans un monde multipolaire

Une multipolarité complexe

Le questionnement sur la fin du siècle américain témoigne des incertitudes sur la configuration qui aurait remplacé l’unipolarité. L’essor économique de la Chine, la réaffirmation de la puissance russe, l’émergence de l’Inde et du Brésil ont imposé comme une évidence la notion de multipolarité. Celle-ci a été promue pour rendre compte de la complexité actuelle, considérée comme la situation normale du système international et comme un guide pour la stratégie. Pourtant elle est une multipolarité par défaut, en l’absence de terme plus satisfaisant. En effet, aucun équilibre n’existe entre les grandes puissances : les Etats-Unis demeurent une puissance au-dessus des autres, les émergents ne disposent pas de capacités égales, la Chine représente les deux-tiers du PIB des BRICS. Il n’y a pas de communauté de valeur entre les Etats occidentaux et les émergents, tout comme ces derniers n’ont pas de vision cohérente d’un ordre qui remplacerait celui construit par les Etats-Unis. Face à la complexité du système international actuel, des configurations hybrides ont été imaginées. Joseph Nye parle d’un jeu tridimensionnel selon les aspects de la puissance : le système est unipolaire sur le plan militaire, multipolaire pour ce qui est de l’économie et de la finance et très diffus dans le domaine du soft power.

La fin de la polarité ?

Les Etats ne sont plus unidirectionnellement alignés. Des alliés sur une question peuvent être des adversaires sur d’autres ; il devient impossible d’appliquer simplement les catégories d’amis et d’ennemis. Ainsi, face à l’Etat islamique en Syrie et en Irak, les Etats-Unis se sont retrouvés à défendre les mêmes positions que la Russie et l’Iran.

LE MONDE DES PEERS COMPETITORS

A la recherche du nouveau rival

A peine la victoire a-t-elle été obtenue sur l’URSS que les Etats-Unis se mettent en quête de la future grande puissance qui pourrait remettre en cause la domination des Etats-Unis. Si, au début des années 1990, ils s’intéressent d’abord aux rogues states - ces petits Etats qui ne respectent pas les règles de l’ordre américain -, dans la seconde moitié de la décennie, ils s’inquiètent de l’ascension future de ce qu’ils nomment les « peer competitors », des grandes puissances capables de contester l’hégémonie américaines dans leur région. Le Japon, qui avait tenu cette place dans les années 1980, cesse de préoccuper les Etats-Unis quand il entre en récession en 1990. La Russie plonge dans une décennie de crise interne. L’Union européenne semble un temps pouvoir contester la domination économique américaine, mais elle n’est pas un concurrent stratégique et sa dynamique se bloque avec l’échec du référendum sur le projet de constitution européenne en 2005. La Chine apparaît comme le seul Etat pouvant être un compétiteur crédible. La Russie le redevient au milieu des années 2000 grâce à son redressement (tmtc Poutine le sang).

États-Unis et Chine, une transition hégémonique ?

En 1979, les deux établissent des relations diplomatiques normales et le leader chinois, Deng Xiaoping, visite les États-Unis, ce qui le conforte dans la nécessité de lancer des réformes économiques dans son pays. Les États-Unis défendent une politique d'engagement visant à intégrer la Chine dans le système international. Les Chinois paraissent y répondre favorablement en libéralisant leur économie et en adhérant aux organisations internationales économiques, comme l'OMC en 2001. Conscients De l'écart de puissance avec les États-Unis, ils choisissent une politique prudente jusqu'à la fin des années 2000. Cependant, des tensions détériorent régulièrement les relations entre les deux Etats : répression du mouvement de la place Tian’anmen par les autorités chinoises en 1999. À partir de 2009, après plusieurs années d'apaisement, la Chine affirme plus clairement ambitions mondiales, promeut un rapport d'égal à égal avec les États-Unis et accroît sa pression sur ses voisins. La crise financière a en effet persuadé les Chinois du déclin irrémédiable des Etats-Unis alors que la Chine devient la deuxième puissance économique mondiale et modernise à marche forcée son armée. Un équilibre instable s’établit entre une coopération obligée à cause de l’interdépendance économique et une compétition qui prend les formes d’une lutte pour l’hégémonie. La politique américaine a hésité face à cette affirmation chinoise. En 2009, B. Obama a d’abord tendu la main à la Chine, proposant des partenariats sur les questions de sécurité (programme nucléaire de la Corée du Nord), sur la gestion de la crise économique et sur les enjeux environnementaux (conférence de Copenhague en 2009).  Mais les dirigeants chinois n’ont pas répondu à l’attente de l’administration américaine qui, après 2010, choisit une politique plus ferme en renforçant sa présence militaire en Asie et en resserrant les liens avec ses alliés pour endiguer l’essor de la puissance chinoise. L’obsession chinoise chez les élites dirigeantes américaines traduit l’angoisse des Etats-Unis devant leur perte d’influence. Elle exprime aussi une déception face à l’évolution d’une Chine qui ne s’est pas démocratisée, qui n’est pas devenue un acteur responsable de la gouvernance économique mondiale et qui remet en cause l’architecture sécuritaire américaine en Asie.

Etats-Unis et Russie, une nouvelle guerre froide ?

Les relations sont tout aussi tendues avec la Russie. Pourtant, dans les années 1990, la Russie mène une politique de rapprochement avec l’Occident. Boris Eltsine libéralise brutalement l’économie russe, insère la Russie dans les organisations internationales (FMI en 1992, G7 en 1997) et régionales (participation à l’OSCE, rapprochement avec l’OTAN en 1997 avec la création d’un conseil OTAN-Russie. A son arrivée au pouvoir en 1999, Vladimir Poutine poursuit cette politique en insistant sur l’identité européenne de la Russie. Les « révolutions de couleur » en Géorgie en 2003 puis en Ukraine en 2004 entraînent un tournant majeur de la politique russe. Poutine devient le plus farouche adversaire de la politique américaine. Les relations s’améliorent un temps avec l’élection de D. Medvedev en 2008. Un rapprochement a lieu entre la Russie et l’OTAN, les Etats-Unis renonçant à y intégrer l’Ukraine et la Géorgie. En 2010 est signé le traité START sur la réduction des arsenaux nucléaires. Les Russes s’abstiennent à l’ONU lors de l’intervention occidentale en Libye et entrent dans l’OMC en 2012. Cependant, le retour à la présidence de Poutine en 2012 marque l’échec définitif de la relance de la coopération entre les eux Etats. L’annexion de la Crimée en 2014 provoque la rupture entre les deux Etats et entraîne le vote de sanctions économiques contre la Russie. La politique américaine est en partie responsable de l’opposition de la Russie. Dans les années 1990, constatant la crise profonde du pays, les Etats-Unis ont cessé de considérer la Russie comme une puissance majeure et n’ont plus tenu compte de ses intérêts fondamentaux. Suivant les recommandations du politologue Zbiegnew Brzezinski, dans « Le Grand Echiquier. L’Amérique et le reste du monde » (1997), les Etats-Unis ont tenté de détacher les anciennes démocraties populaires et les anciennes républiques soviétiques de l’orbite de Moscou. Ils ont poussé à un élargissement rapide de l’OTAN vers l’est, proposant même d’y intégrer l’Ukraine et la Géorgie en 2008. L’OTAN intervient au Kosovo en 1999 dans une région historiquement sous influence russe. En 2001, George W. Bush annonce l’intention des Etats-Unis de déployer un système antimissile à l’est de l’Europe (positionné en Roumanie, il est opérationnel depuis 2016), ce qui, selon les Russes, menace l’efficacité de leur dissuasion nucléaire. Enfin, les Américains ont soutenu les « révolutions de couleurs ». La politique américaine a donc été interprétée par les élites russes comme voulant empêcher la Russie de redevenir une grande puissance.

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