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La Mondialisation Et Inegalites

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Par   •  29 Novembre 2012  •  2 595 Mots (11 Pages)  •  1 930 Vues

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Apparu en Espagne en mai 2011, le mouvement des Indignados, rassemblant les « 99 % contre les 1% », s’est étendu à bon nombre de pays occidentaux jusqu’à « occuper Wall Street », interpellant l’opinion publique sur la concentration de la richesse entre les mains de « nantis » capables de tirer parti des atouts d’une économie désormais sans frontière au détriment des populations … Parallèlement, spécialiste international de la question des inégalités et économiste en chef de la Banque Mondiale, Branko MILANOVIC, auteur de The Have and the Have-nots paru en novembre dernier, constate que les « inégalités de revenus entre les populations du monde diminuent depuis le début des années 2000 ». Comment résoudre cette antinomie ? Le débat entre thuriféraires et adversaires de la mondialisation est ancien mais a évolué ces dernières années : peut-on mettre en évidence un lien de causalité entre mondialisation et évolution des inégalités dans le monde ? La mondialisation favorise-t-elle un processus de rattrapage au bénéfice des pays les plus pauvres ? Si corrélation il y a, les termes sont à ce point multidimensionnels qu’ils ne permettent pas de répondre sans explicitation complémentaire. Il convient, notamment, d’indiquer à chaque étape de quelles inégalités il est question.

Thème : Mondialisation

Dossiser réalisé par Sandrine Verdière

Mise en ligne : 1er juin 2012

Une nécessaire clarification des termes

Examinons en premier lieu le sens de ces termes. Mot à la mode depuis les années 1990, la mondialisation – qui aurait débuté au dernier tiers du XIXe siècle - est devenue depuis un concept certes vaste, mais qui peut être circonscrit de la manière suivante : si l’on s’en tient à une dimension strictement économique, il désigne une intégration économique mondiale comprenant l’internationalisation des échanges de biens et services et des capitaux à la faveur d’un démantèlement des frontières physiques et réglementaires. Ce mouvement dominant, qui a également favorisé le déplacement des populations (migrations internationales), a concouru à l’émergence d’acteurs mondiaux que sont les firmes transnationales et à une intensification de la concurrence.

En revanche, la notion d’inégalités, même limitée à l’examen de la disparité des revenus, mérite qu’on s’y arrête plus longuement. En effet, l’on comprend intuitivement qu’il s’agit de différences jugées de plus en plus illégitimes dans un monde où la circulation rapide et peu coûteuse de l’information favorise les interconnections entre citoyens plus avertis. Ainsi, le rapport sur le développement humain du PNUD de 2003 prenait des accents tocquevilliens en indiquant que « les individus prennent de plus en plus conscience des inégalités dans le monde. Ils ne se comparent plus seulement à leurs concitoyens : ils sont désormais également sensibles aux disparités internationales. Ces disparités n’en sont que plus douloureuses et dangereuses. Afin que ces tensions s’apaisent, il est impératif que la vague du développement touche tous les pays ».

A ce stade, il convient de préciser quels sont les points de comparaison. A cet égard, les travaux des économistes de la Banque Mondiale F.BOURGUIGNON et C.MORRISSON datant de 2002 font référence par leur effort de clarification1: ils distinguent trois niveaux d’analyse possibles. On désigne d’abord par inégalités internationales, l’examen des écarts de niveau de vie moyen par habitant entre pays. Si la démarche consiste à s’intéresser aux inégalités au sein de chaque pays entre catégories aisées et démunies, alors il s’agit des inégalités dites « internes », mesurées à partir des quantiles. Enfin, pour obtenir une vision de l’évolution de l’inégalité interpersonnelle entre tous les citoyens du monde, quel que soit leur pays d’origine, on examine les « inégalités mondiales » qui combinent inégalités internes et internationales.

Des inégalités internationales en diminution …

Si l’on se cantonne dans un premier temps à l’examen des inégalités internationales, on observe, avec l’étude précédemment citée, une hausse des écarts de PIB par habitant moyen en parité de pouvoir d’achat depuis 1820 : le revenu par habitant de l’Europe occidentale était à cette date 2,9 fois supérieur à celui de l’Afrique ; il passe à 13,2 en 1992. Autres calculs, ceux de l’économiste Jean GADREY, repris sur le site de l’Observatoire des inégalités2 : en classant en 2004, d’un côté les pays qui dépassent 29 000 $ en PPA – soit 18 pays, dont la France - et de l’autre, ceux qui se situent en-dessous de 1800 $ PPA – essentiellement situés en Afrique subsaharienne - (soit respectivement 10% de la population mondiale à cette date), on obtient un rapport de 33,5 contre 23,9 en 1995 … Les écarts auraient donc tendance à se creuser. Mais, ces données se révèlent beaucoup trop globales pour permettre l’analyse. En effet, la croissance du revenu moyen de certains pays en développement comme la Chine et l’Inde qui, à eux seuls, représentent 37,5 % de la population mondiale, a nécessairement plus d’impact que celle d’autres petits pays. Un indicateur synthétique d’inégalité est donc créé en pondérant le PIB/habitant de chaque pays par son poids relatif dans la population mondiale.

Celui-ci montre un mouvement inverse : un net ralentissement des inégalités depuis le milieu des années 1950. Qui croire ? En fait, il est admis que les disparités économiques déclinent entre les pays à revenu intermédiaire (pays émergents) et les pays les plus riches en raison de taux de croissance systématiquement supérieurs des premiers sur les seconds. Un phénomène de rattrapage, concernant en particulier l’Asie du Sud-Est, s’est mis en marche. Les pays les moins avancés restent en marge de cette progression mais depuis 2005, mais on constate là aussi un léger changement de tendance selon les chiffres de la Banque Mondiale. Comme l’indique l’économiste cité en introduction, les dix dernières années (2000-2010) ont été marquées par une croissance mondiale de 25 % du PIB par habitant, de 11 % pour les pays à revenus élevés, mais de 63,5 % pour les pays à revenus intermédiaires et de 41 % pour les pays à faibles revenus. A la faveur de la crise financière à laquelle les pays occidentaux ont dû faire face depuis 2007, la convergence des niveaux de vie est une vision qui reprend de la vigueur. Elle s’accompagne d’une diminution de la pauvreté absolue : le taux d’extrême pauvreté (population vivant avec moins de 1.25 $

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