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Lycées en ZEP

Étude de cas : Lycées en ZEP. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Octobre 2021  •  Étude de cas  •  1 825 Mots (8 Pages)  •  293 Vues

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Plusieurs Grandes écoles développent des programmes dans les lycées défavorisés afin de diversifier leur recrutement et, plus largement, d’inciter une partie des élèves à revoir leurs ambitions scolaires à la hausse. Les effets de tels programmes ne peuvent se réduire à leur seule efficacité en termes de « discrimination positive ». En effet, la présence et les actions d’une Grande école dans des environnements scolaires et urbains stigmatisés agissent sur le rapport à l’école des parents et des élèves, en contribuant à redéfinir leur perception de la méritocratie, des inégalités et des discriminations. À travers l’étude des programmes Sciences Po dans quatre lycées de la Seine-Saint-Denis, cet article se propose d’éclairer les mécanismes de réception d’une offre scolaire inédite, ainsi que les tensions qui naissent d’une montée des aspirations scolaires et sociales couplée à une perception plus aiguë des inégalités.

Depuis les années 2000, des conventions se sont multipliées entre les principales grandes écoles et certains établissements classés en zone d'éducation prioritaire (ZEP).

Revue Actes de la recherche en sciences sociales

C’est une revue qui a été fondé en 1975 par Pierre Bourdieu et un groupe de chercheurs du Centre de sociologie européenne. Cette revue a pour but de comprendre les phénomènes sociaux de notre époque et d’en apporter une critique

Les auteurs

Cette enquête a été réalisé par trois auteurs : M. Oberti, M. Sanselme et Mme Voisin.

M. Oberti est professeur des universités et directeur de l’Observatoire Sociologique du changement (OSC) qui est un centre de recherche de Sciences Po et du CNRS. Ses thèmes de recherche les plus récents portent sur les classes sociales et les inégalités urbaines et scolaires.

M. Sanselme était chercheur associé au CESDIP (Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales).

Mme Voisin est une doctorante à l’OSC qui a fait sa thèse sur l’ethnicité et les cultures juvéniles dans les quartiers populaires.

Les dispositifs Sciences Po

  • Le programme expérimental : Sciences Po s’est engagé dans un projet-cadre d’établissement. Le but de ce projet est de montrer que des lycées situés dans des zones défavorisées peuvent délivrer un enseignement scolaire de qualité. C’est un objectif dit d’« égalité des chances », tout en gardant une certaine diversité qui peut s’apparenter à une force.

  • Les Conventions Éducation prioritaire : c’est un outil d’ouverture sociale. Le but est de réduire les inégalités sociales et rétablir l’égalité des chances pour les élèves de ZEP. Cela se traduit par les ateliers Sciences Po : c’est un partenariat entre Sciences Po et certains lycées qui répondaient aux critères de l’Etat sur la politique d’éducation prioritaire. Ces lycées organisent avec les professeurs bénévoles des ateliers hebdomadaires où les élèves sont préparés aux épreuves d’admission.

La particularité de Sciences Po réside donc dans le fait de proposer à des lycéens à la fois une formation spécifique et une procédure de sélection spécifique à leur concours d’entrée. Dans le cas des CEP, l’objectif est la diversification de l’élite, dans celui du programme expérimental, c’est l’égalité des chances qui prime. 

Ces actions ont évidemment des conséquences sur les milieux locaux visés : on parle de « requalification scolaire ». Les parents et lycéens de ces quartiers populaires doivent s’adapter à ces nouveautés et les interprétations qu’ils en font sont importantes à comprendre. Même s’ils partagent les mêmes aspirations, les parents et les lycéens n’ont pas nécessairement la smême approche concernant ces initiatives. C’est ce que nous allons ensuite vous présenter. Comment les parents et les lycéens perçoivent-ils ces programmes en concert avec des institutions prestigieuses ?

Dans un premier temps, nous présenterons la vision des parents face au dispositif Sciences Po pour ensuite s’intéresser aux lycéens qui sont au centre dudit dispositif.

Les familles et l’expérimentation : dispositions et fabrication d’un malentendu

  • Des programmes connus de façon imparfaite et inégale

  • « Seul un tiers d’entre eux déclare connaître ces dispositifs. »
  • « Cette connaissance des programmes varie de façon significative selon l’origine sociale, le diplôme et le pays d’origine des parents. »

2 explications principales

  • Le diplôme

« Les parents diplômés sont deux fois plus nombreux à déclarer connaître ces programmes par rapport à ceux non ou peu diplômés (< bac). »

  • Le pays d’origine

« Près de la moitié des parents français disent connaître le programme, et seulement un quart de ceux originaires du Maghreb, et 30% de ceux originaires d’Afrique subsaharienne. »

Le dessaisissement inaugural

  • « L’existence de l’expérimentation est d’abord pour les familles concernées une découverte sur le tard et « sur le tas » ».
  • Soit par l’enfant lui-même, soit par le biais de réunions d’informations tenues quelques semaines après la rentrée.
  • « Les familles affirment en premier ignorer la règle d’affectation de leur enfant au sein de ces classes. »

🡺 Cette absence est significative du peu de volonté partenariale dont fait preuve une organisation scolaire fortement séparée de ses « usagers ».

Exemple p. 112 :

  • Et on vous en a dit quoi ?
  • Rien de spécial. C’est vrai qu’ils parlent de choses qu’on ne comprend pas. Parce qu’on est tous là dans une grande salle, ils parlent, c’est pas évident.
  • Mais … ?
  • (…) Après il y a des grands mots qu’on ne sait pas trop à quoi ça correspond : l’interdisciplinarité, la méthodologie, la transversalité.

D’où ce dessaisissement inaugural des parents qui n’ont pas les moyens de se soustraire entièrement au jeu scolaire.  

Les lycéens face à « Sciences Po » : de la croyance méritocratique aux inégalités

Les actions de Science po qui s’appuient sur des valeurs méritocratiques et d’investissement personnel se voient interprétées d’une certaine manière dans ces quartiers populaires. Les parents ont une forte attente envers l’école et leurs enfants qui doivent en quelque sorte « racheter le sacrifice familial ». Mais ces actions transforment complètement la perception scolaire des lycéens, leur réussite scolaire leur semble possible et beaucoup plus accessible et leurs établissements deviennent le centre d’attention. Elles sont aussi sources de tensions comme nous allons le voir par la suite.

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