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Les banques centrales doivent elles mettre fin à leurs politiques monétaires accommodantes?

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Par   •  1 Mars 2018  •  Dissertation  •  3 281 Mots (14 Pages)  •  828 Vues

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Les banques centrales des pays développés doivent-elles rompre avec leurs politiques monétaires accommodantes ?

Introduction :

        Le 26 octobre 2017, Mario Draghi annonçait la prolongation du programme de politiques monétaires accommodantes de neuf mois supplémentaires ainsi que la réduction du montant des achats d’actifs par la BCE à 30 milliards d’euros par mois sur la période. A l’heure où les investisseurs envisagent déjà l’après quantitative easing, soit le « tapering », les politiques accommodantes sont remises en question quant à leur efficacité actuelle.

        Les politiques monétaires accommodantes sont un ensemble de mesures prises par une banque centrale consistant à augmenter la masse monétaire et à maintenir des taux d’intérêt faibles pour soutenir l’économie. En relançant le crédit et en offrant un financement à moindre coût aux entreprises et aux individus, la banque centrale a ainsi pour objectif de relancer la consommation. On parle de politiques monétaires « ultra accommodantes » lorsque ces mesures se doublent d’achat d’obligations directement sur les marchés par les banques centrales, ce qui a pour conséquence notable d’augmenter leur bilan. Il s’agit donc d’avoir une gestion expansive de la masse monétaire pour soutenir les prix et l’économie via les canaux du crédit, du taux d’intérêt et du taux de change.

La Réserve fédérale américaine a choisi de diminuer son taux d’intérêt directeur à un taux proche de zéro dès 2008 en injectant par la suite plusieurs milliers de milliards de dollars dans l’économie via des achats mensuels de bons du Trésor et de titres garantis par des créances immobilières. Après une longue période de sept ans où les taux avaient été maintenus proches de zéro pour stimuler l'économie dans la foulée de la crise de 2008, la Fed a procédé à quatre hausses : en décembre 2015, décembre 2016, mars et juin 2017. En octobre 2017, Janet Yellen annonçait la sortie progressive de la politique accommodante et la réduction très lente et mesurée du bilan de la Fed. En effet, le programme de rachats massifs d'actifs a fait que le bilan de la Fed atteint aujourd'hui 4 500 milliards de dollars, soit le quart du PIB des États-Unis et à partir d'octobre, la Banque centrale va réduire ses investissements dans les bons du Trésor et titres hypothécaires monétaires.  La BCE quant à elle s’est montrée plus tardive à mettre en place ce genre de politiques monétaires. En janvier 2015, à l’instar de son homologue américaine, elle se lance dans un programme d’assouplissement quantitatif en deux temps avec deux conséquences majeures : l’affaiblissement de l’euro face au dollar (bien que le taux de change ne figure pas dans le mandat de la BCE, il sert ses objectifs) et la baisse considérable du taux de financement des Etats. En 2016, la quantitative easing est augmentée et la banque centrale augmente le montant de ses achats à 80 milliards d’euros, introduit la dette des entreprises à sa palette d’actifs et place son taux directeur à 0% et son taux de dépôt à -0,4%. Suite à cela, lors de son discours à Sintra, Draghi, trop confiant dans l’euro, se place en opposition aux investisseurs qui pensent déjà à l’après politique accommodante. Les banques centrales japonaises et britanniques ont également mené des politiques accommodantes similaires.

Il semble donc que les banques centrales soient entrain de remettre en cause la pertinence actuelle des politiques ultra accommodantes menées au cœur de la crise. Si elles ont eu des effets positifs non négligeables et consensuellement reconnus (notamment en ce qui concerne le risque déflationniste), les politiques non conventionnelles sont pensées pour être utilisées de manière ponctuelles et déterminées dans le temps. De plus, les effets négatifs d’une telle politique semblent excéder ses avantages ce qui pousse les directeurs des banques centrales à envisager la voie de la normalisation des politiques monétaires.

Si les politiques monétaires accommodantes menées par les banques centrales durant la crise et ses suites s’est avérée utile, les risques associés à ces politiques ne l'emportent ils pas aujourd'hui sur les avantages, poussant les BC à normaliser leur politique monétaire ?

Il s’agira donc dans un premier temps de mettre en perspective les avantages et les inconvénients des politiques ultra accommodantes menées par les banques centrales avant d’envisager des perspectives raisonnables du sortie de la quantitative esaing.

 

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II) Les banques centrales doivent par conséquent rompre progressivement avec leurs politiques monétaires ultra accommodantes bien que ce soit une démarche délicate

  1. Les banques centrales doivent faire le choix de la normalisation et ont les moyens de mener à bien cette transition
  1. De la nécessité d’une lente normalisation et des moyens pour y parvenir

S’il s’avère comme nous l’avons vu précédemment qu’il est aujourd’hui nécessaire de rompre avec les politiques monétaires ultra accommodante, la problématique n’est pas de savoir quand il faudra rompre mais comment il faudra rompre. Il ne s’agira donc pas de stopper brutalement les injections de liquidité dans l’économie mais plutôt d’envisager une transition douce vers une normalisation de la politique monétaire menée par les banques centrales. Si l’on prend ici l’exemple de la Fed, sa présidente Janet Yellen se place elle aussi dans cette optique :
« Let me again emphasize that the specific timing of the initial increase in the target range for the federal funds rate is far less important for the economy than the entire expected path of interest rates. » (Transcript of Chair Yellen’s FOMC Press Conference Opening Statement, September 17, 2015).

         Afin de prouver l’importance d’une sortie progressive des politiques monétaires non conventionnelles les économistes Stéphane Lhuissier et Fabien Tripier ont créé un modèle statistique de prévision de la conjecture en se fondant sur l’exemple américain, qui pourrait assez aisément être transposé aux autres économies occidentales. Ils utilisent les données d’enquêtes auprès des intervenants sur le marché des fonds fédéraux (primary dealers ) réalisées par la Réserve fédérale de New York pour définir la trajectoire future du taux directeur de la politique monétaire américaine. Dans le scénario de référence, correspondant aux anticipations moyennes de ces professionnels, le taux d’intérêt évoluerait de la manière suivante durant les six prochains trimestres : 0,25% (T1), 0,50% (T2), 0,75% (T3), 1,00% (T4); 1,13% (T5) et 1,63% (T6). Selon ce scénario, l'activité économique ne devrait pas connaître de ralentissement marqué durant les prochains trimestres avec des taux de croissance de l'indice de la production industrielle en 2016 et 2017 supérieurs à celui prédit pour l'année 2015 (soit 2,42% en 2016 et 2,60% en 2017 contre 1,60% en 2015). De la même manière, le taux de chômage devrait continuer à diminuer, à un rythme ralenti, pour passer en dessous de la barre des 5% en 2016. Selon ce scénario, la sortie progressive de la politique de taux zéro ne serait pas un obstacle à la reprise économique.
 

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