Les Hikikomoris

INTRODUCTION

Au Japon, à la fin des années 90, naît le phénomène « Hikikomori ». Celui-ci signifie « se retirer, se retrancher » en japonais. Ce phénomène de réclusion sociale n’est ni une pathologie, ni un syndrome mais une conduite relevant « une résistance passive » pour près d’un million de Japonais. Ce phénomène de société, s’est répandu dans le monde, y compris en France.

Les personnes en « résistance passive » expriment leurs ressentiments de manière indirecte, plutôt que de manifester clairement et directement leurs convictions. L’Hikikomori en est l’exemple, il désigne un phénomène psychosocial, et se manifeste par un retrait social qui pousse alors les personnes touchées, à vivre reclus, le plus souvent dans leur chambre au domicile familiale. L’Hikikomori refuse toute forme de communication et contacts sociaux, pendant parfois plusieurs mois, mais malheureusement, cela se compte le plus souvent en nombre d’années.

LA PRESSION SOCIALE : PRINCIPAL FACTEUR DU REPLI SUR SOI

La pression sociale prend une place importante au pays du soleil levant. Il existe en effet, dans le système éducatif japonais, un très fort esprit de compétition où l’échec scolaire n’a pas sa place. Dès le plus jeune âge, l’élève subit trois sortes de pression : celle de sa famille, celle de la société et celle de lui-même. Les familles poussent leurs enfants (en particulier les garçons) à toujours viser l’excellence. Ainsi, les enfants subissent une forte pression sociale et familiale dans ce système d’hyper-compétitivité. En cas d’échec scolaire, il y a un risque pour l’individu de se retrouver en marge de la société et ainsi de voir la honte s’installer autour de lui, mais également autour de sa famille. Rappelons que la principale cause de mortalité chez les jeunes de moins de 25 ans est le suicide. Nous pouvons donc dire que l’Hikikomori souhaite alors disparaître de cette société trop exigeante et codifiée, mais l’envie de continuer d’exister reste présente.

Le phénomène des Hikikomoris est complexe car les causes sont propres à chaque individu, nous pouvons tout de même s’avancer sur le fait que celles-ci sont souvent liées au harcèlement scolaire (« L’ijime »), à la peur du monde professionnel (« Le mal du mois de mai ») ou plus globalement, à une difficulté de trouver sa place au sein de la société. De plus, la culture japonaise incite ses habitants à se conformer dans un « moule », elle pousse ces derniers à ne pas développer leurs propres traits de personnalité qui rendent pourtant l’individu unique et le conduisent à se différencier d’autrui.

Ainsi, afin de ne plus se sentir jugé ou évalué, l’Hikikomori va se reclure afin d’enclencher une « logique d’abolition » : abolition des relations, abolition de l’effort intellectuel, abolition de la responsabilité et du développement de la personnalité.

LES PRINCIPALES PERSONNES TOUCHÉES PAR LE PHÉNOMENE

Comme nous l’avons mentionné précédemment, les garçons sont particulièrement visés par la pression provenant de leur famille, et cela explique en partie que 70% à 80% des Hikikomoris sont des hommes. En effet, selon Thierry Guthmann, professeur de Sciences Humaines au Japon, « les garçons ont souvent un fort problème de construction identitaire » dû aux pères japonais qui ont tendance à se montrer plus autoritaire avec leurs fils. Aussi, les adolescents et les jeunes adultes sont majoritairement concernés, en effet, cette période de passage à l’âge adulte fait écho à une certaine responsabilité : c’est la sortie du foyer familial qui laisse place à l’entrée dans une société rigide. C’est également cette approche de l’autonomie qui peut effrayer les futurs Hikikomoris.

LE CYBER ESPACE : L’ÉCHAPPATOIRE

Si certains Hikikomoris coupent tout lien avec autrui, et refusent toute forme de communication verbale, d’autres

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