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Culture générale: Enfants Sous Surveillance électronique

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Par   •  19 Novembre 2013  •  1 410 Mots (6 Pages)  •  753 Vues

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Enfants sous surveillance électronique

Au nom de la sécurité, notre société doit-elle tout accepter ? L'entreprise Lyberta vient de renoncer à équiper des bébés de ses puces électroniques dans plusieurs crèches de la région parisienne. L'information, révélée par Le Parisien en septembre, avait suscité une polémique. Syndicats, municipalités, associations s'étaient indignés de l'arrivée de Big Brother au royaume des tout-petits. Mais, paradoxalement, sur les forums en ligne, les avis étaient partagés : "J'en rêvais depuis que je suis maman, a ainsi écrit une femme sur LePost.fr. Ma fille de 3 ans est sortie de la maternelle, et les maîtresses l'ont retrouvée dans une rue plus loin. (...) Je préfère mettre une puce à mon enfant qu'avoir recours au plan alerte enlèvement." Dans une société qui aspire au risque zéro, fantasme que les politiques agitent à chaque crise en parlant du principe de précaution, sommes-nous prêts à faire porter des puces à nos enfants ?

Pour Alex Türk, président de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL), "le problème de fond est que nous assistons à un déferlement technologique, alors que notre société n'a aucune réflexion sur ces sujets".

Car, avant même qu'un débat ait eu lieu, la technique, elle, est d'ores et déjà efficiente. Ce qui pouvait passer il y a encore une décennie pour de la science-fiction est accessible grâce à l'identification par radiofréquence (RFID). Les puces RFID, sortes de "radio étiquettes", permettent de stocker des données à distance. Il suffit d'apposer, de coller ou d'incorporer cette puce dotée d'une antenne pour qu'un bracelet ou un vêtement devienne non seulement "intelligent", mais également "unique". La puce RFID peut être passive - comme celle incluse dans le passe Navigo de la RATP, qui a besoin d'un émetteur, la borne, pour s'alimenter - ou active. Dans ce dernier cas, la puce est autonome et émet un signal à intervalle régulier. Le lieu à surveiller est maillé de récepteurs qui localisent à tout moment les puces et leurs possesseurs. Près de 150 maternités dans le monde utilisent déjà ce type de système : des bracelets équipés de puces actives permettent de localiser les nouveau-nés dans les bâtiments. L'alerte est donnée lorsque le bracelet est coupé, recouvert ou sorti du périmètre de surveillance.

"Notre premier contrat a été signé en 2001 avec la maternité publique de Birmingham, explique Laurent Levasseur, directeur général de l'entreprise française Bluelinea. Peu de temps avant, un nourrisson avait été kidnappé." La société s'est depuis développée dans 17 pays, notamment aux Etats-Unis, à Hongkong, au Koweït, en Espagne, au Benelux... "Le Portugal et le Brésil ont même légiféré pour rendre obligatoire un dispositif de sécurité individuel dans les maternités pour lutter contre les rapts et les échanges", précise M.Levasseur. Quelque 300 000 bébés ont été équipés dans le monde en 2009. La France n'est pas en reste où près de 50 000 nouveau-nés ont porté une puce en 2009. "Une trentaine d'hôpitaux utilisent notre bracelet, mais le sujet est encore tabou", ajoute M. Levasseur. "En 2009, deux tentatives de rapt ont eu lieu dans des maternités françaises, dont une dans notre région, explique Philippe Cruette, directeur adjoint de la polyclinique Bordeaux-Nord. Nous avons voulu répondre aux craintes des mamans qui avaient eu connaissance de ces faits par la presse." Depuis janvier, le bracelet à puces est ainsi proposé sur la base du volontariat. "Une mère sur deux le demande, précise M.Cruette, plutôt de jeunes femmes qui viennent d'accoucher de leur premier enfant."Si le marché est florissant, le directeur de Bluelinea s'est fixé comme ligne de conduite de n'équiper ni crèches ni écoles : "Les premières demandes sont venues de Belgique, après l'affaire Dutroux. J'ai refusé. Il existe un effet pervers à équiper des mineurs, cela les déresponsabilise. On ne peut pas faire n'importe quoi sous prétexte que la technique le permet." Des considérations qui ne sont visiblement pas de mise aux Etats-Unis. Depuis septembre, une école maternelle de Richmond (Californie) fait porter à des bambins de 3 à 6 ans des maillots de basket dans lesquels sont insérées des puces RFID actives. Le but : économiser 3 000 heures de surveillant. "C'est une école payée par des fonds fédéraux. Les enfants qui la fréquentent viennent de milieux très défavorisés. Les parents ne comprennent pas vraiment les enjeux, explique Nicole Ozer, avocate et membre de l'organisation de défense des libertés American Civil Liberties Union of Northern California (ACLU-NC). Cela a coûté 160 000 dollars. Autant d'argent qui aurait permis d'engager des enseignants supplémentaires. De surcroît, il a été prouvé que ces systèmes peuvent être piratés et mettre encore plus les enfants en danger." La Californie n'en est pas à sa première expérience. En janvier 2005, une école

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