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Article de Gérard Mauger « « La jeunesse n’est qu’un mot ». A propos d’un entretien avec Pierre Bourdieu ».

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Par   •  4 Octobre 2022  •  Fiche de lecture  •  2 259 Mots (10 Pages)  •  280 Vues

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Sociologie des âges : LEON Salomé

Le texte est un extrait d’un article de Gérard Mauger publié dans le 26ème numéro de la revue Agora Débat et Jeunesse en 2001, l’article est intitulé « « La jeunesse n’est qu’un mot ». A propos d’un entretien avec Pierre Bourdieu ». L’article fait partie d’un numéro thématique de la revue, intitulé « Les jeunes dans la société de l’information ». La revue Agora Débat est Jeunesse est une revue de sociologie et de science de l’éducation, elle promeut la réflexion et la connaissance sur la jeunesse. Gérard Mauger est un sociologue né en 1943, il est directeur de recherche au CNRS ainsi que directeur adjoint du Centre de sociologie européenne, ces travaux se concentrent sur la sociologie des âges, ils portent principalement sur les jeunes de classes populaires ainsi que sur la déviance. Il a été un collaborateur de Pierre Bourdieu.                        Dans cet article, il revient sur un entretien entre P. Bourdieu et Anne-Marie Métailié paru dans la « revue française de sociologie » intitulé Les jeunes et le premier emploi, Association des Âges, 1978, repris dans Questions de sociologie, Minuit, 1992 [1980]. Pierre Bourdieu est un sociologue français, considéré comme l’un des sociologues les plus importants de l’après-guerre, ses théories ont exercé une grande influence dans les sciences sociales. Anne-Marie Métailié a fondé une maison d’édition qui porte son nom qui a d’abord été spécialisé dans les ouvrages en sciences humaines. L’objectif de Gérard Mauger est de reprendre les thèmes abordés dans cet entretien entre P. Bourdieu et A.M. Métailié, les expliciter tout en les rapportant à des travaux sociologiques afin de ne pas s’arrêter à ce qui est énoncé dans le langage commun. L’article reprend donc l’idée de P. Bourdieu selon laquelle on ne peut pas parler d’une seule jeunesse car « la jeunesse n’est qu’un mot », il retrace son évolution et montre comment malgré ces divergences la jeunesse peut avoir des intérêts collectifs de génération.

Dans quelle mesure la jeunesse est-elle différenciée et comment malgré cette différenciation elle parvient à avoir des intérêts communs ?

Dans un premier temps, G. Mauger explicite les propos de Bourdieu concernant sa phrase « la jeunesse n’est qu’un mot ». Puis, il cherche à définir ce que l’on entend par jeunesse tout en s’appuyant sur les propos de Bourdieu, mais aussi sur d’autres recherches en sciences sociales. Enfin, il cherche à mettre en avant les évolutions du système scolaire et à comprendre comment ces transformations scolaires ont eu un impact sur la jeunesse mais aussi comment celles-ci s’inscrivent dans les conflits de générations.  

Dans un premier temps, l’auteur reproche au « spécialistes de la jeunesse » de n’avoir retenu de l’entretien entre Bourdieu et Anne-Marie Métailié que le titre de celui-ci, à savoir : « La jeunesse n’est qu’un mot ». Il propose donc de retrouver cet entretien, de le reprendre en le rapportant à d’autres travaux sociologiques sur le sujet qui permettent d’éclairer ce thème de la jeunesse ainsi que les propos de Bourdieu. Le titre de cet article souvent repris sous-entend que la jeunesse n’est pas une donnée. G. Mauger reprend les mots de Bourdieu qui explique que parler de « jeunesse » est un abus de langage, car cela tend à réduire la diversité de ces formes. Ainsi, Bourdieu annonce qu’il faut au moins distinguer deux jeunesses. G. Mauger met en avant ces deux jeunesses. Il y a les héritiers qui ont été étudié par Bourdieu, mais aussi d’autres sociologues comme Jean-Claude Passeron, il y a aussi la « jeunesse sans avenir » étudié par de nombreux sociologues comme Michel Pialoux, Gabrielle Balazs ou encore Jean-Pierre Faguer chacun les nommant d’une façon différente. Le sociologue rappel ainsi qu’on ne peut continuer à parler d’une jeunesse comme si des jeunes de milieu social opposé constitués le même groupe avec les mêmes intérêts et les mêmes expériences. Il prend un exemple en opposant les jeunes de Neuilly et les jeunes d’Aubervilliers qui ont des expériences et des conditions de vie bien différentes. Selon l’auteur cet abus de langage à considérer la jeunesse comme étant un seul et unique groupe continu de se propager malgré les démentis sociologiques, car la jeunesse dominée trouve un avantage à être associé à l’ensemble de la jeunesse. Ce terme de jeunesse cache une réalité sociale, celle de l’inégalité sociale. G. Mauger montre que pour Bourdieu la question de la classe prédomine sur la question de l’âge, il ne faut pas chercher une définition unique de la jeunesse, mais au contraire chercher la pluralité de ses expériences.

L’auteur ne limite pas l’entretien de Bourdieu à la simple mise en avant du fait qu’on ne peut pas réduire la jeunesse à une unité, mais que celle-ci est plurielle. Dans l’entretien Bourdieu tente aussi de définir cette jeunesse plurielle. G. Mauger tente donc de la définir à travers les termes de Bourdieu, mais aussi d’autres sociologues. Ainsi, il rappelle que pour Bourdieu la jeunesse n’est pas « une unité sociale (…) doter d’intérêts communs » mais elle est pour Bourdieu « une séquence biographique ». La jeunesse est une étape de la vie qui est caractérisée par le fait d’être entre deux mondes celui de l’enfance et celui de l’âge adulte, elle n’est pas encore entrée dans l’âge adulte, mais elle n’est plus enfant. C’est une étape intermédiaire, qui a deux effets pour Bourdieu : il y a une « mise hors-jeu », ce qu’il entend par là, c’est la une mise à l’écart des enjeux dit « d’adulte », une distance mise par rapport aux enjeux du monde, les jeunes sont en dehors du travail, en dehors du milieu social qui les détermine. Le deuxième effet est une « incohérence statutaire », c’est-à-dire qu’il y a dans cette étape de la vie une volonté de garder certains privilèges de l’enfance qui sont en train de se perdre tout en essayant de contourner des choses qui était jusqu’à là des interdits. Les jeunes sont présents dans deux mondes (celui des adultes et celui des enfants) c’est donc pour Bourdieu « un moment critique ».

Par la suite G. Mauger revient sur l’évolution de la jeunesse et pourquoi on la caractérise comme une seule. Il met en avant le fait que la prolongation du temps de la scolarité a eu de nombreux effets. Cette généralisation de la prolongation du temps de scolarité a brouillé les oppositions entre les deux jeunesses que distinguait P. Bourdieu. Car même si le temps de scolarité varie selon les jeunes cette expérience de la scolarité c’est allongé, les enfants de classe populaire sont encore à l’école à l’âge où leurs parents travaillaient déjà. Ceci a pour effet que désormais ces jeunes de milieux défavorisés ont l’occasion de se poser la question de leur avenir et ne se disent pas d’emblée qu’ils vont exercer le même métier que leurs parents. La généralisation de la prolongation du temps scolaire à un autre effet, celle d’une « manipulation des aspirations ». En effet, les jeunes des classes populaires ont maintenant accès à des études qui autrefois leur était inaccessibles et le système encourage ces enfants à atteindre ce niveau scolaire. Les jeunes des classes populaires aspirent à de nouvelles choses, avant ils savaient qu’ils allaient être classe populaire, mais l’accès aux mêmes études que les autres classes leur transmet des aspirations (si tu travailles bien tu pourras augmenter socialement, avoir un autre métier) alors même qu’ils n’en ni les moyens, ni les ressources, ni les mêmes contraintes sociales. G. Mauger note aussi que la démocratisation scolaire s’accompagne d’une dévaluation des titres scolaires, car il y a plus de gens qui ont ces titres et car tout le monde y a accès (même les classes populaires) ce qui fait perdre de la valeur au titre. Il y a donc un décalage structurel entre les aspirations que l’école apporte et la réalité effective de les atteindre. Désormais le classement scolaire est un classement social, ce qui selon P. Bourdieu rend naturel les différences de classe en le faisant passer pour une différence d’intelligence.

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