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La prévention spécialisée face à la radicalisation

Étude de cas : La prévention spécialisée face à la radicalisation. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Janvier 2023  •  Étude de cas  •  2 160 Mots (9 Pages)  •  176 Vues

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ATMANI Salim           La prévention spécialisée face à la radicalisation             Promo 56 ES A2

Introduction

Lors de mon stage en prévention spécialisée nous avons été conviés par le responsable de la mission de sécurité du Conseil départemental du Val d’Oise à la présentation du plan de lutte contre la radicalisation. Suite à cette réunion je me suis posé des questions sur nos capacités réelles en tant qu’éducateurs spécialisés à intervenir dans ce cadre ainsi que sur les leviers qui étaient mis à notre disposition dans le domaine de la lutte contre la radicalisation. Avant de commencer ce travail et afin d’écarter toute mauvaise interprétation je commencerais par définir les termes importants et en premier lieu la radicalisation qui a été définie par le sociologue franco-iranien Farhad Khosrokhavar en 2014 dans son ouvrage Radicalisation comme étant « un processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel » (p. 8).

Cependant, lors de mon stage et des différents entretiens menés pour la rédaction de ce devoir[1] il a été signalé que les éducateurs étaient très frileux en ce qui concerne les actions qui pouvaient être menées dans le but de prévenir la radicalisation. Alors comment peut-on expliquer ce manque de réponse qui contredit l’action d’un éducateur de prévention ?

  1. Aux sources de la radicalisation

L’idée selon laquelle l’immigration irrégulière aurait un lien avec la radicalisation émerge assez vite mais elle est réfutée par le sociologue François Héran qui prend pour exemple le cas de Khaled Kelkal[2] en rappelant que beaucoup de ces jeunes ont grandis en France tout en interpellant ses confrères pour ce qui est du manque de données sur le sujet et indiquant que le peu de chiffre qui sont à notre dispositions doivent être utilisés avec prudence[3].

Romain Sèze dans son livre « Prévenir la violence djihadiste » publié en 2019 explique que la réaction des pouvoirs publics a été très lente, en effet si l’islam a occupé une place médiatique forte à partir d’octobre 1989 et « l'affaire des tchadors » de Creil, la prise en compte des enjeux sécuritaires liés au radicalisme a été très tardive et s’est faite à partir de 2010. Les quartiers populaires ont très vite été pointés du doigts comme des lieux favorables au développement de ce phénomène. Le politologue Gilles Kepel établit un lien de causalité entre les problèmes sociaux des banlieues et le djihadisme[4].

Farhad Khosrokhavar est un sociologue spécialiste de l’islam en prison qui s’impose rapidement dans le débat public comme l’une des références sur ce sujet. Il publie en 2014 un ouvrage au titre explicite : Radicalisation, et propose la définition suivante : « Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux qui conteste l’ordre établi sur le plan politique, social ou culturel » (Khosrokhavar, 2014, p. 8)

Le travail d’un éducateur de prévention spécialisée est polymorphe, il exerce ses missions dans la rue et son outil de travail est la création de lien par le biais de ce qu’on appelle « l’aller vers ». L’éducateur est sur le terrain et analyse les différentes problématiques que peuvent rencontrer les jeunes. Par le biais de ses nombreux partenaires, le club de prévention spécialisée permet d’apporter des réponses et un soutien éducatif à un public âgé de 11 à 25 ans. Cette tranche d’âge intermédiaire entre l’enfance et l’âge adulte revêt une importance fondamentale dans le développement d’un individu, en effet s’il est admis qu’en moyenne la puberté commence à partir de 11 ans, le Dr. Daniel J. Siegel dans son livre « Le cerveau de votre ado » (2018) situe la maturité du cerveau aux alentours de 25 ans.

L’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe dans sa Résolution 2103 (19 avril 2016)[5] parle ainsi du phénomène de radicalisation qui s’est développé chez les plus jeunes et inclus le rôle des travailleurs sociaux lorsqu’il est question de la stratégie de lutte à adopter face à ces questions.

  1. Quels outils pour les éducateurs ?

Lors d’un entretien effectué dans un Service Jeunesse, un éducateur ayant une expérience de 18 ans dans le domaine de la prévention spécialisé affirma que ce domaine est l’un des champs du social les plus politisé. J’ai également pu faire cette observation en stage lors de nos différents déplacements à certains évènements organisés par la municipalité où nous faisions acte de présence afin d’être vu par les élus et entretenir des bonnes relations avec nos différents partenaires ce qui pouvait mettre au second plan les temps de travail de rue. Le chef de service était très attentif à la réputation des partenaires qui pouvaient être appelés par l’équipe dans le cadre d’activités.

Lors du travail de rue nous sommes amenés à discuter avec les jeunes de sujets personnels et de sujets d’actualité, l’idée de se rapprocher de l’association cultuelle musulmane de la ville[6] afin de répondre à certaines questions que pouvaient se poser certains jeunes et pour lesquelles les éducateurs n’avaient pas de réponse a donc vite été balayée car il serait mal perçu d’associer notre travail à celui d’un représentant religieux. Pourtant la création de ce partenariat dans le cadre de la prévention de la radicalisation aurait répondu à un besoin formulé par l’Assemblée parlementaire qui demande aux communautés religieuses de travailler vers une approche axée sur la prévention. La complémentarité de nos compétences aurait donc pu être une réussite si elle avait été travaillée en amont avec un cadre bien défini.

Les équipes de prévention spécialisée bénéficient de journées de formations collectives qui sont initiées afin de répondre aux besoins des salariés. Elles permettent ainsi de travailler sur des problématiques observées sur le terrain qui sont remontées au chef de service. Lors de ces journées il peut ainsi être demandé par les éducateurs d’être formé sur les questions de la radicalisation et les réponses qui peuvent être apportées aux jeunes mais également de connaître le champs d’action que nous avons en notre possession en qualité d’éducateurs. C’est dans ce cadre qu’une équipe de prévention spécialisée a eu l’opportunité d’avoir la visite d’un criminologue qui a permis de parler des profils identifiés qui se radicalisent sans aborder le sujet religieux en tant qu’élément central.

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