Le modèle de Kingdon

Kingdon

Le modèle de Kingdon s’intéresse particulièrement à la phase de l’émergence des politiques publiques en essayant de comprendre pourquoi certains problèmes de société arrivaient à l’ordre du jour politique et d’autres non.

En s’appuyant sur le modèle de la « boîte à ordures » de Cohen, March et Olsten (1972), qui professent le caractère aléatoire des prises de décisions des responsables de politiques, Kingdon suggère que pour qu’un problème arrive à l’ordre du jour il faut que trois courants qui évoluent indépendamment soient couplés afin d'influencer l'agenda gouvernemental, autrement dit, les priorités du gouvernement. Les trois courants en question sont : le courant des problèmes, le courant des solutions et le courant de la politique. Ce dernier courant fait référence aux normes sociales, aux idées prégnantes dans la société auxquelles sont aussi sensibles les décideurs politiques. Selon ce modèle, les trois courants doivent être présents en même temps. Par exemple, un problème peut être reconnu par les décideurs, mais en l’absence de solutions acceptables il ne fera pas l’objet de politique. De plus, le modèle reconnaît l’importance des acteurs qui consacrent temps et énergie pour assurer le couplage des courants et qui savent profiter de l’ouverture d’une fenêtre d’opportunité pour propulser un problème dans le programme gouvernemental.

Pour plusieurs auteurs tels que Sabatier et al, l’intérêt de ce modèle est d’avoir intégré le concept des idées et des croyances comme source d’influence de la décision, venant ainsi enrichir les modèles plus traditionnels basés sur les intérêts personnels dans la prise de décision. Il faut noter qu’il est reproché au modèle des courants de peu considérer les facteurs environnementaux et de peu répondre aux critères d’un modèle théorique, à savoir sa capacité à générer des hypothèses de recherche et à prédire les résultats. Malgré ces critiques, il s’agit d’un modèle qui est beaucoup utilisé en analyse de politiques.

Coalitions plaidantes

Selon le modèle des Coalitions plaidantes, élaboré par Sabatier et Jenkins-Smith, le changement politique est le résultat de la compétition entre deux à quatre coalitions, formées de groupes et de personnes de provenances diverses, qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes croyances et qui entretiennent des liens fonctionnels entre eux afin d’influencer les décisions politiques favorisant leur point de vue.

Dans ce modèle, une politique est maintenue en place tant que le jeu de pression des coalitions se poursuit. Un changement de politique est le fait de modifications dans les schèmes de référence des coalitions dues soit à des changements importants dans l’environnement social, culturel et économique, ou autre.

Cette vision comporte deux innovations dans la façon d’aborder le processus d’élaboration des politiques publiques.

- La première est le fait d’analyser une politique en fonction d’un sous-système de politique, qui dépasse le seul secteur gouvernemental concerné par une politique donnée. Ainsi, une analyse d’une politique dans le domaine du transport, par exemple, devra prendre en compte non seulement les acteurs à l’intérieur du ministère du Transport, mais aussi ceux de tous les autres ministères et organismes intéressés par la politique en question. Ceux-ci se regroupent de façon naturelle pour une option selon leurs croyances et valeurs.

...