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Fiche de lecture : Pour en finir avec l'arme nucléaire Pierre Villard

Fiche de lecture : Fiche de lecture : Pour en finir avec l'arme nucléaire Pierre Villard. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Octobre 2016  •  Fiche de lecture  •  2 059 Mots (9 Pages)  •  857 Vues

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Pierre Villard est professeur de mathématiques et de sciences physiques en lycée professionnel, co-président du Mouvement de la Paix, membre du comité de coordination internationale d’Abolition 2000 et coordinateur, pour la France, de la Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire (ICAN). Fondé au lendemain de la seconde guerre mondiale par des personnalités issues des différents courants de la Résistance, le Mouvement de la paix est une association pacifiste française. Mobilisé depuis ses débuts en faveur de la paix dans le monde, il fut à l’initiative de nombreuses campagnes, par exemple au moment de la guerre du Vietnam, lors de la crise des euromissiles dans les années 80 et, en 1995, contre les essais nucléaires à Mururoa. Depuis les années 2000 le Mouvement de la paix anime en France les larges réseaux d'opposition aux guerres.

L’ouvrage est publié aux éditions La Dispute, collection « changer la politique », qui vise essentiellement à diffuser auprès du grand public des connaissances en sciences sociales et en vulgariser les enjeux, les débats, dans une perspective d'émancipation citoyenne.

L’auteur, convaincu que l’arme nucléaire est une utopie sécuritaire à la frontière de la dystopie, livre un plaidoyer pour l’application, sur le modèle de celles des armes chimiques, biologiques et bactériologiques, de la Convention d’éliminations des armes nucléaires afin d’en finir avec l’arme nucléaire.

L’ouvrage s’ouvre sur une remise en question de la théorie de la dissuasion. Pierre Villard livre ici une analyse personnelle qui critique le contexte d’émergence de l’arme nucléaire. Cette dernière est l’arme d’un monde figé. Son opérabilité dans la mondialisation et dans le contexte d’une guerre contre le terrorisme est particulièrement douteuse, car les pôles et logiques de puissances ne sont plus les mêmes que lors de la Guerre Froide. Au contraire, c’est plutôt le défi de la prolifération et en particulier l’acquisition par des groupes terroristes de l’arme nucléaire qui apparaît comme une menace sérieuse. Les États nucléaires entretiennent ce risque en refusant de se séparer de leurs bombes. Par ailleurs, il est aujourd’hui difficile de penser comment l’arme nucléaire pourrait être utilisée au regard de l’existence de la Cour Pénale Internationale.

De fait, l’arme nucléaire s’avère être une arme de destruction massive au service des vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’une arme au service des puissants qui vise à leur permettre de conserver leur prééminence dans les relations internationales. L’arme nucléaire est donc un outil permettant la pérennité des logiques de domination.

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Ensuite, Pierre Villard présente longuement les périls quotidiens du nucléaire, l’impact concret d’une arme atomique et, surtout, il énumère les opportunités manquées de la dénucléarisation. Cela lui permet d’une part de faire cas appart du nucléaire civil, qu’il ne condamne ni ne cautionne, rappelant que son mouvement et son livre se concentrent sur le nucléaire militaire. Cela lui donne d’autre part l’occasion de constituer, à partir de faits surprenants, voire choquants, un socle propice à son argumentaire.

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Ainsi préparé, il justifie l’idée d’abolir de l’arme nucléaire. D’abord, il existe un parallèle fondamental entre le changement climatique et le péril atomique. L’un est l’autre menacent la survie de l’humanité. Toute la différence réside dans l’espace temporel. Une catastrophe nucléaire militaire peut avoir lieu à tout moment et en un laps de temps extrêmement rapide. Elle aurait des conséquences terribles sur le climat. En effet, les bombes nucléaires peuvent créer un hiver nucléaire issu du soulèvement de poussières consécutif aux explosions et aux incendies, provoquant ainsi des nuages opaques, déréglant les écosystèmes et l’agriculture en les privant de l’énergie solaire.

Est ensuite développée l’idée selon laquelle l’arme nucléaire serait illégale car elle persiste malgré toutes les condamnations ainsi que tous les traités et promesses qui visaient son démantèlement.

L’auteur effleure alors la question économique et financière pour dénoncer le coût de ses armes, avec l’idée avouée de jouer sur cette notion de coût : de quel coût parle-t-on ? Du coût économique et financier ? Du coût environnemental ? Du coût démocratique ? Il n’omet pas de rappeler par ailleurs ce que ces armes infligent à la coopération internationale et à aux valeurs fondamentales de l’Europe et de la France.

Enfin, au regard des coûts de l’arme nucléaire, Pierre Villard s’indigne de son impact militaire inexistant. Si le terrorisme s’avère être la menace majeure du début du XXIe siècle, il est tout à fait clair que la bombe ne pourra être d’aucune utilité.

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La présentation précise de ces arguments emporte alors suffisamment l’adhésion pour développer ses propositions pour abolir l’arme nucléaire. Différents moyens pour abandonner l’arme nucléaire existent : une action multilatérale, notamment à l’ONU, est envisageable et souhaitable bien que la lenteur du processus ainsi que le fonctionnement du Conseil de Sécurité donne clairement l’avantage aux pays nucléaires. Une décision unilatérale pourrait être motivée par un référendum. Aux yeux de l’auteur, la possession de l’arme nucléaire est un choix politique. Comme il s’agit d’un choix majeur, la population et la société civile doivent être impliquées dans ce processus décisionnel pour assumer la possession ou l’abandon d’une telle arme.

L’auteur étudie alors soigneusement les dispositifs juridiques contraignant aujourd’hui l’acquisition de l’arme nucléaire. Ces entraves ont beaucoup avancé, notamment grâce au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE ; 1996), au Traité sur l’interdiction des matières fissiles (FMCT ; 2010), au Traités sur l’espace et les océans (1971) ; mais il est clair que la base de travail reste le Traité de Non-Prolifération (TNP). Ce traité, entré en vigueur en 1970, et aujourd’hui ratifié par 189 pays, à l’exception de l’Inde, d’Israël et du Pakistan tandis que la Corée du Nord a dénoncé le traité en 2003. Ce retrait n’est pas valide en raison d’un vide de procédure et d’une volonté de poursuivre le dialogue. Les trois autres États ne peuvent pas être reconnus États doté de l’arme nucléaire car ils ont effectué leurs tests après le 1er janvier 1967. Pour être reconnu État partie au TNP, ils doivent d’abord démanteler leurs installations, ce qu’ils refusent.

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