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La Démocratie et la Paix en Afrique

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Par   •  3 Octobre 2013  •  2 980 Mots (12 Pages)  •  1 005 Vues

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AFRIQUE: La Démocratie et la Paix en Afrique

Eric Edi, PhD - 04/03/10 - La montée de l’intolérance et des conflits ethniques, religieux, politiques, et électoraux dans cette période de mondialisation et de démocratisation soulève des interrogations sur la corrélation entre la démocratie et la paix.

Le Liberia, la Casamance, le Nord du Mali, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Congo, la Centrafrique, le Soudan, la Somalie, etc. évoquent certes des cultures africaines mais aussi, ces pays et ces régions riment avec des guerres atroces, des déplacements constants de population, et avec la pauvreté. La liste n’est pas exhaustive mais elle traduit la contradiction la plus flagrante que vit l’Afrique. En fait, depuis la mort des partis uniques à la fin des années 1980 et l’échec de leurs programmes de développement, la démocratie est devenue la fonction première du discours social et politique en Afrique. Elle est vue comme la voie royale pour sortir du marasme économique et de la léthargie politique1 des pays africains malgré l’affluence des aides financières et des programmes d’ajustement structurels des années 1980. La volonté de démocratie des africains explique mieux le retour du multipartisme entre 1989 et 1992. Depuis cette période, les acteurs politiques prétendent que la démocratie est l’objet principal de leurs idéologies et de leurs actions. Par exemple, les rebelles qui ont tenté de prendre le pouvoir ou qui ont déclenché des rebellions et des guerres civiles en Guinée Bissau, en Côte d’Ivoire, au Mali, et au Tchad pour ne citer que ces exemples, disent avoir agi au nom de la démocratie, comme pour se donner bonne conscience et éviter les sanctions internationales. Le récent renversement du Président Tanja au Niger le 18 février 2010 est, selon les militaires, un acte de recadrage de la démocratie. De même, des régimes civils ou militaires au Togo, au Burkina Faso, à Madagascar, et au Gabon ont tripatouillé les constitutions pour prendre ou pour s’éterniser au pouvoir au nom de la démocratie. Il n’est point besoin de rappeler que les syndicats de travailleurs et d’étudiants, qui se sont dressés contre les pouvoirs africains au début des années 1990, ont revendiqué l’instauration d’un débat démocratique comme objet de leur lutte. En Côte d’Ivoire, la Fédération Estudiantine et Scolaire de Côte d’Ivoire prônait : « il n’y aura pas d’école nouvelle sans démocratie. »

Pour avancer dans le débat, des esquisses de définition de la paix et de la démocratie sont nécessaires. Pour la paix, on pourrait commencer par la définition qu’en donne Houphouët-Boigny selon laquelle « la Paix ce n’est pas un mot, c’est un comportement2.» Nonobstant sa superficialité, cette définition indique que la paix fait partie des concepts dont la valeur réside dans leur mise en application au quotidien. Une société est en paix lorsqu’elle vit dans le calme sans faire face à des troubles de nature à la désintégrer. Une société vit en paix quand ses membres peuvent s’organiser librement autour de valeurs matérielles et immatérielles dans lesquelles tous se reconnaissent et que tous respectent. Dans une société en paix, il y a le respect du droit fondamental de tout individu à vivre, à se nourrir, à se soigner, à se former, à pratiquer sa religion, à penser, à s’exprimer librement, à résider, à travailler librement et à être justement rémunéré. La paix est à la fois une construction de l’individu et de la collectivité ; elle évoque des paramètres abstraits et concrets. Par exemple, l’assertion populaire : « un homme qui a faim n’est pas un homme libre, » insiste sur le fait que le manque de nourriture crée un déséquilibre entre l’esprit et le corps. Tant que ce déséquilibre existe, la paix n’existe pas. Dans la Bible, Jésus-Christ a multiplié le pain et le poisson pour nourrir 5.000 personnes parce que la faim les rendait réfractaires à l’Evangile3. « Ne dit-on pas que ventre affamé n’a pas d’oreilles?» Donc la paix évoque une situation dans laquelle l’être humain dans sa composante matérielle et spirituelle est en équilibre avec lui-même et avec les autres membres de la société dans laquelle il évolue.

Selon Robert Dahl4, le débat sur la démocratie est vieux de plus de 2.500 ans. La démocratie est universelle mais multiforme. Elle prend forme quand les conditions le permettent par invention indépendante ou par diffusion. Quelle que soit son mode d’émergence, la démocratie est toujours fonction des acteurs sociaux et politiques de la société dans laquelle elle émerge. C’est pourquoi une démocratie imposée par des forces extérieures est improductive et combattue. Plusieurs conflits en Afrique sont liés à la démocratie imposée dont l’une des dimensions aujourd’hui est la formation de gouvernements d’union nationale ou de réconciliation dans lesquels se retrouvent les « belligérants. » C’est en fait la nouvelle philosophie de partage du pouvoir, qui, malheureusement, perpétue les conflits au lieu de les éteindre. Le Zimbabwe, le Kenya, le Soudan, la Côte d’Ivoire sont les exemples les plus vivants de l’échec des gouvernements d’union soutenus par la communauté occidentale qui s’est elle-même dotée du titre de communauté internationale. En outre, depuis 1990, jamais aucune élection ne s’est déroulée en Afrique sans heurts. Même les pays comme le Ghana et le Benin qui ont fait dire à Jean-Ping5 que la démocratie gagnait du terrain en Afrique, ont eu leur part de problèmes électoraux, qui il faut le souligner n’ont pas menacé leurs intégrités.

C’est dire qu’une bonne démocratie s'accommode du milieu ou elle se développe. Ainsi, la démocratie ivoirienne ne peut pas être la démocratie française, encore moins celle des Etats-Unis. C’est ici le lieu de mettre en exergue l’idée du professeur Tessy Bakary qui rejette les expressions « démocratie à l’ivoirienne, » « démocratie à la Burkinabé » etc., qui traduisent en réalité une volonté de falsification de la démocratie. La démocratie est une mode d’organisation politique, sociale, et économique dynamique. Les pays qui sont démocratiques ont atteint ce niveau en transformant l’idéal démocratique en réalité. En 1776, la démocratie naissante des Etats Unis professait l’égalité des Hommes mais excluait les Noirs et les femmes de ce système égalitaire. Mais les luttes pour les libertés civiles et pour le droit des femmes, toutes basées sur l’idéal démocratique, ont permis de corriger ces tares qui malheureusement existent dans des formes subtiles et institutionnelles aujourd’hui. Le combat des associations pour la reconnaissance de droits civils

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