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Crimes, mémoire, nation et pardon

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Par   •  17 Octobre 2022  •  Dissertation  •  5 288 Mots (22 Pages)  •  227 Vues

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CRIME, MEMOIRE, NATION ET PARDON

Sommaire

I. Nécessité d'un devoir de mémoire

1/ Le respect des victimes

2/ Eviter de reproduire les erreurs du passé

3/ Un outil de cohésion et d'identité des peuples

II. Le combat du devoir de mémoire

1/ La falsification de l'histoire

2/ Eviter de reproduire les erreurs du passé

III. Les risques liés au mauvais usage du devoir de mémoire

1/ Raviver le passé pour atténuer le présent

2/ De l’institutionnalisation à la banalisation

IV. Les possibles remèdes aux dangers d'une mémoire pervertie

1/ Faut-il substituer l'histoire à la mémoire

2/ Les dangers d'une mémoire pervertie justifient-ils la prétention d'un droit à l'oubli ?

V. L’idée d'une démarche en faveur de la justice et / ou du pardon.

1/ Certaines formes de pardon et leurs limites

2/ L'oeuvre de justice venant dépasser l'alternative devoir de mémoire / droit à l'oubli

VI. Le pardon comme dépassement de l'alternative devoir de mémoire / droit à l'oubli

VII. Rôle de l'éducation dans le devoir de mémoire

Annexe

Bibliographie

En Décembre 2001 a eu lieu à La Haye le prononcé du jugement du tribunal de Tokyo afin d'établir la culpabilité des soldats de l'armée impériale japonaise de l'Empereur Hirohito pendant la guerre mondiale. Ce tribunal populaire, présidée par Gabrielle Kirk MacDonald, ancienne présidente du Tribunal International de l'ex-Yougoslavie a été crée à l'initiative d'organisations non gouvernementales défendant les droits de l'homme et des « femmes de réconfort », victimes des agissements de l'armée. L'armée japonaise s'est en effet rendue coupable de crimes contre l'humanité en organisant des camps mettant à la disposition des soldats des femmes afin de satisfaire leurs besoins sexuels : ainsi, ont elles subies des viols collectifs, associés à des stérilisations forcées, des tortures sexuelles. Ce véritable esclavage sexuel n'a toujours pas été reconnu par le gouvernement japonais, qui a dénié aux femmes victimes le droit à des excuses publiques. L'institution de ce tribunal a essentiellement vocation à instituer un droit de parole publique aux victimes.

Ce droit de parole, qui présente plusieurs vertus, est aussi bien attaché à l'idée d'un devoir de mémoire qu'à celle d'un droit à l'oubli. Lié au devoir de mémoire, la parole qui est accordée aux victimes permet de remémorer les erreurs et massacres du passé, de leur attribuer une place dans l'histoire, de les porter à la connaissance des jeunes générations pour empêcher leur répétition. Lié au droit à l'oubli, la parole qui est accordée aux victimes facilite leur travail de deuil et rend possible le pardon.

I. Nécessité d'un devoir de mémoire

1/ Le respect des victimes

Dans son ouvrage « La mémoire, l'histoire, l'oubli », Paul Ricoeur rappelle la fonction de la dette éthique de l'histoire vis-à-vis du passé. Pour lui, « le devoir de mémoire est le devoir de rendre justice, par le souvenir, à un autre que soi ». C'est donc dans cette dimension de dette et de justice, que la mémoire serait l'objet d'un devoir.

Toutes les manifestations de repentance, même si elles apparaissent insuffisantes procurent une satisfaction aux victimes et sont bien accueillies dans la mesure où leurs souffrances sont reconnues, ce qui leur permet de reconstruire leur identité. En quelque sorte, la reconnaissance permet d'éviter le deuxième coup porté par le bourreau dont parle Elie Wiesel, car ce deuxième coup c'est l'oubli et la reconnaissance officielle d'un crime marque à jamais son existence dans l'histoire.

2/ Eviter de reproduire les erreurs du passé

Garder toujours à l'esprit les erreurs du passé devrait nous conduire à réfléchir sur les conséquences de nos actes présents. En effet, ce qui fait que la mémoire peut apparaître comme un devoir est que le fait de repenser les erreurs du passé devrait nous encourager à ne pas les reproduire dans le futur : « ceux qui n’ont pas la mémoire du passé sont condamnés à le revivre ».

Le fait de nous identifier aux victimes des massacres passés, non pas pour en garder une envie de vengeance, mais pour en mesurer la souffrance et les blessures doit nous mener à nous révolter contre tout nouveau recours à de telles violences.

Nous constatons malheureusement que ceci ne suffit pas : si nous prenons le cas de la France, les souffrances de la deuxième guerre mondiale avaient conduit à un unanime « plus jamais ça » et pourtant, des soldats n'ont pas refusé à recourir à la torture pendant la guerre d'Algérie. Ils avaient pourtant eu le temps de réfléchir et de consulter leur conscience et ce, même si leur condition de soldat en guerre les avait fait basculer dans une autre dimension, « autorisant » tous les recours pour gagner la guerre.

Certaines questions peuvent également être soulevées en ce qui concerne le Rwanda où certains Français portent une part de responsabilité de crimes graves. Toute la vérité sur ce conflit n'est d'ailleurs toujours pas éclaircie. Ces contre-exemples montrent à quel point la mémoire est importante : si les Français sont allés jusque là, c'est que le travail de mémoire était encore insuffisant

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