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Evolution de l'homme cas

Analyse sectorielle : Evolution de l'homme cas. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Février 2016  •  Analyse sectorielle  •  765 Mots (4 Pages)  •  683 Vues

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On assiste aujourd'hui à un retour en force du «religieux». Au sens large,  puisque ce phénomène embrasse aussi bien la montée de l'islam et la popularité de Jean-Paul II que la prolifération des sectes et l'inspiration catholique de Solidarnosc. Dans les pays occidentaux, malgré un déclin de la pratique religieuse et un rejet de plus en plus répandu des dogmes chrétiens, voici un regain du besoin de croire. Besoin qui se traduit, dans l'Église, par un goût pour la religion «populaire» qui, en dépit du mépris dans lequel un certain clergé élitiste le tenait depuis le concile, a résisté au mouvement de sécularisation — comme l'a très bien compris JeanPaul II en s'adressant aux foules par-dessus la tête des intellectuels progressistes. En effet, les chrétiens « festifs » continuent à fréquenter les églises pour les grandes fêtes liturgiques, ainsi que lors des rites de « passage » : baptême, mariage, funérailles. L'attirance pour les belles cérémonies traditionnelles, l'affluence dans les monastères pour faire retraite et le succès inattendu d'une revue de spiritualité populaire comme Prier montrent une nostalgie diffuse, et parfois confuse, pour des valeurs spirituelles trop souvent négligées. En dehors des Églises, ce besoin religieux prend différentes formes, allant d'un intérêt pour le zen, le yoga, le bouddhisme tibétain et les synthèses entre sagesses orientales et occidentales tentées par des philosophes comme Gurdjieff, Krishnamurti, Radhakrishnan, Rabindranath Tagore et Sri Aurobindo, à une attirance pour la tradition ésotérique occidentale : la Rose-Croix, la franc-maçonnerie, la théosophie, le spiritisme, la cabale. Ce renouveau religieux est accompagné d'offres en tout genre sur le marché de la crédulité. Voyantes et guérisseurs suppléent le clergé défaillant ; associations initiatiques et sectes ésotériques rivalisent avec les confessions religieuses ; la nécromancie et l'astrologie font des adeptes parmi les plus rétifs à la superstition. Les livres et les revues consacrés aux sciences occultes pullulent, les techniques de méditation, de relaxation, de libération corporelle, d'élargissement de la conscience font fureur aux États-Unis, et maintenant en Europe ; et que dire des hommes de science, à l'Est comme à l'Ouest, qui s'intéressent soudain à la télépathie, à la lévitation ? La parapsychologie fait l'objet de séminaires dans les pays occidentaux, alors que, baptisée «psychotronique», elle est enseignée dans les universités soviétiques, au royaume du matérialisme dialectique et athée. Un opium en chasse un autre ! Comment expliquer cette résurgence de l'irrationnel ? C'est tout d'abord une réaction naturelle de désillusion face à la faillite des grands systèmes de pensée, des idéologies, de la politique, de la science. Rationalisme, marxisme, scientisme : chacun devait disperser définitivement les ténèbres de la superstition grâce à ses lumières supérieures. Or on a vite déchanté. La raison s'est attelée au perfectionnement d'armements toujours plus meurtriers, alors que les deux tiers de l'humanité meurent de faim ; le paradis terrestre sans classes prédit par Marx s'est révélé le plus souvent être un goulag ; et la science, malgré des progrès admirables, se montre de plus en plus modeste dans ses prétentions d'apporter les solutions aux problèmes qui menacent la survie même de la planète : surpopulation, pollution, destruction nucléaire. Autre raison de ce retour «sauvage» à Dieu, en dehors des lieux et des structures habituels : la déception face aux compromissions des Églises institutionnelles avec les pouvoirs politiques, avec les puissances de l'argent, avec le monde. C'est aussi une des raisons qui expliquent le succès des sectes. Si les Églises sont en crise, les sectes, elles, savent ce qu'elles croient et ce qu'elles veulent. Cène sont pas les clients qui leur manquent du reste. Les hommes se posent, et se poseront toujours, les mêmes questions: qui sommes-nous, d'où venons-nous, où allons-nous ? Une troisième explication, enfin, du retour d'une certaine religion : la peur apocalyptique. Dans les temps de crise et d'incertitude, tel celui que nous vivons aujourd'hui, les hommes cherchent instinctivement une autorité morale, et surtout un «vrai chef» pour les guider à travers la mer Rouge vers la Terre promise. Parfois la crise suscite un chef spirituel de grande envergure, mais parfois le peuple préfère se prosterner devant les attraits plus immédiats du veau d'or. Aujourd'hui, les foules sont à la recherche d'un homme fort. « II n'y a pour l'homme, demeuré libre, disait le Grand Inquisiteur de Dostoïevski, de souci plus constant, plus cuisant que de chercher un être devant qui s'incliner. » Et qu'il s'appelle Khomeiny, Jean-Paul II ou Moon ne change rien d'un point de vue subjectif, chez l'homme désemparé qui est prêt, en échange de la tranquillité de l'esprit, à troquer sa responsabilité et à remettre sa liberté entre les mains d'autrui.

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