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Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ?

Dissertation : Suffit-il d'avoir le choix pour être libre ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2021  •  Dissertation  •  2 476 Mots (10 Pages)  •  1 487 Vues

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SUFFIT-IL D’AVOIR LE CHOIX POUR ÊTRE LIBRE ?

“La liberté n’est pas l’absence d’engagement mais la capacité de choisir” disait le romancier Paulo Coelho. La liberté pourrait pourtant se définir comme le pouvoir d’agir comme bon nous semble, en absence de toutes contraintes et en laissant nos désirs s’épanouir. La liberté de chacun semble supposer la capacité de choisir de manière éclairée, par soi-même, selon son libre arbitre, de faire ou de ne pas faire sans que le désir s’y interpose pour déterminer nos actions. Néanmoins, le fait de devoir faire un choix semble suggérer un aspect plus limitatif, contraignant et restrictif de la liberté. Doit-on se contenter du pouvoir de choisir pour être véritablement libre ? Le choix ne serait-il qu’un rouage dans une mécanique bien plus complexe qui rend l’être pleinement libre ? Nos choix nous construisent, font de nous ce que nous sommes ; comme notre conscience, ils nous définissent et nous déterminent. Mais nos choix nous sont-ils réellement propres ?

Dans ce cas, dans quelle mesure le libre arbitre permet-il à l’individu d’exprimer pleinement sa liberté ?

Après nous être intéressés au caractère nécessaire du choix, nous verrons en quoi il peut être insuffisant pour rendre un individu libre, avant d’étudier la restriction de liberté qu’il peut engendrer.

        Tout d’abord, le choix s’impose comme nécessaire à la liberté. En effet, le pouvoir de décision paraît être un fondement indispensable de la liberté.

Ainsi, comment être libre si l’on n’a pas le choix, si l’on ne peut pas décider pour nous-même, voire décider tout court ? Sans pouvoir de décision, on ne peut que subir les choix que d’autres prennent pour nous.

Ainsi, un prisonnier n’est pas libre de ses mouvements parce qu’il n’a pas la possibilité de se libérer de ses chaînes. Sans choix, une partie de nous n’est pas libre et donc esclave de ceux qui décident pour nous, qui nous ont dépossédé de notre pouvoir de décision et donc d’une partie de notre liberté. Un tel individu, bien que seul son corps, et non son âme, soit enchaîné, ne peut être considéré comme libre. Le choix semble ainsi intrinsèquement lié à la liberté.

Plus encore, le libre arbitre pourrait s’appliquer comme définition première de la liberté, faculté qu’aurait l’Homme de se déterminer à faire une chose plutôt qu’une autre sans que sa volonté soit elle-même déterminée par rien, c’est-à-dire autonome et affranchie de toute contrainte. D’après Sartre, “l’Homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait”. L’Homme est ainsi par essence libre. Notre identité émane de notre liberté d’avoir choisi tel ou tel chemin. L’Homme peut alors se définir par ses actes et par ses choix éclairés, qui d’après la pensée kantienne du “postulat de la raison” mènent à la liberté véritable. La raison guide ainsi notre vie, en nous permettant de contrôler nos désirs pour nous en affranchir, ce qui, d’après le “primat de la raison” chez Epicure, mène à l’indépendance vis-à-vis du plaisir et de nos envies, définition de la liberté véritable.

Aussi la liberté de chacun se matérialise-t-elle à travers ses choix au quotidien, tels que ses opinions, son orientation politique, le métier que l’on exerce, le mode de vie que l’on mène, ses potentiels enfants, ses activités et loisirs ou encore son lieu de résidence. Nos choix construisent donc notre vie et font de nous ce que nous sommes.

La liberté nécessite ainsi indubitablement le choix, d’avoir le choix, de pouvoir décider rationnellement pour soi et de sa vie. Mais avoir le choix implique-t-il forcément d’être pleinement libre ?

Le libre arbitre, bien que nécessaire pour être libre, ne semble pourtant pas représenter une condition suffisante pour être véritablement libre.

Nos choix sont influencés par de nombreux facteurs extérieurs sur lesquels on ne peut interférer, et même si nos décisions pouvaient n’être que le résultat de notre pensée et de notre volonté propres, elles auraient des conséquences imprévues, ce qui ne nous rend donc pas pleinement libres puisque l’on ne peut jamais véritablement décider sans connaître l’impact de nos actions.

C’est ainsi que mon GPS m’indique de tourner à droite à la prochaine sortie. Je fais le choix de l’écouter puisque je ne connais pas la route, et tourne à droite. Je me retrouve alors face à une autre voiture et nous entrons en collision. Mon choix qui semblait plutôt raisonnable et rationnel se transforme alors subitement en une décision qui met ma vie en danger.

De plus, "avoir le choix” semble sous-entendre qu’en un sens on nous ”donne” le choix. Il n’émane pas inévitablement de nous. Si le choix nous est imposé, s’il est de notre devoir de choisir, si l’on n’est contraint de choisir entre deux options, deux conduites à suivre ou deux chemins à prendre, on n’agit pas de notre propre volonté mais parce qu’on nous impose un choix. En lui-même, il peut ainsi restreindre notre propre perception, liberté de pensée et d’agir.

Imaginons que, en tant que soignant en contact avec des personnes à risques dans le cadre de la crise sanitaire liée à la Covid-19, notre employeur nous demande de nous faire vacciner. Seulement, lorsque l’on se rend en centre de vaccination, seuls les vaccins AstraZeneca et Sputnik sont toujours en stock. Il nous semble alors de notre devoir de choisir entre l’un des deux vaccins proposés, même si l’on n’a une confiance que très limitée dans ces vaccins à vecteur viral, notre préférence se portant davantage sur des vaccins réputés plus sûr comme ceux à ARN, tels que le Pfizer ou le Moderna. Notre choix est ainsi conditionné : on se place spontanément des œillères qui nous enferment dans ce dilemme qui ne semble avoir que deux issues possibles et l’on ne va pas avoir tendance à considérer d’autres solutions comme ne pas se faire vacciner ou revenir plus tard.

Pouvoir prendre des décisions dans un pays au régime politique autoritaire, où les droits de l’Hommes sont bafoués, dans lequel les libertés fondamentales, telles que la liberté d’expression, de pensée ou encore de circuler, sont prohibées, ne permet pas à l’individu d’être pleinement libre. Le choix doit être garanti et accompagné par d’autres éléments qui assurent une certaine liberté, comme l’Etat de droit ou encore les Droits de l’Homme.

Avoir le choix semble ainsi insuffisant pour être pleinement libre, dans la mesure où les conséquences de nos actes sont bien souvent imprévisibles et que notre pensée peut être influencée voire biaisée par ceux qui nous imposent de faire un choix et nous rendent nous-mêmes prisonniers de nos propres décisions. La liberté de chacun ne peut ainsi pas se résumer au seul fait “d'avoir le choix” mais dépend de bien d’autres facteurs.

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