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Qu'est-ce que la vie?

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Par   •  7 Avril 2015  •  1 909 Mots (8 Pages)  •  1 571 Vues

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Qu'est-ce que la vie?

(texte provisoire d'un premier chapitre

pour une INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DE LA BIOLOGIE, projet actuellement en suspens)

Tous droits réservés © Ronald de Sousa

La biologie est la science du vivant. La philosophie, elle, s'interroge sur le sens de la vie, aussi bien que sur le sens des mots et des idées. On peut donc attendre de chacune de ces deux disciplines qu'elle mette l'autre à contribution. Dans ce livre, la philosophie invitera la biologie à nous dire qui nous sommes, en tant qu'organismes biologiques. La philosophie, de son côté, se chargera d'éclaircir le sens de certaines questions dont la simplicité n'est qu'illusoire : la vie a-t-elle un but? Comment la biologie serait-elle différente sur une autre planète? L'évolution est-elle une ascension vers des formes toujours supérieures? De quel genre de supériorité s'agirait-il? Y a-t-il des lois de la biologie? S'il y en a, doit-on s'attendre à ce que ces lois s'avèrent réductibles à celles de la chimie et de la physique? Ou est-ce que la science de la vie, au contraire, serait destinée à demeurer radicalement différente des autres sciences?

Nous commencerons par aborder, dans ce premier chapitre, la question la plus générale et peut-être la plus déroutante de toutes : qu'est-ce que la vie? Avant de faire l'inventaire des principales réponses possibles, nous aurons l'occasion de nous pencher sur certaines questions préalables concernant notre démarche philosophique elle-même : qu'est-ce qu'une définition? Y en a-t-il plusieurs sortes? Comment reconnaître celles qui sont adéquates?

QU'EST-CE QUE LA VIE?

L'ampleur de la question nous confronte un peu comme un immense mur lisse. On ne sait trop par où s'y prendre. Les questions typiques de la philosophie font souvent cet effet : qu'est-ce que le temps? le bonheur? l'intelligence? la beauté? Leur caractère insaisissable vaut sans doute à la philosophie une certaine mauvaise réputation : celle d'engendrer des débats aussi interminables que stériles, à propos de questions oiseuses et insolubles.

Nous reviendrons sur ce qui constitue à vrai dire une question philosophique. Mais commençons, pour ne pas donner prise trop vite à de telles accusations, par nous attaquer à un problème un peu plus maniable : comment distinguer, en pratique, ce qui est vivant de ce qui ne l'est pas?

La question s'est posée concrètement en 1996, lorsqu'on a fait beaucoup de cas d'une éventuelle découverte de traces de bactéries sur la planète Mars, ou plus précisément dans certains rochers tombés de la planète Mars il y a quelques milliers d'années. On se souviendra peut-être que le débat soulevé par cette découverte, d'abord fiévreux, s'est vite ramené à des questions extrêmement techniques au sujet de la forme exacte des isotopes de carbones faisant partie de certaines molécules. Débat pour le moins décevant pour qui veut savoir ce qu'est en vérité la vie, car il donne l'impression que la réponse n'est intelligible que pour certains spécialistes. Or il semble bien que la différence entre le vivant et ce qui ne l'est pas saute aux yeux, et qu'ele n'a guère à voir avec ces minuties scientifiques.

Par ailleurs, même du point de vue le plus rigoureusement scientifique, la question qui se posait au sujet des rochers de la planète Mars ne saurait être identique à celle qui nous occupe. Admettons que les spécialistes se soient mis d'accord que seule la présence de telle trace chimique indiquerait qu'il y eût des êtres vivants sur Mars. Il s'agirait là d'un indice, mais non d'une définition.

Pourquoi? La notion de définition exige un éclaircissement. Par ailleurs, le problème de la définition nous donnera l'occasion d'aborder une première fois certains des thèmes principaux qui nous occuperont dans ce livre. En effet, la nature de la définition prête à controverse en philosophie, et son rôle dans la biologie est particulièrement problématique.

LA DÉFINITION

On entend souvent dire que la rigueur scientifique et philosophique exige la définition des termes utilisés. Mais qu'est-ce, au juste, que définir un terme?

Pour définir la définition, il convient d'abord d'en distinguer deux sortes. On pourrait les baptiser définition de dictionnaire et définition encyclopédique. Ces appellations ne sont que des aide-mémoire, car on trouve souvent dans les dictionnaires des renseignements d'ordre encyclopédique, et inversément. Cependant les dictionnaires visent généralement à fournir des expressions synonymes du mot à définir, alors que les encyclopédies aspirent plutôt à nous renseigner sur la nature de la chose. Par conséquent, il suffit de connaître la langue pour être en mesure de déterminer la justesse d'une définition de dictionnaire. Cela n'est nullement suffisant, par contre, pour trancher de la valeur d'une définition de type encyclopédique. Lorsqu'on approfondit une définition à l'aide de données scientifiques, on peut arriver à des formules que le sens commun n'aurait eu aucun moyen d'entrevoir. Témoin, par exemple, la définition scientifique de l'eau : « H2O » précise sa composition chimique, et donc présuppose toute une théorie de la matière chimique, vieille de moins de trois siècles. Elle ne se laisse évidemment pas deviner sur la base du sens familier d'un mot dont chacun sait depuis toujours qu'il désigne un liquide incolore, inodore, et potable.

On verra sous peu qu'il y a des cas difficiles à classer, et que certains de ces cas limites sont précisément ceux qui intéressent la biologie. Les deux types ont pourtant ceci en commun : toute définition vise à préciser ce qui est inclus par un terme donné et ce qui en est exclus. Une bonne définition opère un triage bien défini entre ce qui rentre et ne rentre pas dans son acception : elle précise des propriétés nécessaires, c'est à dire dont le manque garantira l'exclusion de la chose en questions, et (s'il y a lieu) une ou plusieurs propriétés suffisantes pour qu'elle soit incluse. Ainsi, pour répondre au terme de « mère

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