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Qu'est Ce Qui Distingue Une Oeuvre D'art D'un Objet Du Quotidien ?

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Par   •  20 Janvier 2013  •  1 750 Mots (7 Pages)  •  6 533 Vues

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Qu’est-ce qui distingue une œuvre d’art d’un objet quotidien ?

Thème : la spécificité de l’art.

Thèse : une œuvre d’art n’est pas un objet quelconque. Dans la vie quotidienne, nous nous servons de divers objets. Nous avons généralement un rapport utilitaire aux objets qui n’ont pas les qualités que nous reconnaissons, en revanche, aux œuvres d’art.

Mais quelles sont ces qualités ? Qu’est-ce qui fait la différence entre un objet de tous les jours, dont nous nous servons pour différentes fins, et un objet ayant une valeur artistique ?

Plan résumé (développement progressif) :

Un objet quelconque possède un aspect anodin ; il n’est pas fait pour être considéré et admiré. Une œuvre d’art, dans son sens classique, suscite un sentiment particulier que nous connaissons d’abord, à propos de certains phénomènes naturels, de certains paysages, et que nous découvrons même chez certains de nos semblables. Il s’agit de la beauté.

Un objet peut être d’un usage agréable, commode. Il y a des outils mieux faits que d’autres, plus performants, plus maniables, mieux profilés. Il y a aussi des objets qui peuvent plaire visuellement, comme il y en a qui sont agréables au toucher : cf. l’étoffe de vêtements qu’on aime bien porter, ou des tentures de rideaux, des tapisseries, l’ornementation de certains meubles : on aime certains motifs floraux, des teintes et des couleurs, le mouvement de certaines formes et images…

Mais la beauté est d’un autre ordre d’impression : elle est plus profonde. Le beau ne frappe pas seulement nos sens, il touche encore l’âme. La beauté n’est pas l’agréable, car elle engage aussi la pensée. Est beau ce qui se laisse voir, mais également ce qui invite à une sorte de contemplation intérieure. Le bel objet, qui est objet d’art, nous emporte au-delà du présent et de lui-même, dans un effort tout spontané et naturel de notre imagination.

Des « objets » de la nature provoquent assez généralement en nous ce sentiment de beauté, cette libre évasion, à partir de la perception du monde, en dehors et au-delà du monde objectif, vers le monde subjectif des images idéales : la forme éthérée d’un nuage qui passe et qui change avec le vent, évoquant des animaux, des visages ; un paysage chargé d’une sorte de densité émotionnelle (on parle à juste titre d’un paysage ou d’une atmosphère mélancoliques, d’une riante prairie, d’un endroit lugubre, etc.). Mais l’art amplifie cette impression spécifique, en concentrant sur l’ensemble objectif qu’il constitue matériellement les multiples sentiments que l’on peut éprouver dans des situations complexes, s’étendant dans le temps. On le voit notamment dans le cas des films : un beau film nous fait traverser la vie et ses nombreuses épreuves, mais aussi ses moments exaltants, comme si nous vivions effectivement cette vie en abrégé, sans les innombrables temps morts, les ennuis et le train-train des habitudes dont même la vie la plus merveilleuse est tissée.

Si l’œuvre d’art est une belle chose, ce n’est pas parce qu’elle contient en elle une propriété telle que la beauté. C’est qu’elle est ainsi faite que cette beauté est un sentiment qu’elle développe dans notre propre esprit.

Aussi est-il évident que l’œuvre d’art s’apprécie pour elle-même. Ce n’est pas un moyen en vue d’une fin qui lui serait extérieure, différente de lui. Au contraire, un objet quelconque est un objet plus ou moins utilitaire, c’est-à-dire asservi à un objectif que nous visons en fait, en utilisant un tel objet.

Un objet quotidien répond à des besoins, qui sont justement des exigences quotidiennes. Les objets que nous utilisons sont de la famille des outils, ustensiles, instruments (de travail, de cuisine, etc.), termes qui renvoient tous à l’idée d’utilisation. Il s’agit, dans tous les cas, d’employer des moyens pour une fin : j’utilise un marteau et j’enfonce un clou dans le mur pour y accrocher un tableau. Les outils contribuent au but recherché : admirer une œuvre qui, elle, me plaît, et que je mets en évidence pour elle-même car elle possède une valeur par sa seule présence effective.

Mais l’œuvre d’art ne se réduit pas non plus à la beauté, comme objet d’une satisfaction désintéressée (Kant), qui est recherchée comme fin en soi.

Outre le plaisir esthétique que me procure l’œuvre d’art, il y a le sens dont elle peut aussi être porteuse, ou même la multiplicité de sens qu’elle peut représenter.

La différence entre l’œuvre d’art et un objet usuel et quotidien, c’est donc aussi que ce dernier possède un sens qui se résume entièrement à sa fonction, c’est-à-dire à sa manipulation par moi, en vue de ce que moi-même, grâce à cet objet, j’entends exécuter. Par exemple, que représente une paire de lunettes ? C’est une prothèse qui permet de corriger les défauts de la vue. La « nature » de ce type de choses se réduit à ce pour quoi on l’a inventé, la fin qu’il rend possible.

Mais on ne peut guère se demander à quoi sert un tableau. La confusion est d’ailleurs fréquente : on a besoin de certaines impressions physiques que nous fournissent des réalisations qui ne nous paraissent pas d’abord appartenir au domaine de la technique : si nous situons une composition musicale telle une symphonie dans le domaine des œuvres d’art, nous admettons qu’un air de discothèque est de la musique, et donc fait partie de l’art au sens large. Mais il faudrait précisément distinguer

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