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Naisson Nous Libres

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Par   •  17 Mars 2013  •  1 578 Mots (7 Pages)  •  1 448 Vues

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La reconnaissance d’une liberté inaliénable de l’individu est au fondement des systèmes juridiques modernes. Elle postule une « liberté naturelle », autrement dit un état originel dont nous jouissons si rien ne nous en empêche. Mais qu’en est-il en fait ? Suffit-il d’être réputé libre pour l’être effectivement ?Si être effectivement libre n’est pas immédiatement donné, alors cela suppose une acquisition progressive, autrement dit un apprentissage. Il y a un contradiction, du moins à première vue, à lier apprentissage et liberté, parce que le fait d’apprendre nécessite la règle, la discipline, et la rupture avec la spontanéité immédiate : donc une forme de contrainte.Admettre ce lien n’est-ce pas du même coup reconnaître que le sentiment immédiat de la liberté n’est pas la vraie liberté? Autrement dit que ce sentiment est une illusion ? Comment comprendre, au-delà du principe de droit, le rapport de l’individu à sa propre liberté ?Les Déclarations des droits de l’homme affirment que les hommes « naissent libres et égaux en droit ». Comme tout énoncé juridique, elles ne formulent pas un constat mais une norme, qui exprime une conception de ce que doit être une vie d’homme pour être véritablement humaine. La liberté est donc une condition fondamentale, universelle, de toute vie humaine : fondamentale parce qu’elle précède toutes les règles juridiques qui peuvent la limiter, non la supprimer ; universelle parce qu’elle ne dépend pas des particularités du talent ou du caractère, sans parler de la race etc…On parle alors de « liberté naturelle » de l’être humain.À quelle expérience concrète correspond cette liberté naturelle ? Dire que les hommes sont « naturellement » libres, c’est reconnaître que l’aspiration à la liberté est inscrite en tout être humain. Inversement, tout état de servitude, d’oppression ou de contrainte est estimé contre-nature. Cette aspiration universelle à la liberté, les humains la partagent avec tous les êtres vivants : au point qu’une des représentations courantes de la liberté est celle de l’animal sauvage, qui ne connaît aucune barrière, aucune cage. Une telle liberté est la liberté de fait : elle consiste en l’absence de contraintes externes. Par conséquent, il est évident qu’elle n’a pas à s’apprendre. Soit je suis libre, soit je ne le suis pas. L’esclave ou le prisonnier à qui on ôte ses chaînes est immédiatement libre. Bien sûr, la vie sociale suppose des limitations d’une telle liberté d’agir comme bon me semble ; mais on ne peut limiter a posteriori que ce qui est donné a priori.Mais que vaut cette représentation de la liberté comme pur pouvoir d’agir comme bon me semble ? L’image évoquée à l’instant (celle de « l’oiseau en cage ») est très ambiguë, comme souvent lorsqu’on fait l’analogie entre les actions humaines et les comportements animaux. On court le risque, en effet, de confondre liberté et mouvement dicté par une  nécessité comportementale : un chien excité peut attaquer, il y a là un enchaînement déterminé de faits, mais cela n’a pas de sens de dire qu’il est « libre » d’attaquer. Cela n’aurait de sens que si on parvenait à prouver qu’il s’est représenté le fait de ne pas attaquer comme un choix possible dépendant de lui. C’est en ce sens, comme l’indique Bergson dans un passage de L’énergie spirituelle, que la conscience (qu’il oppose à toute forme d’automatisme) et « l’activité libre » s’impliquent réciproquement.La relation établie par Bergson peut très bien s’appliquer à l’être humain : un petit enfant est, dans son comportement, régi par des automatismes vitaux, qui implique des pulsions, des besoins à satisfaire.  Cela ne signifie pas pour autant qu’il se projette dans des choix possibles. Partant, cela n’a aucun sens de dire qu’il est libre.Admettre cette conclusion revient à affirmer qu’on naît libre en droit mais que pour autant on  n’est pas libre de fait à la naissance. En fait, la liberté de droit suppose la jouissance des droits de parler, de circuler, de contracter, qui ne sont effectifs qu’à l’âge adulte. On doit admettre que, de l’enfant à l’adulte, il y a passage progressif à un état où la liberté acquiert un sens véritable. Il faut donc envisager ce sens, et voir dans quelle mesure il doit s’apprendre.Il faut revenir à l’enfant : dès qu’il grandit, il se fait une idée de sa propre liberté qui est celle évoquée plus haut : la capacité de faire ce qu’on a envie sans être contrarié. L’enfant se représente les moments de cette liberté par contraste avec ceux où une contrainte extérieure pèse sur lui : école, parents. On peut remarquer que c’est justement, pour l’enfant, le fait d’apprendre qui apparaît sous les traits immédiats de la contrainte. Mais la situation réelle de l’enfant est caractérisée par l’absence d’une indépendance, d’une initiative possible concernant ce qui a

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