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Les Finalités De L'art

Note de Recherches : Les Finalités De L'art. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  13 Novembre 2012  •  2 332 Mots (10 Pages)  •  5 336 Vues

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La question des finalités de l’art revient à se demander quelle est l’utilité de l’art. Elle pourrait, par la prise en compte de son sens étymologique, ne poser aucune difficulté.

En effet, le terme « art » a longtemps désigné les savoir-faire artisanaux ou les modes de production. En latin comme en français, le mot « art » issu du latin « ars », a plusieurs significations qui ne sont pas toujours convergentes puisque « ars » peut vouloir dire suivant les contextes « manière d’être », « façon d’agir », « talent », « savoir faire », « métier », « science ». Malgré tout, le terme connote presque toujours la représentation d’une activité humaine visant à produire un certain ordre et une certaine harmonie là où elle s’exerce. Pris en son sens étymologique, le concept d’art associé à celui d’utilité semble ne pas poser de réel problème. Par contre, si nous prenons en compte une conception de l’art plus récente, il semble que la question de l’utilité de l’art prend ici toute sa pertinence. C’est en effet, à partir du XVIIIe siècle qu’on s’est mis à distinguer entre l’art de l’artiste, créateur original dont le génie ne saurait être transmis, et celui de l’artisan humble et appliqué, dont le savoir technique serait transmissible par l’enseignement. C’est à partir de ce moment que les « beaux-arts » se sont vus différenciés des « arts et métiers » et qu’une nouvelle conception de l’art a vu le jour. L’art se définit alors par l’ensemble des pratiques dépourvues de toute visée technique et utilitaire, et n’ayant pour but que de représenter le beau.

Selon cette définition, l’unique finalité de l’art est de produire le « beau », il est son but à lui-même. Ce qui s’oppose radicalement à la définition du mot « utile », qui dans un sens large signifie que ce qui est utile a sa valeur, non pas en soi-même, mais comme moyen d’une fin jugée bonne, à quelque point de vue que ce soit. Et qui dans un sens restreint, fait référence à ce qui sert à la vie ou au bonheur par opposition aux fins spirituelles, telles que la vérité, la beauté ou la justice. Le fait d’attribuer une utilité quelconque à l’art semble ici dénué de sens. Il faut tout de même préciser qu’il ne s’agit pas ici de déterminer si l’utilité est une propriété essentielle de l’art mais si, outre sa fonction première qui est de produire le « beau », l’art, peut-il dans un second temps être utile. L’art peut-il, outre sa finalité esthétique principale, être doté d’un intérêt pratique ? La création artistique ou la contemplation esthétique ne peuvent-elles pas être perçues comme moyens d’une fin jugée bonne ? Afin de répondre à ces problèmes nous analyserons dans un premier temps l’idée selon laquelle l’art est inutile, se suffisant à lui-même par sa seule finalité esthétique. Dans un deuxième temps, nous mettrons en cause l’inutilité de l’art et verrons comment l’art, malgré sa finalité esthétique première, peut être un outil déterminant dans d’autres domaines tels que la politique ou la vie en société. Enfin, nous dépasserons cette approche quelque peu dévalorisante de l’art et mettrons en avant le fait que l’art constitue un réel apport personnel pour l’épanouissement de l’individu et qu’il peut par conséquent être utile à la vie ou au bonheur.

Tout d’abord, pour répondre à la question de l’utilité de l’art, il semble indispensable de prendre en compte la conception nouvelle de la pratique des artistes qui apparut au XVIIIe siècle, au moment où l’art affranchi de la religion, a pu faire l’objet d’une contemplation désintéressée, d’une conservation dans les musées et d’un enseignement académique. Selon cette conception, l’œuvre d’art se distingue des autres productions humaines en ce qu’elle ne vise pas d’abord à remplir une fonction utilitaire. Il est vrai qu’on ne fabrique pas des machines ou des outils pour le simple plaisir de les contempler. Il faut donc distinguer ici l’art mercantile qui produit un objet en vue d’une fin utilitaire, et l’art libéral, qui n’a d’autre fin que lui-même. L’inutilité et la gratuité de l’art en font précisément la spécificité et la valeur. Seul le plaisir éprouvé est ici à même de différencier l’activité de l’artiste de celle du cordonnier. Cependant que penser du cuisinier dont l’activité procure elle aussi un sentiment ou une sensation de plaisir à celui qui déguste le fruit de sont travail. Il faut donc établir une distinction entre « art d’agrément » et « art esthétique », le premier procurant un plaisir intéressé, le second un plaisir désintéressé. Le plaisir de sensation, est nécessairement intéressé, au sens où l’on s’intéresse à l’objet dont on tire plaisir au point de le rechercher activement pour le consommer. Alors que le plaisir procuré par la beauté d’une oeuvre, celle qui plaît plus qu’elle ne suscite le plaisir de la consommer, est d’un autre ordre. Le beau doit ainsi plaire indépendamment de tout intérêt propre.

Cependant, on est en droit de se demander si une telle acception de « l’art pour l’art » ne propose pas une perspective du concept d’art quelque peu réductrice ? En établissant une définition aussi radicale de l’art, nous négligeons de toute évidence de multiples aspects de la création artistique possédant de fortes implications dans d’autres domaines que nous ne pouvons décemment détacher de la sphère artistique. Si nous réduisons le concept d’art à toute création humaine se suffisant à elle-même et ayant pour unique but la production du beau, il semble que nombreuses oeuvres, ne se soumettant pas à ces exigences, se verront refuser l’appellation d’objets d’art. Il n’est bien évidemment pas impossible qu’une œuvre d’art se satisfasse du simple plaisir esthétique qu’elle procure mais on ne peut nier l’existence de certains artistes prônant l’art engagé pour ne citer qu’un exemple. Nier l’utilité de l’art à quelque niveau que ce soit reviendrait à réduire considérablement le concept d’art et son champ d’implication.

Suite à la mise en évidence des insuffisances de la définition de l’art selon laquelle l’art n’offre d’autres possibilités que la production du beau et du plaisir esthétique, on peut donc de manière légitime remettre en cause l’inutilité de l’art.

Afin de pallier la regrettable mise à l’index de certains aspects de la création artistique par la conception de « l’art pour l’art », nous pouvons objecter l’existence d’oeuvres d’art jouant un rôle déterminant dans d’autres domaines tels que la

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