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L’amour est-il aveugle

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Par   •  2 Novembre 2014  •  2 903 Mots (12 Pages)  •  2 328 Vues

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L’amour est-il aveugle ?

Philosopher c’est rechercher la clarté du vrai et surmonter l’obscurité, l’illusion. C’est travailler à se transformer soi-même pour se libérer des erreurs. Telle est la tradition philosophique inaugurée par Platon. Mais il faut aimer pour suivre cette voie : ainsi l’amour peut être aveugle au sens positif d’une extension, car il ne fait pas de différence entre les êtres, il égalise dans une même justice universelle. Il faut aimer le vrai pour lui-même, accepter de rejeter l’incertain.

L’amour est alors un sentiment qui nous emporte, avec le désir renouvelé, de libérer l’esprit et le cœur. Mais n’y a-t-il pas un paradoxe puisque l’amour, au principe même de notre désir de libération, reste cependant une sorte d’aveuglement ?

Analyse et construction du problème.

Par ≠ à l’amitié, l’amour se présente comme une menace car il fragilise l’espace des relations. D’abord, il établit des inégalités, préférences & rejets. Il paraît anarchique et injuste: il pose un centre de valeur à partir duquel tout est mesuré : l’être aimé. Mais pourquoi le modèle de l’échange serait-il “neutre” ? Aimer revient à donner ses faveurs de manière sélective et parfois jusqu’à l’injustice. Il menace l’identité quand il devient passion : une maladie de l’âme, dit Kant. C’est le négatif. Dire que l’amour est aveugle (par nature) c’est le réduire à sa partie négative : le mal. L’inverse n’est pas meilleur : cela reste tout aussi unilatéral. D’où la double impasse à remarquer :

• Si l’amour est aveugle ce n’est pas de l’amour, à proprement parler, parce qu’on n’aime pas n’importe qui.

• Si maintenant l’amour est élection, ce n’est plus amare mais plutôt eligere.

On peut se poser la question de la valeur d’un amour quand il n’est pas aveugle. Est-ce qu’il peut être motivé ou encore intéressé ? Dans ce cas, est-ce de l’amour ?

On voit qu’il y a dans l’amour quelque chose qui participe de l’aveuglement car le sujet amoureux, tout en sachant qu’il aime, est emporté par le sentiment et semble ne pas se maîtriser. On parle d’emportement ou de transport amoureux. Il y a un phénomène de dépassement : une exubérance, un désordre, un excès. Mais l’amour en ce sens n’est aveugle qu’au regard d’une attitude moyenne, indifférente. On pose une norme sociale et il représente l’écart ; en quoi ? Il accentue le côté imprévisible. Alors, n’a-t-il pas plutôt, face au connu, une fonction stimulante ?

On distingue ≠ espèces d’amour : les amours passifs, actifs, excessifs, violents… Mais l’amour peut aussi avoir pour objet le vrai. Le désir (comme Eros divin) s’adresse à celui qui est égaré davantage qu’au reste. Le berger abandonne les fidèles pour s’en aller chercher la brebis égarée.

Par contre, chercher à se rapprocher risque d’éloigner. Plus la perfection s’approche, plus la sensibilité au mal augmente. St Jean de la Croix, la nuit obscure : l’âme connaît le tourment en s’élevant parce qu’elle voit toujours mieux ses imperfections. L’amour alors n’est pas aveugle mais clairvoyant. Le désespoir croît avec la proximité du parfait. La vérité et le désespoir vont ensemble : le chemin de vérité est toujours “un chemin de croix”, dit Hegel, parce que la conscience doit se transformer en luttant contre elle-même (son être ancien).

Mais l’amour du vrai s’appelle aussi sagesse : la philosophie est l’amour du sage qui parvient à l’égalité parfaite des sentiments afin de correspondre avec le cosmos entier. A la différence du salut chrétien (tissé de désespoir) l’atteinte de la sagesse est de se connaître soi-même. L’amour de la sagesse est l’amitié du sage qui concerne le savoir du bien, cad la possibilité de la concorde entre tous les êtres.

Faire le plan

Bien des obstacles empêchent de répondre directement à ces questions. Ne dit-on pas de l’amour qu’il est aveugle ? N’est-il pas une sorte d’obscurcissement ? Avec la réponse usuelle, on voit le problème de l’extérieur. Le sujet est jugé comme étant aveuglé par l’objet du désir, un fantasme ou une obsession, et il la conscience du reste. Mais comme une même chose est vue de façon différente selon qu’on la regarde en différents miroirs, l’amour n’est-il pas aussi clairvoyance – intuition qui traverse les apparences et donne un accès privilégié à autrui ?

Pour bien penser, faudrait-il ne point aimer ? Ne peut-on dire au contraire que “l’amour est philosophe”, avec Platon lui-même ?

I. Aimer, c’est préférer : et cela transforme notre perception

II. Aimer, c’est vouloir posséder et être possédé : et cela nous aveugle

III. Aimer, c’est pressentir un au-delà du rationnel : devenir clairvoyant.

I. Face à la pseudo-neutralité de la perception scientifique, l’amour est un regard qui privilégie, qui préfère, qui éclaire son objet en obscurcissant le reste.

Ainsi, voyons-nous l’amour maternel qui fait de l’enfant un demi-dieu. Le regard de la mère, à l’instar de celui du bien, selon Platon, est le regard qui nourrit et fait croître l’être. Stimuler le cœur c’est faire croître la vie : ici l’encouragement n’est pas seulement valorisant mais vital, de telle sorte que le premier sentiment, l’amour, s’il est absent, est synonyme de dépérissement et mort. Ce n’est pas la haine qui fait vivre, mais la haine pour s’exercer a besoin elle-même de l’être et de l’amour. C’est le bien qui est vital et qui, par sa positivité, enveloppe même le mal. Empédocle posait deux principes mais en réalité il n’y en a qu’un. La haine n’est-elle qu’un amour transformé, renversé ? Comment, dès lors, l’être peut-il s’obscurcir et l’amour devenir haine ?

Quelqu’il soit, l’enfant pour sa mère est le plus précieux, l’incomparable. Le véritable amour n’est pas regardant : il se donne tout entier, sans mesure. L’objet d’amour est ainsi le centre de la perception amoureuse et le reste est relégué à l’horizon, comme toile de fond, faire-valoir. L’amoureux est un arc tendu dont la flèche, le regard, atteint toujours sa cible : attentif à l’aimé et à lui seul. S’il y a réciprocité, les amoureux, dit-on, sont seuls au monde. Si l’objet aimé est loin, absent, alors le monde se change en désert. Est-ce que l’amour de

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