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La Culture Denature T-elle L'homme

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Par   •  24 Mai 2015  •  2 992 Mots (12 Pages)  •  1 375 Vues

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Culture et nature sont deux termes que tout semble opposer. Le premier renvoie à l’acquis quand le deuxième renvoie à l’inné, l’un caractérise tout ajout de l’homme à cette nature, tout ce que l’homme acquiert par l’intermédiaire du groupe social quand l’autre fait référence d’après son étymologie latine au fait de la naissance, ce qui relève de l’hérédité biologique et qui est inexorablement universel chez l’homme.

En d’autres termes la culture intégrerait l’existence de l’homme alors que la nature constituerait son essence pour reprendre les termes de Jean-Paul Sartre. De ce point de vue la culture ne peut que dénaturer l’homme puisqu’elle est le strict contraire de sa nature. Il convient alors d’étudier la culture comme un processus qui dévierait ou délivrerait l’homme d’une nature première supposée et ferait de lui un homme cultivé. Le terme dénaturation suppose alors le passage d’un « état de nature » à celui d’être nouveau. En d’autres termes elle signifierait qu’un homme possédant une culture ne serait plus vraiment un homme étant donné que la culture supprimerait la nature humaine. Cependant la connotation de cette dénaturation est essentielle : la dénaturation peut soit détourner l’homme de ce qui est bon pour lui soit cette dénaturation peut paradoxalement être une nouvelle naissance pour l’être humain. Par conséquent, si la culture qui désigne la civilisation englobe l’éducation, les arts et les techniques, les mœurs et coutumes ou bien le langage, comment identifier puis caractériser la place de la nature chez l’homme ? Si comme la définit Édouard Hernot la culture est « ce qu’il reste quand on a tout oublié », qu’annihile l’homme en se cultivant et quelles en sont les conséquences ? En fait, si la distinction conceptuelle entre nature et culture est assez claire, leurs aspects sont si liés chez l’homme qu’il est difficile dé déterminer ce qui relève chez un individu de la culture ou de la nature, si bien que la notion même de nature humaine telle que nous l’avons définie puisse être remise en cause.

Quoi qu’il en soit se poser la question « La culture dénature-t-elle l’homme ? » interroge sur l’existence d’une nature humaine et précisément la nature même de l’homme. Mais la culture qui de toute évidence contrarierait notre nature nous serait-elle néfaste en effaçant nos caractéristiques d’être humain ou est-elle bénéfique en révélant toute notre humanité ? Peut-on vraiment envisager une nature humaine détachée de toute existence culturelle ? Est-il même possible d’affirmer l’existence d’une nature humaine et parler de dénaturation si la particularité de l’homme est de ne pas en avoir ? L’homme n’est-il pas cet être de culture qui ne se prédestine à rien sinon la mort ?

Si tout d’abord nous affirmons que la culture dénature bel et bien l’homme en l’humanisant, nous verrons par la suite quels aspects cette dénaturation peut présenter avant de nous interroger sur légitimité de ce terme étant donné nos difficultés à affirmer l’existence d’une nature humaine.

Tout d’abord, après avoir conceptualisé en ces termes la nature ainsi que la culture, il est impossible d’admettre que la culture ne dénature pas l’homme puisqu’ils sont foncièrement opposés. Outre cette conclusion qui relève d’une étude de définitions, il s’avère que cette thèse s’appuie sur des observations factuelles qui montrent que cette dénaturation est nécessaire chez l’homme puisqu’elle lui permet de vivre, mais aussi qu’elle lui permet d’aller au-delà en l’humanisant.

L’homme est avant toute chose un être vivant et répond à des besoins physiologiques comme n’importe quel autre animal. Cependant il possède la particularité d’être dépourvu de tout instinct, il n’est pas spécialiste, mais doit se spécialiser pour faire face au monde dans lequel il vit, on peut alors parler de dénaturation nécessaire de l’homme. En effet l’homme ne peut compter que sur la culture pour exister. On peut citer pour illustrer cette idée le Mythe de Prométhée raconté par Socrate qui montre la nudité première de l’homme. Épiméthée, un titan comme son frère Prométhée, est chargé de distribuer les dons aux animaux de manière équitable, mais celui-ci, maladroit, oublie de doter l’homme qui se retrouve dépourvu de toute qualité particulière : il n’a pas de griffes, de fourrure, de cornes, de carapace... Pour corriger l’erreur de son frère, Prométhée vole le feu aux dieux et le donne aux hommes, ce qui leur permettra de fabriquer des outils et de s’adapter à la nature hostile avec lui. Ici le feu représente indirectement la culture : sans elle l’homme n’est rien, mais avec il peut se transcender et repousser perpétuellement ses limites puisqu’il est inachevé. Il garde en effet théoriquement toute sa vie une souplesse cérébrale qui lui permet de progresser et de créer. Lorenz estime que c’est « une aptitude à la juvénilité » puisque l’homme contrairement aux autres animaux n’atteint pas un seuil de connaissances après son enfance. Il naît avec rien, mais la culture lui permet de devenir tout : Rousseau dans son Discours sur l’origine des inégalités parle de « faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelque mois, ce qu’il sera toute sa vie ». L’influence et la nécessité de la culture chez l’homme sont aussi visibles au travers de sa « possibilité à devenir imbécile » selon Rousseau. Capable de progresser, l’homme est aussi le seul être vivant pouvant régresser, ou bien ne pas atteindre l’humanité, puisqu’il est dépourvu d’instincts qui prédéfinissent le reste de son apprentissage et de sa vie à mener. Ici l’exemple des enfants sauvages tels que Victor de l’Aveyron dont on connaît l’histoire grâce au film L’Enfant sauvage de François Truffaut inspiré des rapports du docteur Itard. Victor qui est un enfant abandonné dans la forêt dès son plus jeune âge est réduit à vivre plusieurs années dans la nature. Recueilli quand il a environ douze ans par un spécialiste, il n’est pas en mesure de développer le potentiel humain auquel un enfant cultivé aurait pu prétendre. Privé de tout contact social, Victor n’a pas pu développer des capacités qui définissent en temps normal l’être humain et qui pourraient nous paraître naturelles : il n’a pas pour habitude de marcher sur ses deux pieds et il est incapable de communiquer par le langage entre autres. Le docteur Itard écrira alors à ce sujet que « l’homme en tant qu’homme,

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