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L'inconscient Agit-il à Notre Place

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Par   •  22 Janvier 2014  •  2 043 Mots (9 Pages)  •  1 977 Vues

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Un acte se distingue d'un simple mouvement (actions machinales, actions accidentelles, tics, réflexes) comme quelque chose à la fois de conscient et de volontaire. La conscience est le propre de l’homme. Je connais mes pensées, mes sentiments et mes actes ; ces derniers me sont donc imputables, et j'en suis responsable parce que j'en suis conscient et que je les contrôle. Par conséquent, on ne fait vraiment que ce que l'on a conscience de faire par choix. Cependant, l’étude approfondie sur l'inconscient a eu pour conséquence de remettre en question la maîtrise du sujet sur lui-même, ses actes, ses sentiments et ses pensées. " Le moi n'est pas maître en sa maison " dit Freud. Cet inconscient aurait-il alors un tel pouvoir qu’il agirait à notre place ? Nous verrons dans une première partie que cette thèse est soutenue par Freud, et dans une seconde partie qu’elle est pourtant contestée par de nombreux philosophes.

I- a.

Lorsque l’on évoque l’hypothèse de l’inconscient, c’est celle de Freud qui nous vient à l’esprit en premier. Toutefois, cette hypothèse existe depuis bien plus longtemps ; ni le sens commun ni les philosophes n’ont attendu Freud pour découvrir qu’une partie de notre propre psychisme nous échappe parfois. Un homme qui tombe dans le coma est inconscient, un dangereux chauffard l’est aussi, en ce sens qu’il ne sait plus ce qu’il fait. Chez Platon, on trouve l’idée de souvenirs inconscients de la vérité contemplée dans une autre vie : « l’esprit ne sait pas toujours ce qu’il sait, il en sait beaucoup plus qu’il ne le croit » ; c’est la théorie de la réminiscence.

Leibniz va par la suite donner plus d’importance à cet inconscient, avec sa thèse des « petites perceptions ». Selon lui, nos perceptions conscientes sont constituées de touts petits éléments qui eux, ne sont pas conscients : ainsi lorsque nous entendons le bruit de la mer, nous n’entendons pas le bruit de chaque goutte d’eau dont les vagues sont faites. La conscience globale que nous avons du bruit de la mer est faite de petites perceptions inconscientes ; on passe donc à la conscience à partir d'éléments inconscients. Différentes théorie apparaissent progressivement : Schopenhauer par exemple, identifie l’inconscient à l’action chez l’homme de l’instinct sexuel et de l’instinct de conservation. L’inconscient est une volonté aveugle, non maîtrisée. Nietzsche quant à lui, considère que la conscience n’est que l’effet de la lutte inconsciente des multiples instincts ou pulsions qui habitent le corps de l’homme ; l’inconscient représente alors la quasi-totalité de l’esprit de l’homme.

La notion d’inconscient est donc mise en place, mais elle n’est pas encore conceptualisée ni bien définie.

b.

Au début du XXème siècle, Freud étudie à son tour cet inconscient et élabore une théorie bien différente des précédentes par le biais de la psychanalyse. L’inconscient n’est pas seulement une frange obscure de la perception, un degré inaperçu de la conscience, pas plus qu’il n’est seulement une partie cachée de la conscience sous la forme de souvenir. Il s’agit d’une partie du psychisme latent composée de désirs, de pulsions, de tendances qui ne sont pas acceptables socialement ou moralement. Alors notre conscience les censure et les refoule. Mais ce qui est refoulé ressurgit toujours d'une manière ou d'une autre et se manifeste par des symptômes, voire des troubles plus ou moins graves. Cela va du rêve (expression de nos désirs inconscients) à la névrose en passant par le lapsus ou l'acte manqué. Plus précisément, selon Freud nous refoulons nos désirs d'enfants. Par exemple tout garçon désire un jour tuer son père et épouser sa mère. C'est le triangle d'Œdipe. Si tout se passe bien, le petit garçon renonce à ces désirs socialement inacceptables, et reporte son amour pour sa mère vers les autres femmes, parvenant ainsi à une sexualité normale. Le sujet repousse donc dans l'inconscient des représentations susceptibles de provoquer du déplaisir à l'égard d'exigences créées généralement par notre formation première : c’est le refoulement. En fait, ce processus est lié à une division de l’inconscient. En effet, d’après le philosophe il est composé de trois instances : le Moi (représentant la conscience claire), le Ca (englobant les pulsions, l’instinct..) et le Sur-moi (représentant la conscience sociale). Le Moi définit alors l'équilibre entre les tendances instinctives (Ca) et la conscience sociale présente en nous (Sur-moi). C’est la base de la psychanalyse.

c.

Ce qui est nouveau, c'est que l'inconscient freudien est "agissant" et a un contenu propre (des désirs refoulés).C'est donc une entité réelle. Le concept d'inconscient s'enrichit donc : il n'est plus seulement un réservoir de "contenus" échappant à la conscience. Ces contenus sont dotés d'une signification, ils sont acceptables ou non par la conscience, et donc, "refoulés" par celle-ci dans l'inconscient. Cependant, ces « pulsions » refoulées se manifestent implicitement à travers le corps ou l’esprit à notre insu. Sa théorie apprend donc à l’homme qu’il ne dispose pas de lui-même, qu’une grande partie de sa vie psychique lui échappe totalement, parce qu’il ne peut connaître tout son être, ses pulsions. En fait, ses conduites, ses opinions, ses amours, et ses haines, ne dépendent pas entièrement de lui. La théorie de Freud nous renvoie à un état de dépendance à quoi nous condamnent les forces obscures qui nous gouvernent à notre insu. La conduite, et non seulement la pensée, se révèle être le produit de multiples relations de causalité. Les choix qui pouvaient paraître décidés en fonction d’idéaux moraux se découvrent soumis à d’inconscients déterminismes passionnels (et nous sommes dans l’ignorance des tendances profondes qui motivent nos conduites, nos choix intellectuels et affectifs, nos jugements). Cette thèse oblige à reconsidérer l’idée de notre libre-arbitre, puisqu’en dépit de notre sentiment d’être libre, nous sommes dominés par quelque chose qui outrepasse la conscience

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