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L'articulation de la foi et de la raison

Dissertation : L'articulation de la foi et de la raison. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Avril 2014  •  Dissertation  •  1 831 Mots (8 Pages)  •  1 246 Vues

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Introduction

Croire, c'est étymologiquement « faire confiance à », c'est-à-dire « ajouter foi ». Ainsi, croire quelqu'un, c'est penser que ce qu'il dit est vrai, sans pourtant en avoir la preuve ; croire en un Dieu, ce n'est pas savoir que ce Dieu existe (en ce cas il ne s'agirait plus de croyance, précisément), mais être intimement convaincu de son existence, même si cette dernière ne devait être démontrée par rien. Or la raison nous recommande de ne rien tenir pour vrai, dont on ne puisse démontrer la vérité ; alors, croire, est-ce renoncer à l'usage de la raison ? Le problème est particulièrement aigu dans le cas des croyances religieuses : croire en un Dieu en effet, c'est accepter en sa créance des articles de foi qui non seulement semblent ne pas pouvoir être démontrés, mais qui vont à l'encontre de la logique même de la démonstration. Ainsi, être chrétien, c'est croire en la sainte Trinité ; or, comment un être pourrait-il être à la fois triple et un ? C'est aussi croire que le Christ était à la fois homme et fils de Dieu : cela semble contradictoire, cela semble absurde. Aussi bien dans son fondement (accorder sa confiance sans preuve) que dans son détail (les articles de foi), la croyance religieuse semble réclamer de nous que nous suspendions l'usage de notre raison : il faudrait en somme accepter pour vrai ce qui est manifestement aberrant. Mais ne peut-on au contraire penser qu'il y a des choses qui excèdent les pouvoirs de notre raison, qu'il serait vaniteux de croire que ce qui semble absurde pour nous l'est en soi ? En d'autres termes, ne serait-il pas plus raisonnable de renoncer à ériger la raison humaine en juge de toutes choses, en lui reconnaissant ses propres limites ? Peut-être la contradiction entre la raison et la croyance n'est-elle qu'apparente ; mais en ce cas, il faudra démontrer que ce qui excède la raison n'est pas nécessairement contraire à la raison.

I. L'articulation de la foi et de la raison

1. Il faut reconnaître les limites de la raison humaine

Faut-il admettre comme allant de soi la contradiction entre la croyance et la raison ? Faut-il, autrement dit, poser comme une évidence que la raison ne peut que prouver l'absurdité de la foi, et que la foi réclame que nous abandonnions là toute rationalité ? Il revient à saint Thomas d'Aquin d'avoir voulu articuler ce que le sens commun oppose : la croyance religieuse ne réclame pas de nous l'ignorance, et la raison ne parle pas contre la Révélation. Rien, en effet, dans la religion révélée (c'est-à-dire dans la Bible comme parole de Dieu transmise aux hommes) ne vient contredire la raison : pour preuve, le théologien peut raisonner à partir des articles de foi − si la Révélation était absurde, une théologie rationnelle serait impossible, et tel n'est justement pas le cas. Cependant, si les articles de foi ne sont pas purement et simplement irrationnels, ils excèdent cependant les pouvoirs de compréhension de la raison humaine. Mais ce qui n'est pas intelligible pour nous n'est pas inintelligible en soi : si nous ne comprenons pas tout, la Révélation est pour Dieu l'évidence même. Mais si c'est Dieu lui-même qui a mis la raison en l'homme, la religion ne peut pas nous commander d'en suspendre l'usage : ce serait aller à l'encontre de la bonté des œuvres de Dieu. Le croyant doit donc faire usage de sa raison, tout en reconnaissant qu'elle est limitée et qu'elle ne peut pas tout comprendre.

2. Il faut démontrer autant que faire se peut les articles de la foi

Le croyant devra par conséquent chercher à démontrer ce qui est démontrable, et accepter que tout ne le soit pas, parce qu'il est un être fini et que son pouvoir de compréhension est également fini. Dans son infinie bonté, le Créateur nous a révélé dans le texte saint des vérités que nous n'aurions pas pu saisir par nos seules forces : pour saint Thomas d'Aquin donc, la foi éclaire la raison autant que la raison éclaire la foi. Ainsi, s'il reconnaît qu'il y a bien des « mystères de la foi », c'est-à-dire des propositions que notre raison ne peut démontrer, saint Thomas entend en revanche prouver l'existence de Dieu, par exemple en soutenant que tout ce qui est n'est que du possible, qui aurait pu ne pas être : il n'y a rien dans le monde, qui soit absolument nécessaire, parce que ce monde lui-même aurait pu ne pas être. Or le possible ne peut de lui-même passer au réel : il faut donc qu'il y ait un être nécessaire, qui soit cause de la réalisation du possible, c'est-à-dire de son passage à l'existence.

Saint Thomas donne ainsi cinq preuves différentes de l'existence de Dieu. La difficulté, c'est qu'elles reposent toutes, à des degrés divers, sur des présupposés eux-mêmes indémontrés ou sur des circularités logiques (par exemple ici : sur la présupposition que le monde aurait pu ne pas être). Peut-être doit-il en aller nécessairement ainsi de toutes les prétendues preuves de l'existence de Dieu ; mais alors, si cette existence est indémontrable, suffit-il d'affirmer que la raison humaine ne peut pas tout démontrer, et qu'il faut faire confiance à ce que la Révélation nous indique ? Que vaut cette révélation, en effet, si rien ne vient soutenir notre croyance en l'existence de son auteur ?

II. De l'impossibilité d'une preuve de l'existence de Dieu aux postulats de la raison

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