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L'Etat Est-il Un Mal nécessaire

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Par   •  29 Septembre 2014  •  3 722 Mots (15 Pages)  •  7 548 Vues

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L’Etat est-il un mal nécessaire ?

Comme en témoigne son étymologie, l’Etat (du latin status : « se tenir debout ») est le pilier de notre société, il désigne un territoire dominé par une forme de pouvoir organisé politiquement et juridiquement. Bien souvent lorsqu’il y a société il y a Etat, car son but premier est d’assurer l’ordre et la cohésion entre les hommes, chacun ayant besoin de faire partie d’une communauté pour se réaliser en tant qu’individu. La société doit être organisée en institutions politiques, juridiques, militaires ou économiques pour assurer son bon fonctionnement. Hobbes décrit l’Etat comme étant l’ordre rationnel que l’homme met en place pour se protéger de la destruction due aux rapports de force interindividuels qui éclateraient à l’état de nature. En effet, si « l’homme est un loup pour l’homme », alors il parait nécessaire de le maintenir dans un milieu fait de règles et de contraintes. Dans une société sans Etat, il ne peut y avoir d’ordre car il n’y a aucune loi, excepté une : celle du plus fort. Pourtant nous aimerions tous par moments transgresser ces règles pour assouvir certains de nos désirs. Mais la loi nous en empêche et est en droit de condamner nos actes. L’Etat, avec ses lois et sa justice, apparaît alors comme une machine répressive qui va à l’encontre de toutes les libertés de l’homme. Pour Karl Marx, il faut sa suppression pour arriver à une société égalitaire et juste. De plus, l’Etat requiert la vie en société, et cette dernière souffre d’un double paradoxe : L’homme devient individu grâce à la société, mais plus il devient individu et plus il va avoir tendance à la rejeter. En se fondant dans la société, en fusionnant avec elle, on perd jusqu’à son identité et par là son humanité. Fait de contraintes et de règles dont nous ne comprenons parfois pas le sens, à la fois humanisant et deshumanisant, l’Etat est-il un mal nécessaire ? Tout d’abord voyons en quoi l’Etat est nécessaire, puis en quoi il peut présenter un « mal ». Il s’agira ensuite de voir comment l’homme peut se dépasser et gagner sa liberté tout en respectant l’Etat et ses lois.

Comme le souligne Platon dans la République, la coopération des hommes est avant tout nécessaire. « Ce qui donne naissance à une cité, repris-je, c'est, je crois, l'impuissance où se trouve chaque individu de se suffire à lui-même, et le besoin qu'il éprouve d'une foule de choses » (Platon, La République, livre II 369 b – d.). Ainsi selon Platon l’homme isolé ne peut satisfaire à ses besoins. Si l’histoire de Victor de l’Aveyron, l’enfant sauvage, a montré que l’homme peut survivre en dehors de toute société, elle a montré cependant qu’il n’était pas vraiment homme, c’est à dire un être de langage, de culture et d’entendement. Sans rapport avec autrui, un individu ne peut être « qu’une brute ou un dieu », pour reprendre la formule de Nietzsche (L’immoralisme individualiste et aristocratique). Le langage est selon Benveniste l’essence même de l’homme, il est dans sa nature. Or sans société il ne peut communiquer et donc développer la faculté de langage. De plus ne faut-il pas admettre un sens naturel du lien social ? Pour Aristote, les hommes sont par nature des êtres sociaux, que rapprochent des liens d’affection. La politique est donc, selon sa thèse, naturelle. « L’homme est un animal politique », déclare-t-il dans La Politique. De même, une de ses citation qui inspirera celle de Nietzsche plus tard : «Et celui qui est sans cité, naturellement et non par la suite de circonstances, est ou un être dégradé ou au-dessus de l’humanité ». Pour Aristote la société comprend plusieurs stades. Ainsi, la première communauté humaine c’est le couple et la famille. La simple union de l’homme est de la femme est pour lui un début de société. Cette vision réconforte l’idée que la société est entièrement naturelle. Mais par « couple », Aristote ne s’arrête pas au seul aspect de l’homme et de la femme en vue de la procréation. En effet l’union du maître et de l’esclave en vue de la production est aussi source d’une productivité et donc de société. Ainsi dans le couple, la soumission de la femme à l’homme et de l’esclave au maître est naturelle selon Aristote. Le deuxième stade de la société est le village, qui se définit comme l’union de plusieurs familles et ayant pour but la satisfaction mutuelle des besoins « Le village est une extension de la famille ». Ensuite « La communauté formée de plusieurs villages est la cité ». Le troisième stade est donc la cité, c’est à dire l’Etat. L’Etat représente la fin de toutes les sociétés antérieures en réalisant leur plein développement et leur but, qui est le « bien vivre ». L’Etat se définit donc par une indépendance économique et politique, donc par l’autarcie, l’autosuffisance. Ainsi l’origine de l’Etat est d’ordre naturel. Cette conception fait de l’homme un être déterminé à se sociabiliser et donc à faire partie d’un Etat, ce qui nous rapproche déjà de la notion de nécessité.

L’Etat permet donc le développement de l’homme en tant qu’individu, de plus il est naturel. Mais toute société requiert un respect de règles communes, sans ces règles la vie en communauté serait impossible. On peut définir l’Etat comme étant un système politique et juridique appliqué à une société. Sans Etat, la société ne peut être que voué à la destruction, car l’homme est doté d’un instinct de survie qui lui donne une liberté infinie à l’état de nature. C’est ce qu’affirme Hobbes dans le Léviathan (1651) en disant que « l’homme est un loup pour l’homme ». Chaque individu possède par nature les mêmes forces, les mêmes besoins, le même droit de se défendre, et va donc tendre à détruire ou dominer l’autre pour accroître ses forces ou simplement pour survivre. L’état naturel est donc un état de « guerre de chacun contre chacun », d’où la nécessité d’un Etat qui transcende les volontés particulières, avec des lois et des contraintes. Léviathan est le nom d’un monstre de la mythologie phénicienne (que l’on retrouve pour la première fois dans le Livre de Job). C’est un gigantesque crocodile apparaissant dans les prophéties d’Isaïe comme l’incarnation de la puissance païenne destinée à être soumise à Dieu. Hobbes reprend cette figure pour en faire le symbole de la puissance politique de l’Etat, seul apte à assurer la sécurité et la liberté des hommes dans la cité. Le Léviathan est donc, selon cette conception, un monstre bénéfique. Fénelon reprendra la pensée de Hobbes et lui répondra en écho que les hommes

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