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Y a-t-il une vérité de l'oeuvre d'art ?

Dissertation : Y a-t-il une vérité de l'oeuvre d'art ?. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  26 Janvier 2019  •  Dissertation  •  2 683 Mots (11 Pages)  •  1 393 Vues

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Y a-t-il une vérité de l'oeuvre d'art ?

« Nous avons l’art pour ne pas périr de la vérité. » - Nietzsche, La Volonté de puissance. L'art est une illusion nécessaire et bienfaisante jetée sur une réalité qui sans elle serait insupportable. Le véritable est effrayant et terrifiant, c’est pour cela que l’art permet d’observer l’invisible réalité, trop violente pour être vue en face. La vérité est une adéquation entre la chose et l’esprit, c’est-à-dire une représentation conforme au réel. Elle exprime l’exigence intellectuelle de faire correspondre les pensées est les discours de l’être humain à la réalité. Le beau est le principal critère de l’œuvre d’art même si celui-ci n’est pas systématique ni absolu, mais la question d’une vérité de l’œuvre d’art s’est déjà posée. Mais quelle est-elle ? Peut-on simplement associer la vérité au concept de la réalité, ce qui est vrai est réel ? En ce sens, l’œuvre d’art doit être conforme au réel. Mais est-ce vraiment le cas ? La vérité de l’œuvre d’art est-elle simplement d’atteindre cette vérité ?

Il faut d’abord envisager l’œuvre d’art dans une relation très proche du réel et de son statut à représenter la réalité, puis de comment elle s’en détache tout en continuant de donner lieu à une vérité mais autre. Et enfin, du détachement total de l’œuvre d’art à une quelconque vérité.

Si on pense l’œuvre d’art comme l’imitation de la nature, nous sommes dans le courant du réalisme. La doctrine réaliste constitue une tentation quasi permanente pour l’art au XIXe siècle, elle affirme que l’œuvre d’art doit n’être qu’une représentation fidèle de la réalité, sans l’enjoliver ni en dissimuler aucun aspect, même les moins séduisants.

« Le romancier, au contraire, qui prétend nous donner une image exacte de la vie, doit éviter avec soin tout enchaînement d’évènements qui paraîtrait exceptionnel. Son but n’est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre le sens profond et caché des évènements. A force d’avoir vu et médité il regarde l’univers, les choses, les faits et les hommes d’une certaine façon qui lui est propre et qui résulte de l’ensemble de ses observations réfléchies. C’est cette vision personnelle qu’il cherche à nous communiquer en la reproduisant dans un livre. (...) Mais en se plaçant au point de vue même de ces artistes réalistes, on doit discuter et contester leur théorie qui semble être résumée par ces mots : « Rien que la vérité et toute la vérité. » Leur intention étant de dégager la philosophie de certains faits constants et courants, ils devront souvent corriger les évènements au profit de la vraisemblance et au détriment de la vérité, car le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. Le réaliste, s’il est un artiste, cherchera, non pas à nous montrer la photographie banale de la vie, mais à nous en donner la vision plus complète, plus saisissante, plus probante que la réalité même. Raconter toute

serait impossible, car il faudrait alors un volume au moins par journée, pour énumérer les multitudes d’incidents insignifiants qui emplissent notre existence. Un choix s’impose donc. (...) La vie encore laisse tout au même plan, précipite les faits ou les traîne indéfiniment. L’art, au contraire, consiste à user de précautions et de préparations, à ménager des transitions savantes et dissimulées, à mettre en pleine lumière, par la seule adresse de la composition, les évènements essentiels et à donner à tous les autres le degré de relief qui leur convient, suivant leur importance, pour produire la sensation profonde de la vérité spéciale qu’on veut montrer. Faire vrai consiste donc à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les transcrire servilement dans le pêle-mêle de leur succession. J’en conclus que les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes. » - Guy de Maupassant, Le roman, préface à Pierre et Jean.

Le réalisme refuse toute forme d’idéalisme. Le mensonge ici ne serait pas la représentation du réel dans une œuvre d’art et qui serait donc une imitation, mais le mensonge se manifesterait si, au contraire, nous n’arrivions pas montrer correctement le réel dans son entièreté et sa vérité la plus juste et la plus précise. Les œuvres d’art réalistes tirent leur vérité dans la réalité. Bien que réalité et œuvre littéraires sont autonomes et indépendantes, l’objectif de l’écrivain est de s’écarter le moins possible de la réalité.

Dans La République, Platon considère que l’art, plus spécifiquement la peinture et la poésie, est une activité mensongère, puisqu’il consiste à produire des faux-semblants ; en conséquence, dans une cité idéale, on devrait pouvoir se passer d’artistes. Quand celui-ci désapprouve l’art, c’est parce qu’il est une imitation servile de la réalité. Car l’artiste a la capacité à rendre l’illusion la plus réussie de la réalité. Cependant, les apparences du monde sensible représentent une réalité restreinte, puisqu’elles sont changeantes et instables. Elles sont une sorte de « copie » des Idées du monde intelligible. L’œuvre d’art devient donc une copie d’une copie. L’œuvre d’art représente un degré encore plus éloigné de la contemplation de la vérité. La valeur de l’œuvre d’art tient donc dans la vérité ; « conformité avec les apparences sensibles ». Mais les œuvres d’art ne sont que des copies, ce ne sont que des imitations de la nature. Alors, l’œuvre d’art détourne les hommes de la vérité, il nous en éloigne. L’art n’est qu’un divertissement trompeur qui nous éloigne des idées (République, X), c’est pour cela que l’art a une fonction d’illusion ; il est une apparence de réalité, éloigné au second degré du vrai.

Ainsi, l’enjeu de Platon est la méfiance envers l’art mimétique, il est une défaillance ontologique, celle-ci évaluée sur le critère de la vérité, ainsi que de l’irrationnel dans l’art, parce que l’art touche à des sentiments et il s’agit de la partie irrationnelle de l’âme.

Par conséquence, si l’imitation était l’objet de l’œuvre d’art, elle ne serait qu’illusion de la vérité, elle n’est que tromperie qui semble se jouer de nos sens et de notre esprit. Elle est donc proche de l’erreur et c’est pour cela que Platon condamne l’art parce qu’il n’est pas un moyen d’accéder à la vérité, lui reprochant cette facilité et cette habileté à représenter le réel parfaitement et donc de nous tromper, de nous conduire à l’erreur.

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