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L'art peut-il se passer de règles ?

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Par   •  13 Juin 2018  •  Dissertation  •  2 615 Mots (11 Pages)  •  652 Vues

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[Introduction]

On se représente souvent l’artiste comme un individu qui serait doué d’un don créatif, et dont l’activité

se contenterait de suivre le cours de son inspiration. L’art ne serait donc pas un travail, mais le résultat

d’une démarche totalement libre et spontanée réservée à quelques élus ; la création artistique serait

ainsi inexplicable, et ferait du même coup l’objet d’une admiration particulière, du fait même de l’incapacité

à en rendre raison.

Aussi se demander si l’art peut se passer de règles, c’est-à-dire si l’activité artistique peut être envisagée

comme une création indépendante de tout procédé technique et méthodique, pose le problème

de la compréhension de cette activité. La création artistique relève en effet d’une certaine pratique ; il

s’agit bien, pour l’artiste, de faire quelque chose, de produire un objet — poème, statue, musique, film,

etc. — en fonction d’un projet, à partir d’une idée première, ou plus généralement en recherchant une

cohérence propre à l’œuvre à venir. La question pose ainsi le problème de savoir, dans l’hypothèse où l’art

obéirait à des règles, si l’artiste peut dire à l’avance quel résultat donnera son activité, et de quelle qualité

il sera. Ou bien dans l’hypothèse inverse, suivant laquelle il n’y aurait pas de règles dans la création

artistique, cette question pose également le problème qui consiste à se demander si l’on peut apprendre

à devenir artiste, du fait qu’aucun enseignement réglé ne pourrait être transmis du maître à l’élève.

Afin de répondre à ces différents enjeux, il est essentiel de commencer par légitimer le lien qui est mis

en question ici entre l’art et les règles.[I]

La notion d’art, en elle-même, contient l’idée d’une activité propre à l’être humain, en ceci que relève de

l’art tout ce qui est artificiel et qui, du même coup, s’oppose à une production naturelle. Dans son sens

premier, est donc art ce qui est produit par une activité intentionnelle de l’homme. Avant donc de faire

penser à des œuvres artistiques, l’art doit plus généralement être envisagé comme une pratique donnant

lieu à la production de certaines actions ou de certains objets, voulus par un être humain. Ainsi, le mot

latin « ars » et le mot grec « teknè » sont-ils de parfaits équivalents, et signifient exactement « savoirfaire

», ensemble de procédés, métier. C’est d’ailleurs ainsi qu’on continue d’entendre la notion d’art,

lorsqu’on évoque l’art culinaire, l’art du boulanger, ou l’art du discours. Dans ces différents cas et dans

bien d’autres, l’art est donc une technique, ou un ensemble de procédés techniques, que l’on sait devoir

être efficaces. Car c’est bien l’efficacité qui est recherchée alors, c’est-à-dire l’utilité de différentes actions

considérées comme nécessaires à la production d’un effet voulu. Ainsi l’art culinaire consiste-t-il à

respecter des dosages d’ingrédients, à procéder à des mélanges, à réaliser un certain nombre de gestes

dans un ordre précis, le tout étant censé déboucher sur la production d’un plat qu’on a prévu d’obtenir.

En ce sens bien précis, on peut dire que la définition même de l’art consiste à revendiquer la fidélité à

des règles : c’est parce qu’on suit les différentes étapes de production d’un objet, que notre action sera

efficace.

Aussi doit-on admettre que dans l’art entendu plus particulièrement comme création d’œuvres artistiques,

il y a bien également cette dimension technique qui consiste à suivre des règles de production. On

parle bien en effet des différentes techniques de la peinture, par exemple : on ne peint pas de la même

manière pour faire une aquarelle, une huile, une gouache, un dessin au fusain. Une sculpture sur bois

ne se fait pas avec la même technique qu’une autre sur plâtre, sur marbre, ou sur métal. De même en

musique pour ce qui est de connaître l’art de l’harmonie, ou en cinéma pour ce qui concerne la maîtrise

des différents types de plan — champ, contre-champ, plans dits « de coupe », etc. En ce sens, il est

clair que comme on peut apprendre l’art culinaire en suivant une formation, en respectant à la lettre les

recettes de cuisine, on peut aussi apprendre les règles de la pratique artistique de son choix. La maîtrise

de l’aquarelle ou du dessin au fusain peut en effet être transmise par un enseignement ; il s’agit bien

dans ce cas d’acquérir un savoir-faire, d’assimiler quelques règles de l’habileté en procédant par étapes

successives, en respectant différentes contraintes liées aux matériaux, aux outils employés. Dès lors il

est clair que n’importe qui, par un tel enseignement, peut accéder à la maîtrise d’une activité artistique

liée à un certain genre de création.

Pour autant, il est nécessaire de distinguer une telle maîtrise, de la qualité proprement artistique de ce

qu’on est capable de produire. Le simple fait de

...

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