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L'art

Fiche : L'art. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  26 Novembre 2020  •  Fiche  •  2 221 Mots (9 Pages)  •  463 Vues

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A la fois lié à la philo et résistant à elle,

L’ART

Ouverture

  • Sur l’art contemporain : Orlan, le baiser artistique à 5 francs, 1977,
  • Sur le triomphe de l’esthétique : L’art à l’état gazeux, Y. Michaud, 2003
  • Lumni, journal de 13 h du 24 aout 2015 la destruction du temple de Baalshamin par l’EI

 Parmi les grandes violences qui peuvent être faites aux formes humaines d’habitation de la Terre, il y a la destruction ou l’interdiction des arts et des pratiques qui leur sont associées.

On ne peut bien vivre sans art. Or cette évidence de l’art et de notre besoin d’art, recouvre, non seulement une très grande variété d’œuvres et de visées artistiques, mais aussi une multitude d’équivoques :

  • on peut aimer l’art pour lui-même et pour ces motifs que l’on dit parfois esthétiques, comme s’il appelait de notre part la suspension ou même la retraite qui convient à la vie contemplative ;
  • on peut l’aimer pour ses effets, pour cette augmentation de puissance, de gaieté et de pensée mêlées, qu’il introduit dans notre vie individuelle ou collective ;
  • on peut l’aimer dans sa dimension religieuse, ou morale et politique.

Mais qu’aime-t-on au juste alors dans l’art, et en quel sens de ces termes ? Qu’est-ce que l’art ? Mot récent en ce sens, historicité du terme : avant = technique ou poésie ou visée artistique, non visée comme telle. Renaissance, Vasari, Les Vies, 1550, 1568 : la série des vies institue les beaux-arts.

Analyse

Tout d’abord, l ’art concerne la production.

« Art du jardinier/du médecin » = le métier, le savoir-faire, savoir s’y prendre dans le fait de produire. « Art » se dit en grec « Poïesis » (disposition à produire concernant un devenir). « L'art [comme disposition à produire accompagnée de règles exactes] concerne toujours un devenir […] s'appliquer à un art, c'est considérer la façon d'amener à l'existence une de ces choses qui sont susceptibles d'être ou de ne pas être, mais dont le principe d'existence réside dans l'artiste et non dans la chose produite. L'art en effet ne concerne ni les choses qui existent ou deviennent nécessairement, ni non plus les êtres naturels, qui ont en eux-mêmes leur principe. » Aristote. L’«Art » s’applique alors aussi bien aux productions artisanales que pour ce que nous appelons des œuvres.  Sans le geste de leur fabrication, les objets d’art auraient pu ne pas être.  Les objets de l’art semblent avoir moins d’autonomie que les êtres naturels car ils semblent n’exister que par l’intermédiaire d’un producteur extérieur (--> statut ontologique du contingent et de la vulnérabilité). En outre, et ils ont à la fois une existence sensible et matérielle et une réalité que l’on peut dire plus spirituelle (comme ils nous ressemblent !).        

Cependant, à l’époque de la reproductibilité technique il a bien fallu distinguer les « œuvres » des produits de l’industrie. On parle d’œuvres d’art pour signifier leur singularité : elles constituent autant de mondes à part, se suffisant presque à eux- mêmes et s’offrant à nos rêveries, à nos pensées… ; et elles sont au principe d’une ouverture constamment renouvelée sur la réalité d’un monde que nous croyons connaître et dont nous nous étonnons sans cesse. Elles sont autant d’occasion d’explorer le monde, sa beauté, sa grandeur, mais aussi sa noirceur, la présence constante de la mort et de la misère en lui.

Cela exprime aussi bien la complexité de l’art et son irréductible pluralité, que la difficulté que nous avons à penser la part d’expérience, de sens comme de non-sens, que nous lui devons. Chaque œuvre, dans sa singularité, comporte une part de mystère : cf. Schopenhauer : « Plus l'homme est inférieur par l'intelligence, moins l'existence a pour lui de mystère. Toute chose lui paraît porter en elle-même l'explication de son comment et de son pourquoi. » (a contrario, le texte de P. Chamoiseau).

Problématisation

Comment éviter que le discours sur l’art ne sombre dans l’insignifiance en demeurant extérieur à la vérité des œuvres d’art ? Non pas quid facti mais Quid juris ? Cette distinction formulée en latin : quid facti, qu'en est-il du fait, et quid juris, qu'en est-il du droit. Suis-je (le philosophe) légitime à traiter de l’ART ? Comment faire pour parler de l’art ? surtout si l’on a la prétention de dire la vérité et de rassembler la diversité des phénomènes sous l’unité d’une même Idée (Platon) ? A la fois lié à la philosophie et résistant à elle… l’art semble difficilement résorbable dans un discours théorique.

Ecoutons un artiste : Patrick Chamoiseau,  

MEDITATIONS AUPRES D’ERNEST BRELEUR.

« L’impulsion que l’on éprouve devant une œuvre […], c’est de tenter l’explication.

Laisser bouger les lignes. Différer l’explication. L’œuvre importante, parce qu’elle est importante, déplace les lignes de notre réel. Elle met à mal nos certitudes. Certitudes qui nous permettent de vivre et qui nourrissent notre idée du beau, du vrai, du juste, du pertinent, du bienfaisant… Le besoin d’explication nous vient alors dans un réflexe.

Vouloir expliquer c’est comme une crainte en face de la déroute. Comme la mobilisation pulsionnelle d’une assise quand la tempête se lève. L’explication enlève les plis et les ombres, et supprime l’épaisseur. L’explication a ceci d’invalidant qu’elle nous permet de rester inchangés, de ne pas livrer notre imaginaire à l’aventure de l’œuvre. De ne pas se grandir d’elle, ou grandir avec elle. L’explication qui ne sait pas se taire est souvent une facilité, au pire une pauvreté.

Devant l’œuvre, ne pas demeurer inchangé. »

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