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Est-il-légitime qu'une oeuvre d'art fasse l'objet d'un échange marchand?

Dissertation : Est-il-légitime qu'une oeuvre d'art fasse l'objet d'un échange marchand?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2018  •  Dissertation  •  1 668 Mots (7 Pages)  •  2 439 Vues

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Breton Antoine                                                                                                T°S2

Philosophie:

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La notion de légitimité renvoie au pouvoir judiciaire, et donc à une question de morale. Le sujet demande ainsi s’il est correct et juste d’échanger une œuvre d’art en échange d’argent. Une œuvre d’art est un résultat, un produit de l’art, qui présente certaines caractéristiques propres à elle, qui amènent à l’idée de création, de recherche, et de plaisir esthétique.  Enfin un échange marchand est un échange dont:
l’un des termes est un service rendu ou une propriété, et l’autre terme est, en contrepartie, une quantité de monnaie. C’est en quelque sorte une forme d’achat. L’échange est basé sur une réciprocité entre les deux consommateurs : c’est donc contraire au vol, ou au don, qui, dans les deux cas, la réciprocité n’est pas respectée. Pour que l’échange soit juste, c'est-à-dire on reçoit autant que ce que l’on donne, il faut définir la valeur de l’objet. Or certains objets échappent à ces échanges, du fait de leur nature : les hommes peuvent-ils s’échanger par exemple ? La problématique posée revient à se demander si l’œuvre d’art, par sa nature, échappe au principe de l’échange.
 D’un côté, on peut considérer que l’art doit échapper aux lois du marché et aux échanges, dans la mesure où sa spécificité est d’être désintéressée, puisqu’il vise le beau et rien d’autre. De l’autre côté, on peut avancer que l’art étant une forme de travail, il peut faire l’objet d’un échange, et qu’il serait donc juste que l’artiste puisse « vivre de son art ». Mais, dans ce cas, comment mesurer objectivement la valeur du beau et comment lui attribuer une valeur « monétaire » ?

Premièrement,  l’œuvre d’art ne doit pas faire l’objet d’un commerce et  échappe par sa nature aux lois du marché et du travail. L’art, sous toutes ses formes, se distingue en effet d’un métier ou d’un travail. Kant remarque que l’œuvre d’art est une activité non contrainte, au contraire du métier, qui est une activité désagréable et qui n’est attirante que par son effet (le salaire) et qui par conséquent peut être imposée de manière contraignante. L’art ne peut être contraint à quelqu’un. Il est synonyme de liberté, puisque l’artiste représente des expressions, sensations qui sont propres à son esprit. Dans le cas où on imposerait à l’artiste un point de vue, une manière de pensée, il y aurait un décalage entre l’œuvre et la pensée. Tandis que le travail, lui, peut tout à fait être imposé, puisqu’il résulte d’un effort physique, parfois non réfléchi. L’esclavagisme expose bien cette idée : les esclaves sont forcés à accomplir une tâche contre leur gré, qui ne nécessite pas d’effort mental. Ainsi, l’art se différencie du travail, et ne respecte pas les lois du marché du travail. Aussi, une œuvre d’art est universelle, elle n’a pas de limites. Même les premières traces d’art, au temps préhistorique, sont encore reconnues mondialement : les grottes de Lascaux, qui présentent des motifs, font l’objet de nombreuses visites. Une œuvre d’art est illimitée, dans le sens où l’on peut représenter tout ce que l’on veut à travers celle-ci. Du fait de ses caractéristiques, l’art n’est pas fait pour être censuré. Or, les tableaux vendus à très fort coût sont destinés à être protégés plus qu’exposés. Le Salvator Mundi, toile de Léonard de Vinci, a été vendue aux enchères pour 450 millions de dollars par un particulier. A ce prix là, l’œuvre est plus un investissement d’argent qu’un quelconque intérêt pour l’œuvre en elle-même. Le sens premier de l’œuvre d’art est donc détourné, et donc non légitime. L’art est destiné à être vu par tous, avec un but précis : la recherche du beau. C’est une création par l’artiste, qui exprime ses sentiments à travers des moyens matériaux, pour nous faire passer des émotions, sensations, idées. L’art n’est donc pas destiné à quelqu’un, mais à tous. Ainsi vouloir commercialiser une œuvre, c’est rendre cette œuvre dans le domaine privé, c’est le cacher de son public, c’est en quelque sorte un détournement. Au contraire d’un objet artisanal, issu d’un métier, l’œuvre d’art n’a pas de vocation utilitaire : elle est une fin en elle-même. D’après Georges BATAILLE, dans sa définition de « La notion de dépense », l’art fait parti d’un mode de consommation qui apparaît avec les désirs développés par l’individu, désir qui n’est pas nécessaire à la survie. Ce genre de consommation illustre la notion de dépense, puisque l’individu ne va pas avoir d’apport matériel concret. Le travail ne s’intègre pas dans ce domaine, puisqu’il va produire des objets, concepts concrets. Le travail se détache donc de l’art, mais dans le cas où une œuvre viendrait à être vendue, comment peut-on définir une valeur objectif de l’œuvre ? La valeur d’une œuvre ne peut pas être définie avec les mêmes critères qu’un objet issu du travail. La valeur de ce dernier est définie en fonction des matériaux utilisés, du temps passé à la réalisation. Une œuvre admet un autre aspect : le sens de l’œuvre est un critère qui ne peut être objectif, puisque chaque individu interprète l’œuvre différemment. Ainsi de la pensée de l’artiste émergent plusieurs interprétations, qui sont parfois très différentes. Ainsi dans le tableau La Vierge, l’Enfant Jésus et sainte Anne de Léonard de Vinci, le philosophe Sigmund Freud justifie  l’homosexualité de l’artiste à travers un motif    d’aigle caché dans  le  tableau. Cette interprétation a été très controversée, puisque chacun interprète et analyse       l’œuvre en fonction de sa personnalité, de ses croyances.                                                                                        

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