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Art et ironie

Dissertation : Art et ironie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  20 Mars 2022  •  Dissertation  •  3 188 Mots (13 Pages)  •  371 Vues

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Colle de philosophie : Art et ironie

 « Ironie, vraie liberté !», s’écrie Proudhon au fond de sa cellule de Sainte-Pélagie, après avoir été condamné pour attaque contre le droit et le président, notamment parce qu’il dirigeait des journaux socialiste se moquant du président, avec par exemple des caricatures.

Cela peut amener à s’interroger sur le rapport entre art et ironie, puisque les deux sont capables de coexister, comme le montre l’existence des caricatures. Tout d’abord l’art a pris plusieurs sens selon les philosophes, mais si on se limite à son sen étymologique on voit que le mot vient à la fois de « ars » en latin, l’art au sens de productions artistiques et « technè » en grec, c’est-à-dire la technique au sens de savoir-faire. On retiendra ici plutôt la première définition, puisqu’on interrogera principalement le rapport entre Art, au sens d’objets artistiques, de productions visibles par tous et ironie. Il nous faut par ailleurs également définir ce concept. L’étymologie d’ironie vient du grec eirônia, qui signifie l’action d’interroger. Une définition plus actuelle du terme serait cependant la suivante : manière de railler, de se moquer en ne donnant pas aux mots leurs valeurs réelles ou complètes ou en faisant entendre le contraire de ce que l’on dit.

Ainsi on peut alors s’interroger sur ce rapport entre art et ironie, l’art pourrait-il être un moyen d’interroger, de réfléchir ? de faire réfléchir en se moquant de manière détournée ? L’art pourrait-il représenter des aspects du monde de manière détournée pour s’en moquer et donc faire prendre conscience aux spectateur d’une réalité de son monde ? On peut alors se demander Dans quelle mesure l’art aurait-il une fonction d’interrogation, de remise en question du monde, de la société, en se moquant de manière détournés de certains aspects de celle-ci?

Tout d’abord, on défendra l’idée que l’art pourrait interroger le mode de vie humain, la société humaine via son détournement, sa caricature. Cependant, on pourra se demander si cela est nécessairement conscientisé par l’artiste et si l’interrogation du monde ne naitrait pas dans le regard du spectateur contemplant l’œuvre. Toutefois, cette recherche de fonction de l’art dans l’ironie pourra questionner la nécessité ou non d’une fonction de l’art, et son existence même.

Cette question prend par ailleurs sa source dans la philosophie esthétique, et interroge les concepts d’art, mais également d’utile, de beau et d’universel. On pourrait également interroger la place du spectateur dans l’art. Une œuvre est-elle même une œuvre si personne ne la voit ? Peut-on faire œuvre sans vouloir qu’elle soit vu ?

  1. L’art comme interrogation du mode de vie humain, de la société humaine via son détournement, sa caricature

  1. Thèse : Jankélévitch : L’ironie comme moyen de faire prendre conscience à autrui de ses propres erreurs. (dans : l’ironie, 1936)

Argument : dans l’ironie de 1936, voici ce que Jankélévitch explique : L'ironiste dit autre chose que ce qu'il pense, mais, à la différence du menteur et de l'hypocrite, il fait comprendre autre chose que ce qu'il dit. L'ironie est donc une feinte. il s'agit par ce détour de faire apparaître à l'ironisé ses propres erreurs et ses propres scandales afin qu'il en prenne lui-même conscience. L'ironie peut donc être logique et relever les contradictions du discours. Elle peut aussi être éthique et surenchérir sur un scandale de sorte que celui-ci devienne intenable. L'ironie est par conséquent un art, non de vaincre, mais de persuader. En ce sens l'ironie contourne l'obstacle : elle ne combat pas son sujet de front mais le montre à lui-même tel qu'il est afin qu'il s'amende.

Exemple et retour à l’argument : Prenons un exemple qu’il me semble chaque personne ayant été adolescent saura reconnaître. Il nous est tous arrivé de dire « Maman je voudrais ceci, tout le monde au collège en a un. ». Ce à quoi certains parents répondaient «  et si tes amis sautaient d’un pont, tu le ferais aussi ? ». Bien que la portée pédagogique de cette réponse est discutable, on peut cependant voir qu’elle correspond à la définition de l’ironie selon Jankélévitch : le parent surenchérit sur l’attitude de l’enfant, sans pour autant penser que celui agirait forcément comme cela, pour lui faire comprendre que le fait qu’il ait envie de tel ou tel objet n’est que le fait d’une pression de groupe.

  1. Thèse : Il serait possible alors d’appliquer cela en art, pour faire réfléchir ou s’interroger le spectateur sur la société via son détournement

Argument : si l’ironie selon Jankélévitch est donc une feinte, en cela qu’elle dit autre chose que ce qu’elle pense pour faire comprendre autre chose que ce qu’elle dit et cela pour faire apparaitre les erreurs ou les scandales de la personne à laquelle elle s’adresse, il semble que l’art puisse le faire également. En effet, l’artiste peut très bien prendre un aspect de la société et le pousser à son paroxysme, ou bien encore le détourner, tout en ne pensant pas exactement cela mais bien pour mettre en valeur un aspect spécifique de la société.

Exemple et retour à l’argument : prenons par exemple une œuvre de Duane Hanson, « supermarket lady ». Cette sculpture hyper réaliste représente une femme grosse, américaine selon l’artiste, faisant ses courses. Son caddie est plein, et déborde même de malbouffe. Avec cette œuvre, Duane Hanson fait une caricature de la femme américaine des années 60. Il ne pense bien évidemment pas que toutes les femmes américaines sont comme cela, il caricature juste un modèle et cela pour en mettre en valeurs les dérives de la société de consommation, non pas pour critiquer la femme américaine. Ainsi, cela fait s’interroger le spectateur sur le monde qui l’entoure et ses failles, via donc une œuvre d’art ce qui montre bien que l’art peut faire preuve d’ironie.

TR : seulement, l’ironie dans l’art ne peux elle pas être à destination de l’art lui-même ?

  1. Thèse : Ou même pour provoquer une auto réflexion de l’art et de son système

Argument : En effet l’ironie peut être un procédé que l’on s’applique a soi pour mettre en valeur ses propres erreurs. C’est par exemple le principe de l’auto dérision, qui consiste à se moquer de soi. Par exemple, on peut mettre en valeur par l’humour une erreur que l’on a faite, non pas parce que l’on pense que cela est drôle mais bien pour se rappeler de ne pas le refaire. Ainsi, est-ce que l’artiste ne pourrait pas user de l’ironie pour mettre en valeur les failles de l’art et provoquer une réflexion sur le système dont lui-même fait partie ?

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