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Puis-je me connaître moi-même ?

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Par   •  6 Mars 2022  •  Dissertation  •  3 545 Mots (15 Pages)  •  530 Vues

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Puis-je me connaître moi-même  ?

La connaissance de soi-même  semble être, selon les dires populaires, la solution à tous les maux de ce monde. A l'instar de nos contemporains, Socrate (à travers l'oeuvre de Platon) s'approprie cette phrase inscrite sur le temple de Delphe: "Connais-toi toi-même" qui invite l'individu à l'introspection afin d'accéder à l'universel par le singulier dans notre quête de vérité. Nous, êtres finis, pensons nous connaître, c'est-à-dire  avoir des connaissances présentes à l'esprit sur la nature d'un objet ou d'un phénomène abstrait ou concret, nous-même; ce "moi", c'est-à-dire notre être dans sa globalité et sa réalité empirique, qui fixe notre individualité au sein de la diversité humaine. Le fait que je me connaisse paraît être une évidence: c'est "moi" qui vit à travers l'expérience, et, étant doté de raison, j'ai possibilité de m'examiner perpétuellement. J'ai conscience d'exister et c'est aussi cette conscience de moi qui me permet de rendre compte de ce qui, chez moi, est différent d'autrui par la comparaison, donc de mon unicité. Toutefois, je ne peux me connaître moi-même intégralement, sinon comment expliquer les moments où je perds conscience de mon environnent et de moi-même sinon que par un subconscient à l'origine de mes pulsions en tout genre? En outre, j'évolue également à travers le temps, mes convictions, mon enveloppe corporelle, mes idées influencées par mon vécu au sein de l'expérience modifient mon identité constamment, l'altérabilité étant inhérente à la nature humaine. L’introspection est-elle réellement objective si le moi est à la fois sujet et objet de son questionnement? Si s'appliquent sur moi des changements au fil du temps, quel est l'élément qui persiste et me permet de me définir en tant que "moi-même"? Dans quelle mesure est-il important de se connaître soi-même? Mais surtout, qu'est-ce que se connaître et pourquoi vouloir se connaître? Il s'agit ici de se questionner sur l'étendue de notre capacité d'introspection et ses limites mais aussi sur ce qui définit ce que nous appelons "moi". Dans un premier temps, nous verrons ce qui explique pourquoi nous avons l'impression de connaître notre être dans sa globalité puis nous montrerons pourquoi cette connaissance est biaisée. Enfin, nous montrerons comment parvenir à une meilleure connaissance de soi-même.

En premier lieu, il me semble évident que je connais mon être dans sa globalité.

Se connaître est une nécessité: quand Aristote expose dans le premier volume de Métaphysique la nature savante, "tout homme désire par essence savoir", il affirme que chaque individu est poussé par l'amour du savoir dans une quête de vérité. Or, le pilier de la quête de vérité est la réflexion sur soi-même, l'introspection. Cette curiosité permanente, cette volonté de savoir, se manifeste tout d'abord par le besoin de se connaître, de se définir et de s'appréhender. La connaissance de soi pour mieux connaître le monde, pour parvenir à la vérité ou, du moins, d'évaluer et d'adhérer ou non à une idée par la suite (Simone Weil, "La notion de valeur est au centre de la philosophie"). L'introspection facilite la reconnaissance de ses propres déterminismes, une prise de conscience qui rend possible la remise en question et le doute nécessaires à la recherche de toute vérité. Par extension celle-ci permet de mener une vie en cohérence avec ses idées, ses convictions et éviter de tomber dans l'incohérence, la confusion et l'égarement de soi par des discours qui ne sont pas en accord avec mon être. En un sens, cette connaissance que nous avons du monde, nous la devons à notre connaissance de nous-même ce qui prouve que, si nous sommes capable de mettre notre "moi" de côté lors de recherches sur la vérité afin d'éviter les interférences des sens, alors notre représentation de notre "moi" est possible.

Tout d'abord, se connaître c'est avoir conscience de ce qui nous constitue en tant qu'être humain et en premier lieu,  le premier objet de notre personne perçu par autrui: notre corps. Il s'agit de la principale couche matérielle de notre être, soumise à un déterminisme biologique et donc à des causes extérieures au premier abord (nous ne sommes pas engendrés nous-même à l'image d'une quelconque divinité, par exemple). En effet, mon expérience constante de moi-même me permet d'appréhender au plus proche de la réalité celui-ci. Mes perceptions proviennent de ce support qui sert de réceptacle à mon esprit. Connaître son corps c'est concevoir celui-ci dans l'espace, sa forme mais aussi être en capacité de décrire ses caractéristiques génétiques. Enfin, connaître son enveloppe charnelle c'est aussi avoir conscience de ses limites, notamment par la perception de la douleur (dans le cadre d'une activité physique par exemple). Je subit l'expérience de mon corps en permanence, en ce sens on peut dire que je le connais, que les caractéristiques qui le définissent me sont présentes à l'esprit et que je le conçois mieux que quiconque.

Ensuite, j'ai conscience de ma deuxième composante: mon esprit, la partie immatérielle de mon être douée d'activité psychique. Mon esprit est à l'origine de la part principale de mon identité, non biologique, fondée sur mes convictions, mes doutes, mon caractère lui-même influencé par mes émotions, et plus largement mes idées.  Les hommes sont également capable de déterminer quelles émotions se manifestent chez eux dans une situation donnée avec certitude. Sans conscience de mon esprit, tout ne serais que perception sans compréhension et vie mécanique chez moi. Je serais incapable de m'orienter en politique, social, incapable d'avoir mes propres croyances religieuses et même incapable de mener à bien un résonnement scientifique, la raison étant une composante de l'esprit. Je ne serais incapable de m'orienter vers quelque valeur que ce soit. Connaître son esprit c'est donc avoir en tête ses idées personnelles qui mènent à son identité profonde. De plus, connaître son esprit c'est également connaître ses compétences cognitives et déterminer notre possibilité d'atteindre un objectif. Connaître son esprit c'est avoir conscience de ses pensées, de ses volontés qui favorisent la prise de décisions et d'actions. Si je n'avais pas connaissance de mon esprit, je serais inerte ou me dirigerais au sein de l'expérience par la pression des actions extérieures.

Enfin, la connaissance de son être, tel que les caractéristiques corporelles et biologiques mais aussi l'esprit, découlent de la conscience elle-même. Cette conscience, inhérente à l'être humain, permet de savoir que je suis. Je peux me connaître moi-même grâce à cette faculté de percevoir les changements et de les assimiler, de rendre compte ce qu'il se passe en moi mais aussi en dehors de moi. Dans le cadre de l'introspection, c'est-à-dire réfléchir sur soi-même, cette conscience permet de réaliser et concevoir mon être. Ma vie durant, cette conscience de moi-même me permet de former une unité par tout le spectre des états multiples (provenant de causes extérieures) que je vis, cette perception est toujours mienne et rend possible le fait de me définir en tant que "moi". La conscience est une évidence, un principe primitif de la philosophie qu'il est compliqué de définir, équivalent aux axiomes en mathématiques. On peut ici, faire référence à Descartes partisan de la validité de l'évidence intellectuelle, dans Discours de la méthode, qui par le doute méthodique se propose de rejeter tout ce qui est sujet au doute pour trouver la vérité première et donc par conséquence permettre l'introspection comme départ à toute quête de vérité:"Je pense donc je suis" qui permettrait de certifier l'ipséité du sujet. En outre, la conscience peut-être vue comme une capacité de représentation consciente de nous-même mais également de notre environnent, elle est donc le moteur de notre recherche perpétuelle de vérité: la conscience, inhérente à notre être, émane de nous-même et dont le premier degré est l'introspection qui par la suite nous ouvre au monde. C'est la conscience de soi qui permet de se définir en tant que "moi" unique toute ma vie; la conscience permet de rendre compte de soi, en quelque sorte une représentation de moi-même. Conséquemment je sais ce que je suis, donc j'ai connaissance de moi-même.

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